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La déontologie en question(s). Enseigner, enquêter, quels enjeux ?

le 7 mars 2023

Organisation : CREDA / IHEAL
Justine Berthod – Doctorante en sociologie
Louise Cadorel – Doctorante en science politique
Ana Doldan – Doctorante en sociologie
Léa Lebeaupin-Salamon – Doctorante en science politique
Maïwenn Raoul – Doctorante en sociologie

Présentation

Dans une salle de cours comme sur le terrain, les formes de violence - en particulier  symboliques -, prises dans les rapports sociaux, les postures politiques ou encore les logiques de  pouvoir ne se cantonnent pas uniquement à des perspectives théoriques et analytiques. Que les  interlocuteur·ices sur le terrain et/ou les étudiant·e·s en soient acteur·ice·s ou récepteur·ice·s, ces  violences prennent, indéniablement, une dimension concrète, qui se noue dans les relations sociales  construites autour du travail de recherche ou d’enseignement. Elles prennent forme tant au  moment de la production que de la transmission des connaissances. Nous sommes tou·te·s,  doctorant·e·s, enseignant·e·s-chercheur·e·s, chercheur·e·s en sciences humaines et sociales,  pris·e·s dans ces enjeux multiples L'intention de cette journée est d'interroger et de proposer des  réflexions autour de la déontologie dans les différents pans des métiers de la recherche, notamment  dans l'enseignement et dans l'enquête. Ces deux axes comportent des enjeux distincts, dont les  frontières sont parfois poreuses. Dans cette perspective, l’idée n’est pas de chercher une méthode,  mais bien d’ouvrir un espace de dialogue et de partage d’expériences autour de deux facettes des  métiers de la recherche. 

Axe 1 : Transmettre des savoirs et construire une relation d’enseignement 

Les pratiques d’enseignement à l’université sont moins discutées entre membres de la  communauté académique que la conduite d’une enquête ethnographique. Pour autant, la diffusion  de perspectives théoriques et analytiques, comme celles qui portent sur les rapports sociaux de  genre, race et classe, renouvellent des questions axiologiques, autour de l’engagement des  chercheur·se·s et de la manière d’enseigner en sciences humaines et sociales. Dans un contexte où  les travaux scientifiques sont discutés et considérés comme controversés dans certains champs  politiques et médiatiques, comment se positionner sur ce qui peut parfois apparaître comme une  ligne de crête entre polémique et politique (Mazouz, Lépinard, 2019) ? En d’autres termes,  comment enseigner des sujets qui sont au cœur de débats de société (Fassin, Viveros Vigoya, 2019)  ? Si ces interrogations semblent particulièrement saillantes aujourd’hui, elles sont finalement  inhérentes à l’exercice complexe qu’est l’explication et l’objectivation de la réalité sociale au sein de  laquelle nous sommes toutes et tous pris·e·s (Fassin, 2017; Vassy et Keller, 2008). Comment parler  des rapports sociaux et des logiques de domination qui peuvent être le quotidien des étudiant·e·s  (Guiraud, Colin, 2019) ? Comment parler de race, de sexe, de classe sans brusquer, sans enfermer  ou encore sans réifier des catégories ? Comment, d’une part, mettre en lumière les mécanismes de  production et de reproduction de pouvoir et, d’autre part, ne pas construire des places de  “victimes” ou de “dominant·e·s” ? En tenant compte de ces débats, comment articuler pédagogie,  didactique et éthique ? Comment faire circuler ces savoirs en dehors des frontières académiques ?

Axe 2 : Se positionner dans l'enquête et sur le terrain 

Du terrain à la publication des données, le·a chercheur·se se trouve confronté·e à diverses  questions déontologiques, comme par exemple celles liées à sa position dans l'espace social, à sa  place dans les rapports de pouvoir, ou encore à ses convictions. L'objectif de cette table est  d'interroger la manière dont ces questions conditionnent la conduite d'une enquête  ethnographique, mais aussi d'en tirer des enseignements sur ce que les relations d'enquête nous  disent du terrain et de l'objet en lui-même (Bizeul, 2007). 

Nous invitons les participants à interroger comment enquêter quand la violence est  prégnante et à faire face aux questionnements moraux que cette violence pose et aux dilemmes  éthiques qu’elle sous-tend. Jusqu’où vouloir savoir ? Quand on évolue dans et que l’on explore  l’illégalité, il est courant d'avoir accès à des informations délicates, voire sensibles, qui peuvent  mettre à mal le contrat tacite de protection du chercheur·se envers ses enquêtés (Laurens, Neyrat,  2010; Weber, 2008). Alors, comment mener un travail empirique sans mettre en danger ses sources?  Il est également courant de rencontrer des personnes dont les trajectoires de vie sont marquées par  la précarité, la pauvreté ou des événements traumatiques. Dans ce cadre, comment accueillir la  parole des personnes en situation de vulnérabilité ? Puisque l’enquête ethnographique se base sur  un engagement dans des “relations sociales concrètes” (Ogien, 2001, p.72), comment se positionner  entre liens affectifs et risques “d’encliquage” (Olivier de Sardan, 1995) ? Dans la continuité de ces  questionnements, comment enquêter avec des personnes opposées à nos propres convictions  (Avanza, 2008) ? Comment produire des connaissances sur "l'intolérable" ? Enfin, même si la  violence ne constitue pas l’objet de la recherche en soi, elle ne peut pas être occultée et se retrouve  bien souvent dans les relations d’enquête. Cela implique de prendre en compte mettre en relief les  rapports sociaux de sexe, de classe et de race sur le terrain, ainsi que les formes de violence qui  peuvent être subies et/ou produites. Comment protéger ses enquêté·es et leurs données tout en  donnant sens aux rendant compte fidèlement des dynamiques observées ? Comment et quoi  restituer ? En abordant ces différents sujets, il s’agira alors d’interroger la coproduction de ces  rapports de domination en situation d’enquête. 




Type :
Colloque / Journée d'étude
Lieu(x) :
Campus Condorcet

mise à jour le 1 février 2023


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