Comment revenir à la littérature après les atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale ? Cette question, nous avons l’habitude de l’aborder frontalement avec et à travers les auteurs d’une littérature dite de témoignage ainsi que de manière plus détournée avec le « théâtre de l’absurde ». Nous l’étudions plus rarement, cependant, à travers le prisme de la production littéraire de l’Oulipo. En effet, si l’œuvre de Perec est tôt apparue traversée par les camps et par la Shoah, ce trait a été tenu pour spécifique à Perec et à son histoire personnelle, et en aucune manière caractéristique de l’Oulipo. Or sont apparus tardivement chez Roubaud des textes (La Dernière Balle perdue, Parc sauvage) ou des passages de l’entreprise de mémoire en prose ouverte par ‘le grand incendie de Londres’ qui ont attiré l’attention sur l’importance qu’a pu avoir sur lui, issu d’une famille fortement impliquée dans la Résistance, la guerre, et en particulier l’épisode de la Libération lié au retour des rescapés des camps – parmi lesquels l’on comptait, rappelons-le, François Le Lionnais. Fort de ces constats touchant des oulipiens de la première et de la deuxième génération, l’on aimerait s’interroger sur les liens qu’on pourrait établir entre l’Oulipo et la Seconde Guerre mondiale, plus précisément peut-être l’existence des camps nazis. Si le surréalisme a découlé dans une certaine mesure de la Première Guerre mondiale, peut-on avancer que l’Oulipo, voire l’oulipisme, répond à sa manière à la Seconde ? Et plus généralement, comment peut-on reconquérir l’espace mémorial propre à la guerre avec les armes de l’inventivité littéraire ? L’on accueillera aussi bien des réflexions générales sur cette problématique que des études sur d’autres oulipiens ou des analyses de textes de Roubaud, par exemple, entretenant des liens avec cette question.