Le Livre des fais d'armes et de chevalerie, composé en 1410, est l'une des œuvres de Christine de Pizan les moins étudiées, peut-être en raison de l'absence d'une édition critique publiée, peut-être aussi en raison du caractère technique et a priori peu littéraire d'un texte destiné à enseigner l'art de la guerre aux chevaliers, qui « ne sont communement clers ne instruis en science de langaige », et à rendre la pensée des auteurs de traités militaires « a tous clere et entendible. » Ces citations tirées du prologue le montrent pourtant, le Livre des fais d'armes s'inscrit dans la continuité des traités didactiques déjà composés par Christine, le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, le Livre des trois vertus, le Livre du corps de policie, traités dans lesquels l'écrivain se présente déjà comme une compilatrice chargée de transmettre la substance d'une culture livresque afin d'aider les princes et les dames à exercer leurs fonctions au sein de la société.
La journée d'étude sera l'occasion de croiser les regards sur cette œuvre et de combiner plusieurs approches :
- l'approche littéraire : quel usage Christine fait-elle de la compilation ? Quelle est son traitement de ses sources, L'Arbre des batailles d'Honoré Bouvet ou bien la traduction de Végèce par Jean de Vignay ? Est-ce que l'acquisition d'une autorité d'auteur diffère dans cette œuvre par rapport à ses autres traités, en fonction du public concerné ?
- l'approche idéologique et historique : Françoise Autrand l'a montré dans sa biographie de Christine de Pizan, le Livre des fais porte les marques de son époque et se fait l'écho, de façon implicite, de la guerre civile qui opposent les Armagnacs et les Bourguignons. L'ouvrage permet également à Christine de faire état d'une réflexion sur la guerre et sur la chevalerie. Quelles sont les idées exposées ? Comment sont traités les faits récents ? Comment la théorie se confronte à l'actualité, riche en faits militaires ?
- la question de la transmission de l'œuvre et de sa postérité littéraire : le Livre des fais d'armes est un des textes de Christine dont les manuscrits sont les plus nombreux et il a suscité l'intérêt des premiers imprimeurs (Antoine Vérard en 1488), preuves d'un succès qui a duré jusqu'au XVIe siècle. L'œuvre a donné lieu à plusieurs traductions et elle a été la source d'autres œuvres littéraires. Comment l'œuvre est-elle transmise et réutilisée ? Quelles évolutions subit-elle au fil des reprises ? Comment le texte s'inscrit-t-il dans un autre contexte linguistique et culturel ?