Depuis 1990 le genre policier connaît un large succès aussi bien dans le monde de l'édition que dans le goût du public italien. Cette date marque un renouveau dans la pratique du genre auquel a contribué entre autres la création du Gruppo 13 à Bologne.

L'attrait du genre policier relève d'une double instance, théorique et créatrice. La détection policière permet d'agir dans un cadre formel souvent détourné, qui se prête à une réhabilitation problématique des interrogations que le genre prend ainsi à sa charge. L'objectif de sonder le mystère, de démasquer l'opacité du réel, de pénétrer dans les non-dits de l'histoire pour en proposer une lecture dérangeante s'allie à d'autres questionnements relevant, eux, de pulsions plus subtiles, voire inconscientes. La perspective historique et herméneutique a conféré au roman policier le statut de roman de la réalité, de nouveau roman social, capable, sous le couvert de situations vraisemblables, de simuler la réalité et de la comprendre autrement.

Depuis deux décennies environ, le roman policier s'affirme de plus en plus en Italie comme le champ de toutes les expérimentations formelles grâce non seulement à l'utilisation de canaux de communication favorisant une réception plus large par le public, mais aussi à l'hybridation avec d'autres domaines de l'art (cinéma, théâtre, musique) et d'autres formes non écrites d'expression.

Ce colloque veut s'interroger sur les raisons du succès tant au plan éditorial que dans la réception des lecteurs. Un champ vaste et diversifié apparaît sous nos yeux. Il est l'expression d'une Italie moderne dont la compréhension de ses côtés obscurs et complexes semble avoir été soutenue par l'écriture de l'énigme.