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Intertextualité dans la littérature anglophone : problématiques contemporaines, de l'emprunt à l'écho

du 29 novembre 2024 au 30 novembre 2024
 

L’intertextualité est l’un des concepts les plus fondamentaux pour penser la fabrique du commun et de la communauté dans la littérature. De son origine dans les travaux du groupe Tel  Quel, et notamment de Julia Kristeva, qui s’inspirait de la théorie de l’« imagination  dialogique » développée par Bakhtine, l’intertextualité insiste sur le fait qu’on ne peut penser  le texte littéraire qu’à travers le prisme de sa relation aux autres textes. Comme le résume  Roland Barthes, « [t]out texte est un intertexte ; d’autres textes sont présents en lui à des niveaux  variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables : les textes de la culture antérieure et  ceux de la culture environnante ; tout texte est un tissu nouveau de citations révolues. » Cette métaphore du tissu, qui met en relief l’idée du tissage inhérente à l’étymologie du mot « texte »,  suggère que toute création est une forme de fabrique du commun. Le canon littéraire pourrait  être ainsi défini comme un réseau de relations intertextuelles, voire comme une chambre  d’écho, où la polyphonie de chaque œuvre résonne avec et à travers d’autres œuvres. Michael  Riffaterre repensera cette notion, accentuant l’idée de la réception plutôt que celle de la  création : « L’intertexte est la perception, par le lecteur, de rapports entre une œuvre et d’autres  qui l’ont précédée ou suivie. » 
 
Dans la lignée du dialogisme bakhtinien, Antoine Compagnon offre dans La seconde main  ou le travail de la citation (1979) une définition de l’écriture comme « entreglose », reprenant  la phrase de Montaigne « Nous ne faisons que nous entregloser ». Toute énonciation est une  reprise, une appropriation, une répétition, le déplacement ou le filage d’une citation déjà  existante. Dans Palimpsestes, publié en 1982, Gérard Genette privilégie, pour figurer le lien  unissant deux textes, l’image du parchemin effacé et recouvert d’un autre texte. Il forge les  concepts d’hypotexte et d’hypertexte pour les différencier de l’intertexte, plutôt fondé sur la  citation, le plagiat, la référence ou l’allusion. L’hypertexte est un mode plus actif de  transformation ou d’imitation d’un texte par un autre, que l’on retrouve par exemple dans les  procédés de parodie ou de pastiche. La critique américaine infléchit l’intertexte vers un sens  plus acoustique et mythologique voire féminin en choisissant, comme le fait John Hollander  dans The Figure of Echo, A Mode of Allusion in Milton and After (1981), la nymphe Écho  comme figure même de l’imagination poétique, doublée du trope central de la métalepse. Cette  lecture prépare à la théorie ultérieure de la résonance (Wai Chee Dimock). Quant à Harold  Bloom, il prête à la lutte de tout texte avec la tradition antérieure un caractère plus  psychanalytique et angoissant. Dans The Anxiety of Influence (1974), il commente le rapport de  lecture et d’interprétation d’un texte-élève à son texte-maître selon divers « ratios de  révisions » : clinamen, tessera, kenosis, daemonisation, askesis et apophrades. La période  postmoderne tend à atténuer la part conflictuelle de l’intertextualité, soit qu’elle tienne toute  appropriation pour inexistante (« the anxiety of non-influence » Charles Newman, The Post Modern Aura 1984), pour exaltante (Jonathan Lethem, « The Ecstasy of Influence », 2007) ou  bien réduite à un jeu métafictionnel sans nulle relation avec le réel (la « métafiction  historiographique » de Linda Hutcheon). 
 
La critique féministe s’est également emparée de la notion d’intertextualité, tout en la  confrontant à une réflexion sur la dimension genrée et notamment sur les dynamiques de  marginalisation et d’exclusion du canon auxquelles les autrices ont dû faire face. Alors que dans  The Anxiety of Influence Bloom livre une vision très masculine du canon, et donne l’exemple  de Milton pour expliquer sa théorie de la relation agonistique aux précurseurs, dans son essai  « A Map for Rereading: Gender and the Interpretation of Literary Texts » (1986), Annette  Kolodny cite Virginia Woolf, pour qui le fait qu’elle n’avait pas accès, en tant que femme, à la  bibliothèque d’Oxford contenant le manuscrit de Lycidas, est emblématique de l’exclusion des  autrices du canon. Nancy K. Miller parle, elle, d’un « intertexte invisible » dans la production  littéraire des femmes. Dans son essai « Arachnologies: The Woman, the Text and the Critic »  (1988), elle développe le concept d’« arachnologie », qui s’inspire de l’idée de Barthes du texte  en tant que toile mais met l’accent sur la subjectivité et la « signature féminine ». De même,  dans « Weavings: Intertextuality and the (Re)Birth of the Author » (1991), Susan Stanford  Friedman s’éloigne de la dimension impersonnelle, voire anonyme, de la vision  poststructuraliste du texte comme « mosaïque » ou « tissu » de citations, profondément liée à  l’idée de la « mort de l’auteur » de Barthes, pour proposer une approche très incarnée de  l’intertextualité, qui met l’accent sur la positionnalité et l’agentivité de l’autrice, ainsi que sur  son inscription personnelle dans l’histoire, qui est toujours politique. Cette vision plus ouverte  et fluide de l’intertextualité, plus typique selon elle de la critique anglophone, est également  très fructueuse pour les analyses adoptant une approche intersectionnelle ou postcoloniale. 
 
En raison des liens à la fois culturels, politiques et affectifs qu’elle permet de créer entre  des textes issus de communautés minoritaires et/ou marginalisées, l’intertextualité a pu se  conjuguer au « care » dans la théorie féministe (Talia Schaffer, 2021), au « queer » ou au  « camp » des queer studies (Eve K. Sedgwick, 2003) ou encore au « Signifyin(g) » de la théorie  littéraire africaine-américaine (Henry Louis Gates, Jr., 1984). La citation, la parodie, l’allusion  ou encore le pastiche sont autant de modes intertextuels qui visent à troubler, subvertir ou  réécrire le canon et à établir de nouvelles généalogies en dehors des hiérarchies traditionnelles.  Certains auteurs et certaines autrices ont recours aux structures de répétition pour écrire le  traumatisme ou mettre en avant les échecs des démocraties occidentales à enrayer les  discriminations, les inégalités, le racisme, l’homophobie et la transphobie, le validisme ou  encore le spécisme. Les communications pourront ainsi analyser ou actualiser les apports des  lectures intertextuelles dans une perspective intersectionnelle qui redéfinit les rapports  d’influence et les pratiques citationnelles. 
 
La littérature pose également la question de la narration, et donc des voix qui se répondent,  notamment au moyen de l’intertextualité. Cette dernière fait se côtoyer différentes voix,  sources, citations, les textes convoqués se mêlent alors en une polyphonie qui épaissit le texte  initial. Il arrive parfois que cela vire à la cacophonie, brouillant le message et rendant  incompréhensible non seulement le propos, mais également la source de la citation. La circulation de la parole est l’un des marqueurs de l’intertextualité, mais toutes les voix ne  résonnent pas forcément au même niveau. Quelle est alors la voix dominante ? La voix du texte  convoqué ou celle de la réécriture ? Et ces voix sont-elles toujours exactes, ou sont-elles  distordues à cause des différents échos qui en brouillent les fréquences ? À force de vouloir  répéter encore et encore certains propos, ces derniers peuvent perdre leur teneur originelle et le  sens de la citation s’en trouve modifié, déformé, détourné : l’intertextualité devient alors un  bruit de fond (Shannon). Par ailleurs, si, comme William Paulson nous le rappelle, la littérature  est le bruit de la culture, l’intertextualité ajoute-t-elle alors encore à ce bruit ? La littérature  finirait-elle par devenir inaudible à cause d’une saturation, d’un brouillage, d’un vacarme dont  on ne saurait extraire les différentes voix ? Pour Françoise Sammarcelli, cette dimension  bruyante de l’intertextualité est parfois une illustration de l’échec de l’interprétation et de la  représentation. Mais elle pose également la question de la place des lecteurs et lectrices : s’ils  et elles ne reconnaissent pas les citations, emprunts ou échos, comment les voix invoquées se  font-elles entendre ? Nathalie Piégay-Gros va jusqu’à parler de « terrorisme de la référence »,  qui advient lorsque l’intertexte « fait le partage entre les lecteurs savants, qui seront aptes à  reconnaître l’intertexte, et les lecteurs ‘ordinaires’ qui ne percevront peut-être même plus la  résistance qu’offre la présence d’une trace intertextuelle ». À une époque saturée d’informations, comment est-il possible pour les lecteurs et lectrices de démêler les fils des  différents échos et revenir au texte source ? Celui-ci peut-il se perdre, et céder le pas face à la  rumeur qui en change radicalement la nature ? Ou au contraire, ces échos sont-ils la trace des  interrogations des unes et des autres ? Birgit Däwes nous rappelle, à propos de la littérature  post-11 septembre, que le recours à l’intertextualité, « tout particulièrement dans un monde en  crise », peut se justifier par la volonté d’un retour à des « motifs épistémologiques stables », un  désir de « réintroduire de l’ordre au moyen de formats culturels conventionnels ». Dans quelle  mesure l’intertextualité a-t-elle alors un usage politique ? 
 
Dans un monde « artificiellement » intelligent fondé sur des structures algorithmiques  répétitives, quel rôle critique la notion d’intertextualité, par les pratiques afférentes de décodage  ou d’encodage, peut-elle jouer ? De la réécriture du roman de Jack Kerouac par une IA dans 1  The Road aux scénarios de films pour Hollywood, l’apparition de nouvelles possibilités  d’écriture défraie la chronique, posant de nombreuses questions sur la systématisation des  pratiques intertextuelles. Du côté de la réception, l’influence d’un texte sur un autre, ou la trace  de l’intertexte, se diluent-elles avec l’intelligence artificielle, se faisant donc moins détectables,  ou au contraire, deviennent-elles encore plus facilement repérables grâce au développement de  nouveaux outils de recherche textuelle ? Reposant sur le principe d’une découverte, d’une  reconnaissance ou ce que Barthes concevait comme « une pratique érotique du langage »,  l’intertextualité à l’ère numérique signifie-t-elle la « mort des lecteurs et lectrices » ? Ou bien renouvelle-t-elle les (en)jeux de référence par la multiplicité ou l’incongruité d’intertextes ainsi  passés au « mixeur numérique » (Stephen King) ? Trouvant ancrage dans une perspective  interdisciplinaire, les communications pourront s’intéresser aux nouveaux intertextes inspirés  des humanités numériques, des cultural studies, des études inter- et transmédiales, etc. 
 
Les communications pourront porter, de manière non exhaustive, sur les aspects suivants : 
 
  • Intertextualité et la fabrique de la communauté, 
  • Modalités psychiques de l’influence, affect,
  • Traumatisme, structures de répétition émotionnelles, 
  • Économie de l’intertexte : emprunt, dette, 
  • Propriété, appropriation, expropriation, vol, 
  • Échos, résonance, acoustique, utilisation d’autres médias dans le texte, • Croisements entre l’intertextualité et l’intermédialité, 
  • Transmission, rapport maître ou maîtresse/disciple, 
  • Dynamiques de marginalisation, appel à la tradition, exclusion, rejet ou définition du  canon, 
  • Intertextualité et intersectionnalité (genre, race, orientation sexuelle, classe, handicap), • Politique(s) de l’intertextualité et de la citation, 
  • Intertextualité quantitative, algorithmes et intelligence artificielle, 
  • Recours à l’intertextualité face aux crises, 
  • Question des voix, que ce soit en termes de dialogues ou de redites, la rumeur, • Intertextualité et l’idée du tissage, 
  • Question de l’origine, de l’autorité / auctorialité, 
  • Place des lecteurs et lectrices face à l’intertextualité, leurs attentes et modes de  déchiffrage/déchiffrement, 
  • Échec de l’interprétation et / ou de la représentation face à l’intertextualité. 

Les propositions de 300 mots maximum seront envoyées au comité d’organisation avant le 31  mai 2024 : Florian Bousquet, Yasna Bozhkova, Béatrice Pire, Aliette Ventéjoux
Les réponses seront communiquées le 28 juin 2024. 
Le colloque est organisé par l’EA 4398 PRISMES et l’équipe 19-21 de la Sorbonne Nouvelle. 

English Version 

Intertextuality is one of the most fundamental concepts for thinking about the creation of  commonality and community in literature. From its origins in the work of the Tel Quel group,  and in particular of Julia Kristeva, who drew inspiration from the theory of “dialogic imagination” developed by Bakhtin, intertextuality emphasizes that we can only think of the  literary text in relation to other texts. As Roland Barthes argues, “[a]ny text is an intertext; other  texts are present in it at varying levels, in more or less recognizable forms: the texts the previous  and surrounding culture. Any text is a new tissue of past quotations.” This metaphor of the  fabric, which highlights the idea of weaving inherent in the etymology of the word “text”,  suggests that all creation is a form of interweaving—or manufacture of the commons. The  literary canon could thus be defined as a network of intertextual relations, or even as an echo  chamber, where the polyphony of each work resonates with and through other works. Michael  Riffaterre attempted to rethink this notion from the point of view of reception rather than of  creation, thus stating: “The intertext is the reader’s perception of relationships between a work  and others that preceded or followed it.” 
 
Following Bakhtin’s dialogism, Antoine Compagnon in La seconde main ou le travail de  la citation (1979) defines writing as “entreglose,” echoing Montaigne’s phrase “Nous ne faisons que nous entregloser”. Every utterance is a reiteration, an appropriation, a repetition, a  displacement or the spinning of an already existing quotation. In Palimpsests, published in  1982, Gérard Genette uses the image of an erased parchment overlaid with another text to  represent the link between two texts. He coins the concepts of hypotext and hypertext to  distinguish them from intertext, the latter being based on quotation, plagiarism, reference or  allusion. Hypertext is a more active mode of transformation or imitation of one text by another,  to be found, for example, in the processes of parody and pastiche. American critics have  inflected intertext with a more acoustic, mythological or even feminine meaning, choosing, as  John Hollander does in The Figure of Echo, A Mode of Allusion in Milton and After (1981), the  nymph Echo as the emblem of poetic imagination, coupled with the central trope of metalepsis.  This reading paves the way for the later theory of resonance (Wai Chee Dimock). As for Harold  Bloom, he gives a more psychoanalytical and anguished dimension to every text’s struggle with  the former tradition. In The Anxiety of Influence (1974), he comments on the reading and  interpretative relationship of a student-text to its master-text according to various “revisionary  ratios”: clinamen, tessera, kenosis, daemonization, askesis and apophrades. The post-modern  period tends to attenuate the conflictual aspect of intertextuality, either treating all appropriation  as non-existent (“the anxiety of non-influence” Charles Newman, The Post-Modern Aura 1984), exhilarating (Jonathan Lethem, “The Ecstasy of Influence”, 2007) or reduced to a  metafictional game with no relation to reality (Linda Hutcheon’s “historiographical  metafiction”). 
 
Feminist critics have also seized on the notion of intertextuality, while confronting it with  a reflection on the gendered dimension, and particularly on the dynamics of marginalization  and exclusion from the canon that women authors had to face. Whereas in The Anxiety of  Influence Bloom offers a very masculine vision of the canon, and gives the example of Milton  to explain his theory of the agonistic relationship to precursors, in her essay “A Map for  Rereading: Gender and the Interpretation of Literary Texts” (1986), Annette Kolodny quotes Virginia Woolf, for whom the fact that she, as a woman, had no access to the Oxford library  containing the Lycidas manuscript, is emblematic of the exclusion of women authors from the  canon. Nancy K. Miller speaks of an “invisible intertext” in women’s literary production. In her  essay “Arachnologies: The Woman, the Text and the Critic” (1988), she develops the concept  of “arachnology”, which draws on Barthes’s idea of the text as web, but emphasizes the notion  of subjectivity and the “female signature”. Similarly, in “Weavings: Intertextuality and the  (Re)Birth of the Author” (1991), Susan Stanford Friedman moves away from the impersonal,  even anonymous dimension of the poststructuralist vision of the text as a “mosaic” or “fabric” of quotations, to propose a highly embodied approach to intertextuality, which emphasizes the  positionality and agency of the author, as well as her personal inscription in history, which is  always political. This more open and fluid vision of intertextuality, more typical in her view of  Anglophone criticism, is also highly fruitful for analyses adopting an intersectional or  postcolonial approach. 
 
On account of the cultural, political and affective ties it weaves between texts from  minority groups and/or marginalized communities, intertextuality has been used along with  other concepts such as those of “care” in feminist theory (Talia Schaffer, 2021), “queer” or  “camp” in queer studies (Eve K. Sedgwick, 2003) or “Signifyin(g)” in African-American  literary theory (Henry Louis Gates, Jr., 1984). Quotations, parodies, allusions and pastiches are all intertextual modes that aim to disrupt, subvert or rewrite the canon, and establish new  genealogies outside traditional hierarchies. Some authors use structures of repetition to write  about trauma, or to highlight the failures of Western democracies to curb discrimination,  inequality, racism, homophobia and transphobia, ableism and speciesism. Papers may analyze  or update the contributions of intertextual readings from an intersectional perspective that  redefines relationships of influence and citational practices. 
 
Literature also raises the question of narration, and therefore of voices answering each  other, especially through intertextuality. Intertextuality brings together different voices, sources  and quotations, so that the summoned texts blend in a polyphony that thickens the initial text. Occasionally, this turns into a cacophony, blurring the message and rendering incomprehensible  not only what is being said, but also the source of the quotation. The circulation of speech is  one of the hallmarks of intertextuality, but not all voices resonate at the same level. So which  is the dominant voice? The voice of the summoned text or that of the rewriting? And are these  voices always accurate, or are they distorted by the various echoes that scramble their  frequencies? By repeating certain words over and over again, they can lose their original  content, and the meaning of the quotation is modified, distorted and twisted: intertextuality then  becomes white noise (Shannon). And if, as William Paulson reminds us, literature is the noise  of culture, does intertextuality add to this noise? Does literature end up being inaudible because  of a saturation, a scrambling, a din from which we cannot extract the different voices? For  Françoise Sammarcelli, this noisy dimension of intertextuality is sometimes an illustration of  the failure of interpretation and representation. But it also raises the question of the place of  readers: if they do not recognize the quotations, traces or echoes, how do the voices invoked  make themselves heard? Nathalie Piégay-Gros goes so far as to speak of the “terrorism of  reference” that occurs when the intertext “separates scholarly readers, who will be able to  recognize the intertext, from ‘ordinary’ readers, who may no longer even perceive the resistance  offered by the presence of an intertextual trace”. In an age saturated with information, how can  readers untangle the threads of different echoes and return to the source text? Can the source  text get lost, giving way to the rumor that radically changes its nature? Or, on the contrary, are  these echoes the trace of the interrogations of each and every one of us? Birgit Däwes reminds  us, with regard to post-9/11 literature, that resorting to intertextuality, “especially in a world in  crisis”, can be justified by a desire to return to “stable epistemological motifs,” a desire to  “reintroduce order by means of conventional cultural formats.” To what extent, then, does  intertextuality have a political use? 
 
In an “artificially” intelligent world based on repetitive algorithmic structures, what critical  role can the concept of intertextuality play through the related practices of decoding or  encoding? From the rewriting of Jack Kerouac’s novel by an AI in 1 The Road to film scripts  for Hollywood, the emergence of new writing possibilities is making headlines, raising many  questions about the systematization of intertextual practices. In terms of reception, are the  influence of one text on another, or the trace of the intertext, diluted by artificial intelligence,  making them less detectable or obvious, or on the contrary, are they becoming even easier to  identify thanks to the development of new textual research tools? Does intertextuality in the  digital age mean the “death of readers,” doing away with the principles of discovery,  recognition or what Barthes calls “an erotic practice of language”? Or does it attend to new  textual games and stakes through the multiplicity or incongruity of intertexts thus mixed in the “digital blender” (Stephen King)? Rooted in an interdisciplinary perspective, papers may look  at new intertexts inspired by the digital humanities, cultural studies, inter- and transmedial  studies, etc. 
 
Paper proposals are invited on the following (non-exclusive) fields of enquiry: 
 
  • Intertextuality and the making of communities, 
  • Psychological modes of influence and affect, 
  • Trauma, structures of emotional repetition, 
  • The economy of intertextuality: borrowing and debt, 
  • Property, appropriation, expropriation, theft, 
  • Echoes, resonance, acoustics, uses of other media in the text, 
  • Intertextuality and intermediality, 
  • Transmission, relationship between masters or mistress and disciples,
  • Marginalization, appeal to tradition, exclusion, rejection or definition of the canon,
  • Intertextuality and intersectionality (gender, race, sexual orientation, class, disability),
  • The politics of intertextuality and quotation, 
  • Quantitative intertextuality, algorithms and artificial intelligence, 
  • Intertextuality in times of crisis, 
  • The question of voices, dialogue, repetition, rumor, 
  • Intertextuality and weaving, 
  • Origins, authority and auctoriality, 
  • Readers, expectations and modes of deciphering, 
  • The failure of interpretation and/or representation. 
     
Proposals of 300 words maximum must be sent for consideration before May 31 2024 to the organizing committee: Florian BousquetYasna BozhkovaBéatrice PireAliette Ventéjoux
A response as to the proposal’s acceptance will be given before June 28 2024. Organization : EA 4398 PRISMES and 19-21, Sorbonne Nouvelle. 
 
Bibliographie / Bibliography 
 
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BAKHTIN, Mikhail. The Dialogic Imagination. Four Essays. Michael Holquist (Ed.), Austin  and London: University of Texas Press, 1981. 
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TANG, Amy C. Repetition and Race: Asian American Literature After Multiculturalism. New  York: Oxford University, Press, 2016. 
 

Type :
Colloque / Journée d'étude, SAPS - Science avec et pour la Société
Lieu(x) :
Maison de la Recherche - 4 rue des Irlandais - 75005 PARIS
 

mise à jour le 26 novembre 2024


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