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Littérature et cosmopolitisme : quels enjeux politiques et sociaux ? (XVIIIe-XXIe siècles)

du 26 mai 2016 au 27 mai 2016

Organisateurs : Guillaume Bridet, Xavier Garnier, Sarga Moussa et Laetitia Zecchini
UMR 7172 - Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (THALIM)

Présentation

Lorsqu’on le rapporte à la vie littéraire, le cosmopolitisme a longtemps été associé aux pratiques élitistes d’écrivains socialement privilégiés. Les cercles littéraires cosmopolites sont volontiers perçus comme des espaces mondains ouverts à des contacts certes internationaux mais très sélectifs et socialement fermés. Écrire du point de vue du monde entier supposerait ainsi un dégagement « par le haut » qui éloignerait le cosmopolitisme littéraire des mouvements littéraires plus concernés à la fois par les enjeux politiques des nations et par les enjeux sociaux liés à la condition des classes populaires. Si on ne peut opposer de manière simpliste l’entre-soi cosmopolite des élites à l’ouverture internationaliste des classes populaires, il n’en reste pas moins que les conditions politiques et sociales du cosmopolitisme ont été pendant longtemps peu problématisées et considérées avec une forme d’évidence. Il a fallu attendre les années 1990 et surtout les années 2000 pour que, au sein des études postcoloniales, se développe une réflexion sur la possibilité d’un « cosmopolitisme d’en bas » (Arjun Appadurai) ou d’un cosmopolitisme « vernaculaire » (Homi Bhabha), c’est-à-dire d’un cosmopolitisme qui ne serait pas le fait de l’élite mais qui trouverait son origine dans des milieux sociaux défavorisés à des degrés divers. C’est ce cosmopolitisme-là dont nous aimerions interroger l’existence dans et par la littérature. Si les auteurs relevant d’un cosmopolitisme élitiste constituent bien une réalité avérée (qu’on pense par exemple à Valery Larbaud ou à Paul Morand, à Rabindranath Tagore ou à Jorge Luis Borges), qu’en est-il des auteurs qui pourraient relever de cet « autre » cosmopolitisme ? Peut-on en identifier certaines figures privilégiées (colporteurs, intellectuels militants, écrivains de la bohème, hobos, etc.) ou certaines pratiques particulières (par exemple de multilinguisme, de performance, d’orature, de traduction) ? Certaines conjonctures sont-elles également favorables à leur apparition (luttes sociales, temps de guerre, résistance nationale) ? Et comment cette interrogation sur un cosmopolitisme « par le bas » vient-elle interroger les frontières mêmes du littéraire ? Loin des salons mondains et des hôtels de luxe, on s’intéressera aussi aux lieux de pèlerinage et aux caravansérails, aux villes portuaires et aux cafés de la bohème, aux camps de transit ou aux foyers de travailleurs migrants dont on peut penser qu’ils sont propices à l’invention de pratiques et de créations cosmopolites alternatives, irréductibles à l’ethos des classes privilégiées. La conscience ou la nécessité du contact entre les nations ou les peuples, la relation au divers, l’hospitalité, mais aussi la dimension conflictuelle qui découle parfois de ces contacts, peuvent témoigner d’une conscience politique et sociale dont la littérature saurait à la fois capter, révéler et activer le potentiel cosmopolitique. Comment la littérature peut-elle nous aider à repenser le monde d’une façon cosmopolite qui ne soit ni univoque ni déracinée et qui nous permette d’interroger les frontières culturelles, politiques et sociales au sein des différents espaces nationaux ?


Type :
Colloque / Journée d'étude

mise à jour le 11 janvier 2016


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