La cour est sans doute l’un des aspects les plus étudiés de la royauté des premiers Plantagenêt. Particulièrement bien documentée, elle apparaît, par son fonctionnement administratif, son organisation sociale, son envergure culturelle et sa production littéraire, comme un lieu atypique dans cette Europe occidentale du XII e siècle, où le phénomène curial ne prend véritablement son essor qu’à partir du XIII e siècle. Norbert Elias avait tenté d’analyser, il y a déjà plus d’un demi-siècle, ce qui lui apparaissait comme le phénomène majeur « dans la dynamique de l’Occident », entre une Europe féodale décentralisée et la naissance des États modernes : à savoir l’émergence et le renforcement de l’institution curiale. De son côté Robert Bezzola dans les années 60 avait également posé les bases d’une analyse de la genèse de production de la littérature courtoise. Depuis, les travaux sur la cour Plantagenêt n’ont cessé de se diversifier et de s’enrichir, à tel point qu’il est parfois difficile d’adopter une démarche qui appréhende à la fois les travaux historiques, littéraires et artistiques.
À la fin des années 1990, les travaux menés au CESCM sur les Plantagenêt ont permis de faire émerger une vision plus complexe de la cour Plantagenêt, grâce aux approches sur la culture politique et de sociologie historique, intégrant en partie les travaux anglophones sur les trajectoires individuelles, collectives et les approches prosopographiques. Au même moment, du côté des littéraires, de nombreuses études, des éditions et des traductions de textes ont prospéré de manière remarquable, en s’attachant notamment à la production historiographique en latin et en languevernaculaire, inféodée de manière très étroite à la cour Plantagenêt et aux attentes et exigences des commanditaires. À la confluence de plusieurs disciplines des sciences humaines, Histoire, Histoire Littéraire, Anthropologie, théorie critique, la réflexion s’est centrée sur l’écriture de l’histoire ancrée dans une conception chrétienne : ses fondements, sa tradition, ses diverses réalisations, ses fonctions apologétique et didactique, ainsi que sa réception. Elle découvre les différents profils d’historiens courtisans, très au fait des luttes politiques et met au jour ses enjeux à la fois littéraires, éthiques et politiques qui ont favorisé l’émergence d’une historiographie tant antique que chrétienne, où la volonté d’asseoir la légitimité du présent engendre une réécriture du passé. Ces travaux ont d’ailleurs contribué à renouveler également chez les historiens et les historiennes les questionnements sur l’écriture de l’histoire dans le monde anglo-normand et Plantagenêt.
L’objectif de cette rencontre est de faciliter les approches transdisciplinaires entre histoire, histoire de l’art et littérature en proposant un bilan des travaux qui ont été effectués dans chaque discipline de manière trop souvent hermétique. Pour faciliter la multiplication des approches interdisciplinaires, nous proposons une rencontre où chercheuses et chercheurs seront invitées à dégager et présenter les thématiques qui ont récemment renouvelé le champ de leur discipline. Notre ambition n’est pas seulement de « croiser des regards » mais bien d’ouvrir un dialogue pour décloisonner les savoirs sur la cour Plantagenêt.
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