Écrire avec les livres - 2017
Pastiche de Verlaine, Il pleure dans mon cœur
Mathieu Bousquet
Il sue un carnage comme je pleus sur la falaise
Des larmes qui effraieraient même l'orage et qui sur les joues pèsent.
Il y a des trous dans le ciel et il fait nuit dans les yeux
Un corps que l'on noie et la ville s'engloutit.
Il pleure dans, il pleure dehors aussi.
Pastiches de Verlaine, « Il pleure dans mon cœur »
Léonie Thomas
I.
Jour d'hiver, un peu moins froid qu'un autre.
Les sensations sont plus belles, plus grandes.
Il se passe quelque chose.
Sentiment enivrant.
Exaltante beauté d'un jour qui ne finit jamais.
Jour d'hiver, un peu moins froid qu'un autre.
Dans les regards des passants, l'espoir renait toujours.
II.
Jour d'hiver, un peu plus gris qu'un autre.
Les sensations s'enracinent, se meurent de mélancolie.
Il ne se passe plus rien.
Sentiment dévorant.
Le temps coule et s'infiltre dans chaque ride de ma peau.
Il fera nuit ce soir.
Jour d'hiver, un peu plus gris qu'un autre.
La pluie qui bat la pulsation rapide des passants qui n'attendent plus que le soleil.
Piéra Fauriant
Hier, j'ai pris un bain.
Et au milieu de toute cette eau je me suis sentie seule.
Là, alors que mon corps fait d'eau baignait dans de l'eau,
Matière dans la matière,
Element sur élément,
J'ai sentiela solitude monter jusqu'à ma gorge.
Les gouttes qui coulaient le long de la paroi de la baignoire me faisaient mal,
Elles étaient les larmes que je n'avais pas versées depuis longtemps.
Le clapotis de mon corps sur l'eau me rappelait les petits bruits de la pluie,
Depuis combien de temps n'avais-je pas ouvert la fenêtre ?
Un jour ? Un mois ? Un an ?
Mon bain était en train de m'écraser.
Il était mon confident à qui je me confiais pour la première fois depuis tant d'années.
Les larmes coulaient doucement sur mes joues et rejoignaient l'eau si calme et douce où reposait mon corps.
Au bout de plusieurs heures je dus sortir, l'eau était glacée.
Mais je ne réussis pas à vider mon bain, je ne pu me résigner à laisser s'échapper cette partie de moi,
Celui qui, le temps de quelques heures, avait fait partie de mon monde,
De moi.
Un souvenir aqueux
Jeanne Quibel
Le souffle de la pluie lentement s’abattit
Les gouttes ruisselaient sur mon visage
Que j’offrais tout entier aux nuages
Un silence.
C’est une rivière qui tombe maintenant
Une rivière frénétique, une rivière vivante
Une source qui ramène une image qui me hante
Un fantôme.
Il s’écoule et sort au grand jour.
L’eau estompe sa couleur rouge
Les deux liquides se confondent
Une flaque.
Les muscles s’alourdissent,
Le temps s’engourdit,
Les bruits s’évanouissent,
Une chute.
M. A.
Plic, Plac, Ploc
Revoilà la pluie
Plic, Plac, Ploc
Allons vite nous mettre à l’abri
« Tient ! Voilà le ciel qui pleure » dit papa
Qui pleure à ses malheurs
Malheureux de ne plus voir le soleil
Qui depuis toujours l’émerveille
Plic, Plac, Ploc
Revoilà la pluie
Plic, Plac, Ploc
Allons vite nous mettre à l’abri
Le nuage lui n’est pas content
De voir autant de mauvais temps
Et pour se venger méchamment
Il appelle son copain le vent
Plic, Plac, Ploc
Revoilà la pluie
Plic, Plac, Ploc
Allons vite nous mettre à l’abri
« Moi j’aime bien la pluie »
Dit le petit escargot
Tu m’étonne qu’il l’aime bien
Ca le rend tout luisant et tout beau !
Plic, Plac, Ploc
Revoilà la pluie
Plic, Plac, Ploc
Allons vite nous mettre à l’abri
« La pluie arrose les fleurs » dit mémé
Et repousse les passant
Elle déprime les adultes
Et c’est bien amusant !
Plic, Plac, Ploc
Revoilà la pluie
Plic, Plac, Ploc
Allons vite nous mettre à l’abri
« Et toi » demande la maman
Est-ce que tu aimes la pluie ?
« Non maman » répond la p’tite fille
« Ca me donne envie d’faire pipi »
Plic, Plac, Ploc
Revoilà la pluie
Plic, Plac, Ploc
Allons vite nous mettre à l’abri
Et moi ?
Moi quand voilà la pluie
Mon coeur cesse de pleurer
Il y a déjà trop d’eau dehors
Faut économiser
Plic, Plac, Ploc
C’est la fin de la pluie
Flip, Flap, Flop
Rangeons les parapluies
Pastiche paradoxal, de soleil et non de pluie
Kamila Cherif
Les tôles rouges des toits
Essuient les premières lueurs
Du jour,
Du soleil éclaté les fenêtres resplendissent
En mille clartés sur l’aube
De la ville,
Et ces chaleurs mêlées me rappellent,
Sans tristesse,
L’évanescence fade du soleil sur ta peau.
( P-eau qui coule, de mes yeux éblouis,
Je ne vois plus que le jour
Dans mon coeur transi. )
Sous la pluie
Astrid Génermont
Jeudi 7 mars, le ciel pleure de désespoir.
Aurait-il mal lui aussi ?
La pluie ne m'atteint pas.
Je suis un parapluie, je pare la pluie.
Quand on tombe dans l'eau,
La pluie ne fait plus peur.
Et mes yeux mouillés
Ne craignent plus la pluie.
La pluie tombe.
Ça ne me fait plus rien maintenant.
Pourquoi le ciel est-il si triste ?
Peut-être qu'il lui manque à lui aussi...
La pluie continue de tomber
Et j'ai froid de son absence,
D'un froid vide et glacial.
Des flaques se sont formées sur le sol.
Est-ce le ciel ou mes pleurs ?
Pourquoi le ciel est-il rempli de chagrin ?
Il peut bien me le dire à moi,
Lui qui pleut, moi qui pleure...
Je m'arrête sur le bord de la route.
On ne voit personne et on n'entend rien,
Juste la pluie qui coule.
Le monde est mort.
Horizon pluvieux
Christelle Akoh
Debout sur la falaise,
Je contemple l'horizon
Il est gris et amer
Comme les larmes de mon cœur.
Le soleil touche de ses rayons puissants
L'horizon
Mais il ne parvient
À transpercer la frêle coquille
Que je suis.
Le ciel pleure
Les nuages le consolent
Et moi je l'envie
En attendant que les gouttes salées
Sèchent sur mes joues.
mise à jour le 27 juillet 2017