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du 7 février 2019 au 8 février 2019
Les manuscrits dorénavant conservés à la BNF permettent aux chercheurs de découvrir certains éléments de la genèse des œuvres publiées. De plus, de nombreux cahiers et dossiers préparatoires, dont certains relèvent des activités professorales, éditoriales ou encore audio-visuelles de Michel Chaillou, ont également été conservés par la famille ; on y découvre le continu organique de l’ensemble de ces activités. Il est temps maintenant de les ouvrir et d’y voir à l’œuvre toujours recommençante « l’écoute intérieure ». Alors que le tournant archivistique est maintenant considéré dans les sciences humaines, la pratique spécifique de Chaillou des carnets et cahiers aux archives sonores et visuelles peut certainement nous aider à articuler des régimes d’historicité pluriels de son écriture en rapport direct aussi bien avec le goût de l’archive, au sens d’Arlette Farge, qu’avec un renouvellement des pratiques archivistiques, à la manière d’un Philippe Artières, pour faire histoire autrement.
De Montaigne à l’enfance nantaise, de Mirabeau à la seconde guerre mondiale, de l’Astrée au guide pédestre du XVIIe siècle, sans oublier les 24 volumes de la collection « Brèves littérature » qu’il a dirigée de 1990 à 1996, l’activité protéiforme de Michel Chaillou relève d’un racontage généralisée qui recommence toutes les histoires à ne jamais les finir pour que s’entretiennent non des itinéraires balisés, des généalogies assurées mais des historicités toujours mobiles, des points d’écoute jamais vraiment entendues. On considérera donc qu’avec Michel Chaillou, l’histoire de la littérature se voit largement contestée dans ses attendus traditionnels tout en étant renouvelée considérablement au moment même où le structuralisme voire même Roland Barthes, son directeur de thèse, n’entendaient pas forcément « la conversation éternelle des auteurs des siècles passés » dans le « vaste roman de la littérature » qu’ambitionnait Chaillou.
Chaillou aimait parler de « prose courante » et quand il écrit sur la France, la voilà « fugitive » ; mais il y aurait chez Chaillou une fascination pour tous les lieux qui ne savent pas où se situer autrement qu’à se voir sans cesse redevenir des expériences libres du rêve, de la digression ou des recommencements. Alors que la géographie en prise avec le « glocal », de Michel Lussault à Olivier Mongin, repense la notion de lieu au plus près des usages et des mobilités au moyen de raccordements scalaires souvent inédits, l’œuvre de Michel Chaillou n’offre-t-elle pas des explorations avec autant de points de fuite qui ne cessent de dé/re/localiser bien des expériences géographiques. On cherchera à suivre certaines lignes de reconceptualisation dans l’œuvre de Michel Chaillou, contemporaine d’un Henri Lefebvre (La production de l’espace, 1974), dans l’esprit d’une géocritique littéraire attentive, comme le propose Bertrand Westphal, à « saisir les espaces humains dans leur mouvance ».
mise à jour le 8 février 2019