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La Circulation du film de et dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Stratégies politiques, acteurs économiques et pratiques des publics

du 8 mai 2014 au 9 mai 2014

 

Colloque international

En partenariat avec le Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient (9e édition)

Avec le soutien de : MSH Paris Nord, LABSIC EA 1803 /LABEX ICCA (Université Paris 13), CREW (Université Sorbonne nouvelle-Paris 3), IRCAV (Université Sorbonne nouvelle-Paris 3), ACCRA EA 3402 (Université de Strasbourg), Ville de Saint-Denis (Université Paris 3)

Lieux
: Cinéma l’Ecran / Hôtel de Ville de Saint-Denis

Organisatrice : Nolwenn Mingant
EA 4399 - Center for Research on the English-Speaking World (CREW)

Contact : Nolwenn Mingant


Présentation :

Examiner le cinéma au prisme d’une catégorie régionale revient toujours à délimiter plus ou moins arbitrairement un espace présupposant un ensemble de caractéristiques communes issues d’une histoire qui n’est pas nécessairement liée au cinéma. Celle-ci peut tout aussi bien relever de la politique, de l’économie ou de la culture tout en lissant les différences internes entre les pays au sein de ce bloc. Même si les contours en sont aujourd’hui plus flous, l’histoire de la région MENA (Middle Eastern et North Africa / Moyen Orient et Afrique du Nord) en fait une zone géographique où s’entremêlent enjeux économiques, religieux, politiques et géopolitiques.

Ces dernières années, les lieux, les formes et les termes du rapport au cinéma de et dans cette région se sont considérablement transformés. La montée en puissance de festivals internationaux comme celui d’Abu Dhabi depuis 2007, celui de Doha depuis 2009, ont reconfiguré les circuits dans desquels les films produits par la région sont valorisés. En dix ans, le Maroc est devenu un gros producteur de films. Diverses initiatives à l’échelle nationale et transnationale ont vu le jour. La création du Doha film Institute (Doha Film Fund) au Qatar, les appels à projet Euromed Audiovisuel I, II et III, le programme Euromed Cinémas sont autant de programmes institutionnels dont l’ambition est clairement de permettre ou de dynamiser la production d’images de soi, de promouvoir la circulation des films dans la région et au-delà, et d’accroître leur visibilité en initiant des rencontres avec des publics. Plus récemment, les révolutions dans certains pays arabes, la Tunisie, la Lybie, l’Egypte et la Syrie, ont contribué à changer l’image que des peuples ont d’eux-mêmes face à leurs gouvernements et le regard porté sur eux, ce qui suscite en retour un intérêt plus grand pour les films produits par la région. Cette reconfiguration du paysage du cinéma dans la région MENA s’inscrit dans le contexte plus vaste d’une mutation technologique qui transforme le rapport entre cinéma et audiovisuel, redéfinissant à son tour ce qu’est le cinéma et les termes de son développement à tous les niveaux de la production, de la diffusion et du rapport des publics aux films.

Malgré cette période d’effervescence, les films produits par les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont soumis à des conditions de diffusion souvent difficiles. Mal promus, mal distribués, ils restent peu connus des publics d’autant que les difficultés de l’exploitation, quand elle existe, les privent d’écrans. Or, pour être rentable, économiquement mais aussi symboliquement, il est vital que ces films circulent et soient vus. La question de la circulation des films est donc au cœur du développement de ces cinématographies.

À ce jour, les cinémas de la région MENA ont suscité des travaux universitaires principalement dans le monde anglophone (Leaman 2001, Colin-Donmez 2007, Gugler 2011), choisissant parfois le prisme régional (Malkmus and Armes 1993, Shafik 1998, 2007, Hillauer 2006, Khalil 2007, Martin 2011) mais surtout le prisme national (Sabry 1995, Austin 2012, Dwyer 2004, Carter 2009, Orlando 2011, Austin 2012, Lang 2014). Dans le monde universitaire francophone, la dimension MENA n’a pas jusqu’à récemment suscité un grand intérêt, mais quelques ouvrages sur ces cinématographies existent, qu’ils élisent un prisme régional (Berrah et al. 1981, Khayati 1996, Serceau 2004, Khalil 2007, Brahimi 2009, Caillé et Martin 2012) ou national (Devictor 2004). Dans les pays de la région, c’est le prisme du national qui domine les travaux (Jaidi 1999, 2001, Khélil 2002 & 2006, Chamkhi 2002 & 2009, Yazbek 2012, etc.), entre autres. Ces recherches se sont développées le plus souvent autour de l’analyse thématico-formelles des films, du parcours de leurs réalisateurs et du lien entre cinéma et politique.

Cette journée d’étude veut privilégier une perspective socio-économique et les enjeux à la fois, culturels, politiques et géopolitiques qui y sont liés. Aborder la circulation des films au Moyen Orient et en Afrique du Nord nécessite d’identifier, à partir des politiques publiques, des fonctionnements institutionnels, des stratégies industrielles et commerciales, l’ensemble des acteurs de la filière cinéma alors que le développement du numérique entraîne une reconfiguration des industries de la communication et de la culture. L’objectif de cette première journée d’étude est de mobiliser plusieurs approches disciplinaires sur la question de la circulation des films, mais également de proposer un regard croisé entre professionnels et chercheurs autour de plusieurs pistes. Le terme de circulation peut se comprendre de plusieurs façons : circulation des films à l’intérieur d’un marché national, la circulation des films dans la région MENA ainsi qu’à l’international, mais également circulation d’un format à un autre.

I – Circulation nationale des films dans les différents pays de la région MENA

Les pays de la région MENA ont des rapports très différents au cinéma. Une première approche consiste à mettre en perspective la circulation des films nationaux sur leurs marchés intérieurs respectifs. Il s’agit ainsi d’observer, au niveau national, la carrière des films dans leur interaction avec les cinématographies d’autres pays, notamment la relation de compétition avec les films provenant d’Hollywood, de Bollywood, de l’Europe et de la région MENA. Dans ce jeu de compétition entre différentes cinématographies, quelles sont les formes d’intervention de l’Etat ? Quels sont le rôle et les effets de la censure ? Quels sont les dispositifs réglementaires régissant la présence à l’écran de certains films ? Quels sont leurs effets? Quelles sont les stratégies mises en place par des distributeurs et des exploitants pour permettre l’accès des publics aux productions nationales ou régionales ? …

II – Circulation régionale et internationale des films de la région

Se pose ensuite la circulation des films de la région MENA au-delà de leurs frontières. Entre les films qui ne circulent pas ou guère au-delà du national, et ceux qui ne circulent qu’au-delà de la région, il existe différents types de films qui s’intègrent dans différents circuits. Quel sont le rôle et les effets des systèmes de soutien au cinéma au niveau régional ou transrégional ? De nouvelles plateformes du marché du film dans la région voient le jour, essentiellement dans les pays du Golfe : quels rôles jouent-elles pour assurer une meilleure distribution des films produits dans la région MENA ? Quel est l’impact des festivals internationaux du Moyen-Orient, du Maghreb et même de l’Afrique subsaharienne, sur le cycle de vie des films? La coproduction internationale prend plusieurs formes : quels est l’impact des coproductions « Nord-Sud » ou « Est-Ouest » (soit entre pays de la région MENA), sur la circulation des films ?…

III – La circulation des films : formats et pratiques

Le délabrement et la fermeture de nombreuses salles au fil des années, conjugués aux stratégies de certains distributeurs, a considérablement réduit l’accès des films au circuit traditionnel de salles commerciales dans la région. Ces films circulent cependant sur d’autres plates-formes : télévision, DVD, internet (VoD, streaming, téléchargement), plateformes numériques payantes. Aux accès légaux souvent limités par la censure, s’ajoute l’économie souterraine qui, on peut le supposer, facilitent l’accès à ces films. Cependant de telles pratiques rendent aussi les publics et les spectateurs disséminés beaucoup plus difficiles à cerner ? Comment la multiplication des accès aux films a-t-elle transformé les stratégies des acteurs de la filière et les pratiques des spectateurs où qu’ils soient ? Quels films sont consommés par les publics de cette région et quels films de la région MENA sont vus au-delà ?…

Le colloque sera précédé d’une demi-journée de rencontre-discussion avec des professionnels visant à mettre en lumière les modes de circulation et les réseaux qui conditionnent la carrière des films de la région MENA.

 

 



Type :
Colloque / Journée d'étude

mise à jour le 14 mars 2014


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