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Journée des doctorants du CEAO 2022

le 29 septembre 2022

11h30-17h30

Maison de la Recherche de la Sorbonne Nouvelle
4 rue des Irlandais, Paris 5ème
Salle Athéna


Programme

1. Elisabeth Gabail-Guillibert, « Job et Elisha‘ ben Abuya : une comparaison de TB Baba Batra 16a et TB Ḥagiga 15a » : 11h30-12h00

2. Ghilas Aziri, « Le manuscrit de Paris, BnF, arabe 4235 du dictionnaire al-Bāri‘ d’Abū ‘Alī l-Qālī (m. 356/967) » : 12h00-12h30

3. Pause : 12h30-14h00

4. Claudine Soulard, « Récits du baptême et de la transfiguration de Jésus : l’apport du Ps 2, 7, à l’aune de la littérature juive ancienne » : 14h00-14h30

5. Hanna Gershovitz, « “La pointe du Yod” : un concept qui éclaire le rapport entre Torah écrite et Torah orale » : 14h30-15h00

6. Déborah Ackermann, « La femme dans la société juive : le témoignage des sources talmudiques » : 15h00-15h30

7. Pause : 15h30-16h00

8. Menahem Mendel Bitton, « Symboles et métaphores chez Chaïm Potok » : 16h00-16h30

9. Kheira Hassa, « Le basculement du profane au sacré dans le récit arabo-musulman du 3e au 5 e siècle de l’hégire : une approche littéraire » : 16h30-17h00

10. Shifra Jacquet-Svironi, « Comment enseigner la langue hébraïque : l’exemple de la méthode Horowitz » : 17h00-17h30.

Présentation / Résumés :

Le long midrash sur Job dans le traité Baba Batra du Talmud de Babylone (14b-16b) suscite de nombreuses questions. L’une de ces questions porte sur les raisons qui ont poussé les rabbins à commenter tel verset de Job plutôt que tel autre. Nous pensons qu’il est possible de l’éclairer partiellement à travers une comparaison entre deux séquences textuelles talmudiques (sugyot), celle de Baba Batra, 16a, qui commente Job et celle de Ḥagiga 15a, qui évoque la figure de « l’hérétique », Elisha‘ ben Abuya, surnommé Aḥer, « l’Autre ». On trouve dans ces deux séquences une phrase commune : « Tu as créé le jardin d'Eden, Tu as créé la géhenne, Tu as créé les justes, Tu as créé les méchants. » Cet élément partagé invite à se demander s’il n’y en a pas d’autres. La séquence sur Aḥer traite du thème de « l’hérésie » et des limites qui distinguent voire séparent respectivement les juifs rabbiniques, les juifs non-rabbiniques et les non-juifs. Or, ces préoccupations sont aussi présentes, avec des variantes et de manière plus discrète, dans la séquence sur Job. 

Ghilas Aziri, « Le manuscrit de Paris, BnF, arabe 4235 du dictionnaire al-Bāri‘ d’Abū ‘Alī l-Qālī (m. 356/967) »
Le manuscrit de Paris, BnF, arabe 4235 est une copie fragmentaire du dictionnaire al-Bāri‘ d’Abū ‘Alī l-Qālī (m. 356/967), ayant appartenu à un certain Ibrāhīm b. Ḥumām b. Aḥmad sur qui nous ne savons rien. En revanche, son père, Ḥumām b. Aḥmad al-Uṭrūš, a vécu à Cordoue de 357/968 à 421/1030. Il y enseignait, entre autres, la langue et la poésie et, en même temps, copiait des livres pour gagner sa vie pendant les dures années de la crise califale. Une glose au folio 22b, tirée d’un codex personnel d’Abū ‘Alī l-Qālī, laisse penser que son transcripteur avait accès aux documents de celui-ci, et montre que le manuscrit parisien provient d’un milieu cordouan privilégié. Le soin orthographique et philologique accordé à cette copie ainsi que son style graphique singulier font d’elle plutôt l’oeuvre d’un maître de langue que le travail d’un copiste scrupuleux. Même si le manuscrit ne porte ni colophon ni mention de date, le contexte de sa production ainsi que des indices codicologiques et paléographiques militent en faveur d’une datation à la fin du 4e/10e siècle voire au début du siècle suivant, comme le pensait déjà son catalogueur, le baron de Slane (1801-1878).

Claudine Soulard, « Récits du baptême et de la transfiguration de Jésus : l’apport du Ps 2, 7, à l’aune de la littérature juive ancienne »
Dans les évangiles synoptiques, il est bien connu que l’expression οὗτός ἐστιν ὁ υἱός μου (« celui-ci est mon fils ») est commune aux récits de la transfiguration et à ceux du baptême de Jésus (mais à la seconde personne du singulier en Mc et Lc : σὺ εἶ ὁ υἱός μου : « tu es mon fils »). Selon de nombreux exégètes, il s’agit même d’un renvoi explicite au Ps 2, 7 (TM : בְּנִי אַתָּה ; LXX : υἱός μου εἶ σύ). Mais il faut aussitôt préciser que, si source vétérotestamentaire il y a, elle n’est pas la seule. Dans les récits du baptême et de la transfiguration, la fin du verset repris du Ps 2,7 est réécrite, empruntant à d’autres textes de l’Ancien Testament : Gn 22 ; Is 42, 1 ; Dt 18, 15 ; 2 S 7, 14… Si ces faits sont bien connus dans le monde de l’exégèse chrétienne, il semble par contre n’exister à ce jour aucun travail détaillé sur le sens de ces mises en perspective, ni aucune étude ne s’interrogeant vraiment en profondeur sur l’apport possible de l’étude de la littérature juive ancienne pour tenter de mieux les comprendre. Je souhaite donc, par mon travail de doctorat, essayer de creuser ces questions. En l’état actuel de mon travail, mon hypothèse est la suivante : le recours à la citation partielle du Ps 2, 7 dans les récits synoptiques mentionnés ci-dessus correspondrait bien, de la part des évangélistes Matthieu, Marc et Luc, à une (voire plusieurs) stratégie(s) narrative(s) consciemment mise(s) en place, permettant à ces trois évangélistes de « dire », chacun à sa manière, quelque chose de l’identité de Jésus. La suite de mes recherches permettra, je l’espère, de préciser cela.

Hanna Gershovitz, « “La pointe du Yod” : un concept qui éclaire le rapport entre Torah écrite et Torah orale »
Après plus d’un siècle d’hyperactivité, l’exégèse historico-critique semble s’essouffler et un changement de paradigme s’impose. A la lumière d’un concept rabbinique, celui de « la pointe du Yod », et de travaux récents appartenant à diverses disciplines, j’aspire à proposer une nouvelle compréhension du corpus biblique, qui le situe dans sa relation avec ce que les rabbins appellent la Torah orale. « La pointe du Yod », qui est d’abord une réalité calligraphique de l’alphabet hébraïque, renvoie aussi à la rigueur halakhique et à la transcendance du texte. Elle éclaire d’une manière nouvelle le rapport entre Torah écrite et Torah orale

Déborah Ackermann, « La femme dans la société juive : le témoignage des sources talmudiques »
Le rôle de la femme dans la société juive est abordé dans les textes de la Mishna et de la Gemara. Ces textes sont à l’origine de la halakha qui contient l’ensemble des lois constituant la pratique juive et qui est la référence ultime en termes de comportement. Dans notre travail de thèse, nous nous proposons de les étudier ainsi que certains de leurs commentaires médiévaux et modernes. Comme cela est bien connu, ils ont fait l’objet d’interprétations récentes négatives et ont été utilisés pour réclamer des changements pratiques non négligeables. Nous commencerons par une évaluation critique de ces interprétations avant de montrer comment les rabbins antiques construisent leur image de la femme juive en la replaçant dans l’environnement plus large qu’est la société.

Menahem Mendel Bitton, « Symboles et métaphores chez Chaïm Potok »
Avec Chaïm Potok, la vérité réside dans les détails. Ainsi, pour donner des indications sur le sens de ses romans, l'auteur a recours à des métaphores et à des symboles. Les métaphores prennent la forme de petites intrigues ou histoires à l’intérieur du récit principal. Les symboles apparaissent tout au long de chaque roman, formant une toile apparentée à celles de Chagall. Les indices que sont les métaphores et les symboles, une fois décryptés, permettent d’entrer véritablement dans l’univers romanesque de Potok, de mieux saisir ses intentions et de comprendre plus en profondeur les thèmes qui le préoccupent.

Kheira Hassa, « Le basculement du profane au sacré dans le récit arabo-musulman du 3e au 5e siècle de l’hégire : une approche littéraire »
Notre thèse porte sur trois ouvrages qui relèvent du genre de l’adab, dont la vocation est d’éduquer la société avec une recherche d’exemplarité et qui mêle à la fois poésie, prose, narration et commentaire. Le Kitāb al-Zahra (« Le livre de la fleur ») d’Ibn Dāwūd al-Iṣfahānī (3e/9e siècle) aborde le phénomène de la passion amoureuse dans la perspective d’un amour idéal ‘uḏrī (« chaste »). Le Kitāb al-Farraǧ ba‘da al-šidda (« Le livre de la délivrance après l’adversité ») d’al-Muḥassin b. ‘Alī al-Tanūẖī (4e/10e siècle) traite de la miḥna (« épreuve ») considérée non pas comme état de désespoir mais plutôt comme faraǧ (« état d’espoir »). Le Kitāb Maṣāri‘ al-‘uššāq (« Le livre des lieux de martyre des amoureux passionnés ») de Ğaʿfar al-Sarrāğ (5e/11e siècle) retrace des expériences de ḥubb (« amour ») à l’origine du ‘išq (« la passion amoureuse »). Ces trois ouvrages permettent de mettre en évidence un phénomène fascinant, celui du basculement de l’amour profane en amour sacré, spirituel et mystique. Ce basculement constitue une véritable expérience existentielle, où se transforment l’âme, le cœur et l’intellect. Ses origines, déclencheurs, indices et « états métamorphiques » méritent une attention particulière. La littérature dessine les contours d’un imaginaire issu des « états métamorphiques » et des mondes possibles que rapportent les Textes révélés. À travers des récits de fous, d’esclaves, de marginaux, de prisonniers, de malades, de poètes, nos trois ouvrages proposent au lecteur un modèle d’homme qui aspire à la perfection, réfléchit sur soi-même et éprouve un amour hyperbolique de l’au-delà et de la Loi.

Shifra Jacquet-Svironi, « Comment enseigner la langue hébraïque : l’exemple de la méthode Horowitz »
Maurice Horowitz (1905-1963), juif roumain émigré en France en 1938 et ingénieur en électricité, arrive en 1942 dans la maison d’enfants de Moissac, où vivent des enfants juifs confiés par leurs parents. Le 11 novembre 1942, les Allemands occupent le sud de la France et tous les enfants et adultes sont cachés. Maurice Horowitz est responsable de douze enfants cachés sous de fausses identités. Comment aider ces enfants juifs séparés de leurs parents ? Horowitz commence par renforcer leur identité juive. C’est la résistance par les études et par la spiritualité, par le sentiment d’appartenance à un peuple et à un héritage culturel. A son retour à Moissac en 1944, il rédige, à la main, son premier manuel d’hébreu. Ce dernier est aussi la première manifestation de sa méthode d’apprentissage de l’hébreu, la méthode Horowitz, qui fait référence jusqu’à ce jour. C’est cette méthode qui sera au cœur de mon intervention. Pour Horowitz, il faut travailler un texte hébreu comme un puzzle, le livre fermé. Les élèves/étudiants doivent découvrir les mots et travailler sur les éléments grammaticaux du texte, sans l’avoir sous les yeux et sans que le professeur en donne une traduction préalable. Ce travail préparatoire doit se faire à l’oral par des conversations. S’il est bien fait, les élèves comprendront le texte par eux-mêmes. La lecture du texte n’intervient qu’à la fin. La méthode Horowitz mériterait d’être plus suivie dans l’apprentissage actuel de l’hébreu en France et dans celui d’autres langues étrangères, car très souvent elle n’est pas appliquée : l’enseignant traduit le texte dès le début, si bien que l’élève/étudiant comprend de quoi il retourne mais il n’apprend pas à parler.  


Type :
Colloque / Journée d'étude
Lieu(x) :

Maison de la recherche, 4 rue des Irlandais, Paris 5ème
salle Athéna
 

 

 

mise à jour le 16 septembre 2022


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