Dans la lignée de ses travaux sur l’imbrication entre littérature et culture matérielle, l’équipe PEARL/Epistémè souhaite engager une réflexion sur les rapports entre la matérialité des textes et leur définition générique dans l’Europe de la première modernité.

 

On s’intéressera ainsi dans un premier temps au « mode » pastoral, ainsi nommé en raison de la souplesse formelle et stylistique qui lui permet de faire se côtoyer et bien souvent se mêler poésie, théâtre, prose, inspirations musicale et picturale. Le roman pastoral, en particulier, se caractérise par une hybridité générique qui se traduit par l’insertion de poèmes grâce auxquels l’auteur(e) teste et exhibe ses talents poétiques, mais aussi de lettres, de messages codés, etc. L’inscription matérielle du texte par la mise en abyme de ces écrits se trouve redoublée par leur histoire éditoriale, en particulier par l’ajout de « clefs » identifiant les personnages fictifs à leurs « modèles » supposés à la cour. Certaines éditions grandissent jusqu’à inclure plusieurs annexes et fins alternatives, tandis que d’autres auteur(e)s publient indépendamment la leur ou adaptent un épisode précis sur la scène. Cette incarnation du texte se matérialise également par la mise en scène de nombreux objets, tels que la houlette, la panetière ou la couronne de fleurs. À travers ces multiples métamorphoses, le « mode » pastoral transcende régulièrement les bornes de son propre texte.

 

Partant de la « chose littéraire » et des formes qu’elle revêt, cette étude des « matières pastorales » vise donc à s’étendre bien au-delà afin d’explorer la mutuelle imbrication de l’écriture et de la culture matérielle.