Longtemps, le Moyen Âge n’a eu aucun passé et peu d’avenir. Pris entre une Antiquité prestigieuse qu’il était censé ignorer et une « Renaissance » qui l’oblitérait, ce bien nommé « Moyen Âge » constituait, selon la forte expression d’Alain de Libera, « le trou noir de la culture européenne ». Si cette conception d’un Moyen Âge comme sorti de l’histoire nourrit encore l’imaginaire contemporain, elle a depuis bien longtemps été battue en brèche par la recherche. Maintes études, en littérature ou en sciences humaines, ont démontré l’importance structurante que cette période accordait au paradigme et à la pratique active de la translatio promise à de multiples évolutions. Le présent colloque souhaiterait remettre sur le métier cette réflexion sur le rapport du Moyen Âge au passé en élargissant l’enquête à tous les domaines relevant de la production de l’art et du savoir. Quel passé, quels passés le Moyen Âge a-t-il reconnus pour siens ou a-t-il, à l’inverse, laissés dans l’ombre ? Pour définir quels présents, et au terme de quelles opérations d’opposition, de déplacement, de réinvention, de forgerie ? Ces questions ont-elles revêtu la même urgence durant l’ensemble de la période médiévale ? Ont-elles concerné de la même manière la littérature, les arts de l’image, l’histoire, la philosophie ou les sciences, si tant est que l’on puisse si nettement distinguer ces différents domaines au Moyen Âge ? Telles sont quelques-unes des interrogations qui nous occuperont lors de cette rencontre internationale, où sont appelés à se croiser les points de vue de chercheurs et de conservateurs du patrimoine spécialistes de domaines différents et