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Littérature et trauma : enjeux épistémologiques et politiques

du 13 décembre 2018 au 15 décembre 2018

  • Organisateur :
Hélène Merlin-Kajman : merlinhelk@gmail.com

  • Présentation :
Nos sociétés sont désormais souvent désignées comme des sociétés post-traumatique, en raison du caractère de catastrophe historique majeure du génocide des Juifs et des Tziganes durant la 2d guerre mondiale. Le traumatisme présente dans nos discours, dans notre regard sur le monde, un caractère d’évidence qu’il ne présentait pas il y a encore une vingtaine d’années, suscitant désormais notre immédiate sympathie pour celui qui l’a subi. Car le traumatisme ne désigne plus tant une blessure psychique destructrice laissée dans un inconscient individuel qu’un événement objectivement insoutenable vécu soit par un seul (accident, viol, torture, etc.) soit collectivement (tsunami, bombardement, massacre, etc.). Reconnu dans sa réalité événementielle presque indépendamment de l’histoire du sujet, le traumatisme transforme l’individu qui l’a subi en victime disposant de droits à la réparation, qu’elle soit thérapeutique, symbolique, économique, judiciaire, politique, ou tout cela à la fois.

La centralité historique des traumatismes a justifié aux USA la création des « trauma studies », qui s’intéressent essentiellement à la manière dont les œuvres littéraires s’emparent du traumatisme comme objet de représentation ou d’expression. Parallèlement, on assiste actuellement aux USA à une demande, provenant des étudiants, de « trigger warning » : c’est-à-dire d’avertissement de la part des enseignants de la présence d’éléments à potentiel traumatique dans les œuvres qu’on leur demande d’étudier ou qu’on évoque en cours.

A la lumière de cette pratique pédagogique récente dont on essaiera de retracer les causes, le colloque voudrait prolonger et approfondir la perspective des « trauma studies » en deux directions, la première épistémologique, la seconde, anthropologique et politique :

- d’une part, en revenant, aussi précisément que possible, à la (ou aux) définition(s) psychanalytiques du trauma, pour envisager le rapport entre trauma et littérature sous tous ses aspects, sans se contenter de la définition événementielle du traumatisme. On se demandera notamment si la littérature est toujours liée à du traumatique, y compris dans ces aspects les plus « heureux » (comédie, poésie lyrique, merveilleux narratif, etc.)

- d’autre part, en se penchant sur la dimension anthropologique du trauma, pour s’interroger sur les pratiques culturelles qui ont une visée thérapeutique (cf. le chamanisme étudié par Lévi-Strauss) ; ou, à l’inverses, sur les pratiques culturelles paniques : comment situer la littérature parmi elles ?

De là, on se demandera si la pratique du « trigger warning », quoique que relevant d’un souci thérapeutique (ou de réparation politique), ne constitue pas en fait une communication traumatique risquant de déboucher sur des pratiques politiques de type panique.

Type :
Colloque / Journée d'étude

mise à jour le 31 mai 2018


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