Programme
9h30 - 10h00 : Réception des participants
10h00 - 10h30 : Élisabeth GABAIL-GUILLIBERT, « Le Midrash sur Job dans le traité
Baba Batra du
Talmud de Babylone 14b-16b : structure et parallèles »
10h30 - 11h00 : Philippe BLANCHARD, « Le Midrash de la création : de l’approche anthropologique à l’étude littéraire »
11h - 11h30 : Zhour MRIT, « Étude et analyse littéraire de la
Katība al-Kāmina fī man laqīnāhu bi al-Andalus mīn šu‘arā’ al-mī’a al-ṯāmina d’Ibn al-Ḫaṭīb (1313-1375) »
11h30 - 12h00 : Pause
12h00 - 12h30 : Chantal SITRUK, « Discours et silences de femmes dans la Bible hébraïque : de l’analyse littéraire à l’exégèse traditionnelle juive »
12h30 - 13h00 : Dani BITTER, « Anonymat, ambigüité, identification et détermination des origines dans les textes aggadiques des rabbins de l’Antiquité »
13h - 14h30 : Pause
14h30 - 15h00 : Hanna ARNAUVE-GERSHOVITZ, « De l’au-delà de la lettre de Y. L. Gordon à
L’au-delà du verset de E. Lévinas »
15h00 - 15h30 : Yasmine ASPARGUIS, « Les Accords d’Abraham à l’épreuve de la guerre entre Israël et le Hamas »
15h30-16h00 : Pause
16h00-16h30 : Bahaaedin IBRAHIM, « Les réfugiés syriens au Liban et en Jordanie : entre rapatriement autoritaire et séjour précaire »
16h30-17h00 : Thierno SYLLA, « Production et diffusion de la norme islamique à Roubaix et ses environs »
Résumés
Élisabeth GABAIL-GUILLIBERT, « Le Midrash sur Job dans le traité Baba Batra du Talmud de Babylone 14 b-16 b : structure et parallèles »
La séquence (sugya) du Talmud de Babylone (600-750 de notre ère), où les rabbins commentent de manière midrashique le livre de Job, est soigneusement construite. L’étude de sa structure et l’analyse des parallèles avec les sources palestiniennes permettent de dégager certaines convictions propres aux rédacteurs babyloniens. Nous distinguons trois parties qui ont chacune leur unité thématique et littéraire. La première traite de deux sujets : l’époque à laquelle Job aurait vécu et son appartenance ou non au peuple d’Israël. Elle a des parallèles dans certaines sources palestiniennes, qui l’ont probablement inspirée. La seconde partie comporte deux sections. La première est centrée sur Job, sa générosité et les bénédictions qu’il a reçues. Elle n’a qu’un seul parallèle palestinien. La seconde séquence traite de Satan et n’a aucun parallèle, alors que les traditions qui la composent sont attribuées presque exclusivement à des sages palestiniens. Elle pourrait donc être pseudépigraphique. La troisième partie comprend également deux sections. La première, attribuée essentiellement à l’amora babylonien Raba (320-350 de notre ère), interprète les discours de Job de manière négative. La seconde s’intéresse au Dieu provident. De l’ensemble de la sugya ressort une image spécifique des trois protagonistes principaux du livre de Job : Job lui-même, le Satan et Dieu.
Philippe BLANCHARD, « Le Midrash de la création : de l’approche anthropologique à l’étude littéraire »
Notre recherche porte sur le Midrash Genèse Rabba, rédigé au Vème siècle de notre ère dans la Palestine byzantine, et son commentaire du récit biblique de la création. Pour être menée à bien, elle suppose de clarifier quatre prolégomènes : I. La définition et l’origine du Midrash (date de rédaction, contexte, sources et éditions), II. L’objectif et la méthode du Midrash, III. La « morphologie » du Midrash (petiḥa, mashal et nimshal), IV. Vers une approche littéraire du midrash aggada.
Zhour MRIT, « Étude et analyse littéraire de la Katība al-Kāmina fī man laqīnāhu bi al- Andalus mīn šu‘arā’ al-mī’a al-ṯāmina d’Ibn al-Ḫaṭīb (1313-1375) »
Ibn al-Ḫaṭīb est un savant et un polygraphe andalou de Grenade, à l’itinéraire politique et littéraire très riche. Il a suscité de nombreuses controverses et a fait l’objet d’une grande attention de la part de nombreux chercheurs. Nous nous intéressons particulièrement à l’un de ses ouvrages, intitulé al-Katība al-Kāmina (L’escadron à l’affût), qui appartient au genre biographique comme al-Ḏaḫīra d’Ibn Bassām, Qalā’id al-‘Iqyān d’Ibn Ḫīlīkān ou al-Ḥulla d’Ibn al-Abbār. Notre objectif est d’apporter de nouveaux éclairages sur al-Katība al-Kamīna en privilégiant les trois aspects suivants : 1. Elle est un ouvrage biographique qui nous donne des informations précieuses sur des figures illustres du huitième siècle islamique. 2. Elle est une anthologie de poètes souvent peu connus ou pas suffisamment reconnus à leur juste valeur. 3. Elle est enfin une autobiographie qui reflète la personnalité d’Ibn al-Ḫaṭīb et enmême temps la souffrance qu’il a éprouvée quand ses anciens amis sont devenus ses ennemis.
Chantal SITRUK, « Discours et silences de femmes dans la Bible hébraïque : de l’analyse littéraire à l’exégèse traditionnelle juive »
Dans la narration biblique, les dialogues occupent une place essentielle : ils contribuent à la caractérisation des personnages et révèlent leurs relations à eux- êmes, aux hommes et à Dieu. Pour les femmes, leurs paroles constituent de véritables actes, seuls moyens dont elles disposent pour exposer leur point de vue, tenter d’agir sur les autres ou sur Dieu, alors qu’elles se trouvent, le plus souvent, en situation d’infériorité physique, sociale et politique. Mais ces discours sont parfois précédés ou suivis de silences. Certes, le silence traduit la sidération féminine devant la violence masculine, mais il n’est pas nécessairement un signe de passivité, d’infériorité ou de dépression. Il peut résulter d’un choix. À aucun moment, la prise de parole féminine n’est gratuite ou bavarde, car les interactions langagières s’inscrivent le plus souvent dans des situations de crise, qu’elles soient familiales ou collectives, que les femmes en soient les protagonistes directes ou qu’un tiers les y implique. Par leurs paroles et leurs silences, ces femmes prennent une part significative dans la résolution ou non de ces tensions. C’est ce que nous nous proposons d’éclairer, en croisant l’analyse littéraire et l’exégèse traditionnelle juive.
Dani BITTER, « Anonymat, ambigüité, identification et détermination des origines dans les textes aggadiques des rabbins de l’Antiquité »
Le texte de la Bible hébraïque est composé de trois parties : le Pentateuque (תורה), les Prophètes (נביאים) et les Hagiographes (כתובים). Il comporte des milliers de personnages. Très nombreux sont ceux qui restent dans l’anonymat, alors que 3000 personnages sont nommés. Notre objectif est de travailler à la fois sur les noms des figures bibliques et aussi sur l’anonymat dans les textes des rabbins antiques, tout particulièrement ceux qui relèvent de la aggada. Cela implique de sélectionner un corpus. Le lexique des noms hébraïques de Tal Ilan est particulièrement précieux dans cette perspective. Nous donnerons dans cet exposé un premier aperçu de notre recherche, qui est encore très embryonnaire.
Hanna ARNAUVE-GERSHOVITZ, « De l’au-delà de la lettre de Y. L. Gordon à L’au-delà du verset de E. Lévinas »
Le poème de Y. L. Gordon (1830, Lituanie - 1892, Russie), intitulé La pointe du Yod, reste l’un des plus représentatifs de l’œuvre littéraire de la Haskala, la variante juive du mouvement européen des Lumières. Paru en 1875, il porte en lui les grandes lignes du programme des maskilim (les partisans des Lumières juives), qui ont été à l’origine de nouvelles formes de judaïsme contestant le modèle rabbinique. Que nous reste-t-il de l’idéologie véhiculée par ce poème ? À la lumière des écrits de deux penseurs de l’ère moderne, Emmanuel Lévinas et Yeshayahou Leibovitz, nous tenterons de répondre à cette question.
Yasmine ASPARGUIS, « Les Accords d’Abraham à l’épreuve de la guerre entre Israël et le Hamas »
Notre thèse traite de la ratification des Accords d’Abraham par l’administration Trump en 2020 et de la création d’un axe géopolitique abrahamique visant à contrer l’axe de résistance chiite soutenu par Téhéran. L’engrenage de la guerre entre Israël et le Hamas conduit les opinions publiques arabes ainsi que les signataires des accords d’Abraham à rendre invisible leur coopération le temps que la paix revienne dans la région. Il s’agit d’une paix hautement souhaitée par l’Arabie saoudite qui voit dans la signature d’un accord israélo- palestinien le préalable indispensable à la normalisation de ses relations avec l’État hébreu. La question du « Nouveau Moyen-Orient » sera ainsi posée et examinée à la lumière du partenariat israélo-marocain et de sa mutation depuis le 7 octobre 2023.
Bahaaedin IBRAHIM, « Les réfugiés syriens au Liban et en Jordanie : entre rapatriement autoritaire et séjour précaire »
Ce projet de thèse se situe à l'intersection des études sur les réfugiés et des recherches sur la reconstruction des États après des guerres civiles. Il repose sur l’idée qu’il existe un lien substantiel entre ces deux phénomènes. Nous examinerons plus précisément la nature du pouvoir qui se reconstitue en Syrie après la guerre, en analysant les modalités du retour des réfugiés syriens installés au Liban et en Jordanie.
Thierno SYLLA, « Production et diffusion de la norme islamique à Roubaix et ses environs »
Alors que la ville de Roubaix est marquée par la pauvreté, le chômage et la hausse de la criminalité, un autre phénomène s’invite dans la réalité roubaisienne, à savoir la prolifération de l’offre religieuse islamique que différents acteurs essayent de capitaliser sur le plan local. Ces dix dernières années ont été en effet caractérisées par la diffusion des normes religieuses islamiques (surenchère sur le halal, dissémination de librairies islamiques, intolérance religieuse, voile intégral dans l’espace public…). Les entrepreneurs religieux, qui assurent la promotion de ces normes au niveau local, les perçoivent comme les composantes d’une identité islamique que tout bon fidèle se doit d’adopter, créant de fait une ligne de démarcation avec les « incroyants ». Cela intervient dans un contexte national (polémiques sur le voile, loi de 2004 sur les signes religieux ostensibles, loi de 2010 sur l’interdiction du voile intégral dans l’espace public, attentats terroristes sur le sol français depuis 2012 commis par des islamistes) et international (apparition de l’État islamique au Moyen-Orient, enlisement du conflit israélo-palestinien…) où la question de l’islam et ses dérives polarise le débat, et avive la question sur l’insertion des musulmans dans la société d’accueil.