(...) Mais assez parlé du poète, que vous trouvez ici traduit par différentes mains, afin que vous disposiez au moins, dans la version anglaise, de la variété que l'auteur s'était vu refuser par son sujet dans le latin. Il me reste à dire quelques mots sur la traduction poétique en général, et à donner mon avis, tout en le soumettant aux jugements plus éclairés en la matière, sur la façon de traduire qui me paraît ici la plus appropriée.
Toute traduction peut se ramener, je suppose, à l'une des ces trois catégories:
D'abord, la métaphrase, c'est-à-dire la traduction d'un auteur mot à mot, et vers par vers, d'une langue vers l'autre. C'est ainsi, ou à peu de choses près, que Ben Jonson a traduit l'Art Poétique d'Horace. La seconde manière est la paraphrase, ou traduction avec latitude, où le traducteur garde les yeux sur son auteur, de manière à ne jamais le perdre de vue ; cependant, il en suit moins les mots que le sens, et ce dernier, il lui est encore permis de le développer, mais sans l'altérer. C'est de cette sorte que relève la traduction de la quatrième Énéide de Virgile par M. Waller. La troisième manière est l'imitation, où le traducteur (s'il n'en a pas désormais perdu le nom) se donne la liberté, non seulement de s'éloigner des mots et du sens, mais encore de les délaisser tous deux quand il en voit l'occasion, et de tirer seulement de l'original quelque inspiration générale pour composer sur le thème les variations qu'il lui plaira. C'est cette pratique qu'a adoptée M. Cowley pour rendre en anglais deux odes de Pindare et une ode d'Horace.
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