Lieu : Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, salle Bourjac, 17 rue de la Sorbnne, Paris 5e
 

Organisateurs : Mathilde Bertrand et Paolo Tortonese
EA 3423 - Centre de Recherches sur les Poétiques du XIXe siècle (CRP19)

 

Balzac s’interrogeait en 1842 sur « le difficile problème littéraire qui consiste à rendre intéressant un personnage vertueux ». Cette question a continué de se poser aux romanciers qui l’ont suivi, mais elle a globalement produit, dans le roman réaliste, le rejet du personnage vertueux, taxé d’irréalité à cause de sa fonction romanesque traditionnelle, qui était celle de donner l’exemple et donc d’édifier. Baudelaire condamne l’« hérésie de l’édification » dans les années mêmes où Flaubert cherche à expurger le roman de tout modèle positif. Plusieurs questions restent néanmoins ouvertes : cette expulsion du bien est-elle complète chez les réalistes ? Le pôle positif du récit demeurant dans le roman populaire, y a-t-il communication ou séparation entre roman populaire et roman de mœurs de haut niveau ? La question du happy ending peut être envisagée parallèlement, en songeant aux remarques des Goncourt à ce propos, à la pratique assez diversifiée de Zola, au cas Maupassant, etc. Mais il faudra également examiner la posture des écrivains catholiques à ce sujet, comme Barbey d’Aurevilly et ses disciples, puis celles des écrivains psychologues comme Paul Bourget.
 

Vers la fin du XIXe siècle, sans doute sous l’impulsion du roman russe, la question semble se déplacer : la représentation du bien est désormais considérée par certains comme une forme d’épiphanie métaphysique, qui vient s’opposer au fonctionnement rationnel et amoral de la réalité sociale, non pas selon les modalités de l’exemple édifiant qui s’inscrit dans des valeurs reconnues par la société, mais au contraire comme un scandale qui dérange l’ordre constitué de la société et de la rationalité.