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du 13 juin 2018 au 14 juin 2018
Les connotations musicales de la métaphore sont évidentes, et mériteraient d’être resituées dans l’histoire : notamment dans la tradition des références à la lyre et dans l’imaginaire de la « musique des sphères », pour comprendre ce qu’elle leur doit et comment elle s’en distingue.
Mais indépendamment de ses contextes d’apparitions historiques, et notamment de celui, matérialiste, de l’homme sensible tel que le concevait Diderot au XVIIIe siècle, il nous semble que la métaphore a gardé toute son actualité pour caractériser le rapport esthétique qui s’établit entre créateur et récepteur d’une œuvre d’art. La « corde vibrante » de l’art désignerait la capacité de l’œuvre à éveiller l’« attention affective » du récepteur, qui recueille « l’intentionalité » artistique pour prolonger et transformer l’effet de l’œuvre, ne fût-ce que sur le mode d’une rêverie passagère, selon les catégories de « l’œuvre de l’art » théorisées par G. Genette.
En fait, la métaphore présente l’intérêt de penser ensemble, de manière dynamique, les trois dimensions constitutives de la relation esthétique – l’œuvre, l’artiste et le récepteur –, en les plaçant sous le signe de l’écoute et de la résonance, toute intérieure et invisible, qui se produit devant une œuvre d’art. Cette perspective engendre une série de questions et de problèmes, auxquels le colloque voudrait tenter de répondre :
- En ce qui concerne l’œuvre d’art elle-même, si l’œuvre est l’espace d’une relation comprise comme mouvement, comme traversée, y a-t-il une rencontre de l’artiste et du récepteur à travers elle, et comment ? Et si cette œuvre est traversée de vibrations, d’une énergie créatrice et réceptrice, est-elle un objet matériel, tangible ou visible de cette traversée, ou doit-on la concevoir à partir d’une forme de « transcendance » qui peut être très différente de l’objet même de l’art ?
- Du côté de l’opération de production de l’œuvre, c’est-à-dire de l’activité artistique, si l’œuvre est une vibration qui produit un frémissement, une émotion sensible, comment cette résonance est-elle mise en place : à partir de quels matériaux ou de quelle « disposition » d’esprit de l’artiste ? La métaphore diderotienne de l’artiste comme un « instrument de musique » est-elle valable pour toutes les formes d’art, ou le poète seul est-il cette « corde tendue » comme se l’éprouvent nombre d’artistes aujourd’hui?
- Enfin, à l’autre bout de la « corde » de l’œuvre, du côté de la réception de l’œuvre, si la relation esthétique est de l’ordre de l’écoute, comment les sens (vue, ouïe, toucher, odorat) qui sont éveillés par une œuvre d’art interfèrent-ils ? Sont-ils ensemble opérateurs d’une écoute de l’œuvre, ou peut-on y distinguer une hiérarchie ? Et cette écoute est-elle la même selon les différentes formes d’art auxquels on a affaire : peinture, littérature, danse, cinéma, ou musique elle-même ? Autrement dit, peut-on écouter les couleurs de la peinture de la même façon qu’on peut ressentir la vibration des sons ?
Ces questionnements que nous ne considérons pas ici comme exhaustifs ont pour but d’étudier les profondeurs et résonances de la relation esthétique qui s’établit entre les récepteurs tant anciens que modernes, et l’art, d’hier ou d’aujourd’hui.
Fondation Singer-Polignac
43 Avenue Georges Mandel
Paris 16ème
mise à jour le 5 juin 2018