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Il pleut du Verlaine

Écrire avec les livres - 2017


Paul Verlaine, "Il pleure dans mon coeur"

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !


Pastiche de Verlaine, Il pleure dans mon cœur

Mathieu Bousquet

 

Il sue un carnage comme je pleus sur la falaise

Des larmes qui effraieraient même l'orage et qui sur les joues pèsent.

Il y a des trous dans le ciel et il fait nuit dans les yeux

Un corps que l'on noie et la ville s'engloutit.

Il pleure dans, il pleure dehors aussi.
 


Pastiches de Verlaine, « Il pleure dans mon cœur »

Léonie Thomas

I.

 

Jour d'hiver, un peu moins froid qu'un autre.

Les sensations sont plus belles, plus grandes.

 

Il se passe quelque chose.

Sentiment enivrant.

Exaltante beauté d'un jour qui ne finit jamais.

 

Jour d'hiver, un peu moins froid qu'un autre.

Dans les regards des passants, l'espoir renait toujours.

 

II.

 

Jour d'hiver, un peu plus gris qu'un autre.

Les sensations s'enracinent, se meurent de mélancolie.

 

Il ne se passe plus rien.

Sentiment dévorant.

Le temps coule et s'infiltre dans chaque ride de ma peau.

Il fera nuit ce soir.

 

Jour d'hiver, un peu plus gris qu'un autre.

La pluie qui bat la pulsation rapide des passants qui n'attendent plus que le soleil.
 


Piéra Fauriant
 

Hier, j'ai pris un bain. 

Et au milieu de toute cette eau je me suis sentie seule.

Là, alors que mon corps fait d'eau baignait dans de l'eau,

Matière dans la matière,

Element sur élément,

J'ai sentiela solitude monter jusqu'à ma gorge.

Les gouttes qui coulaient le long de la paroi de la baignoire me faisaient mal,

Elles étaient les larmes que je n'avais pas versées depuis longtemps.

Le clapotis de mon corps sur l'eau me rappelait les petits bruits de la pluie,

Depuis combien de temps n'avais-je pas ouvert la fenêtre ?

Un jour ? Un mois ? Un an ? 

Mon bain était en train de m'écraser. 

Il était mon confident à qui je me confiais pour la première fois depuis tant d'années. 

Les larmes coulaient doucement sur mes joues et rejoignaient l'eau si calme et douce où reposait mon corps.

Au bout de plusieurs heures je dus sortir, l'eau était glacée.

Mais je ne réussis pas à vider mon bain, je ne pu me résigner à laisser s'échapper cette partie de moi,

Celui qui, le temps de quelques heures, avait fait partie de mon monde,

De moi. 

 


Un souvenir aqueux

Jeanne Quibel

 

Le souffle de la pluie lentement s’abattit

Les gouttes ruisselaient sur mon visage

Que j’offrais tout entier aux nuages

Un silence.

 

C’est une rivière qui tombe maintenant

Une rivière frénétique, une rivière vivante

Une source qui ramène une image qui me hante

Un fantôme.

 

Il s’écoule et sort au grand jour.

L’eau estompe sa couleur rouge

Les deux liquides se confondent 

Une flaque.

 

Les muscles s’alourdissent,

Le temps s’engourdit,

Les bruits s’évanouissent,

Une chute.

 


M. A. 
 

Plic, Plac, Ploc

Revoilà la pluie

Plic, Plac, Ploc

Allons vite nous mettre à labri
 

« Tient ! Voilà le ciel qui pleure » dit papa

Qui pleure à ses malheurs

Malheureux de ne plus voir le soleil

Qui depuis toujours l’émerveille
 

Plic, Plac, Ploc

Revoilà la pluie

Plic, Plac, Ploc

Allons vite nous mettre à labri
 

Le nuage lui n’est pas content

De voir autant de mauvais temps

Et pour se venger méchamment

Il appelle son copain le vent
 

Plic, Plac, Ploc

Revoilà la pluie

Plic, Plac, Ploc

Allons vite nous mettre à labri
 

« Moi j’aime bien la pluie »

Dit le petit escargot

Tu m’étonne qu’il l’aime bien

Ca le rend tout luisant et tout beau !
 

Plic, Plac, Ploc

Revoilà la pluie

Plic, Plac, Ploc

Allons vite nous mettre à labri
 

« La pluie arrose les fleurs » dit mémé

Et repousse les passant

Elle déprime les adultes

Et c’est bien amusant !
 

Plic, Plac, Ploc

Revoilà la pluie

Plic, Plac, Ploc

Allons vite nous mettre à labri
 

« Et toi » demande la maman

Est-ce que tu aimes la pluie ?

« Non maman » répond la p’tite fille

« Ca me donne envie d’faire pipi »
 

Plic, Plac, Ploc

Revoilà la pluie

Plic, Plac, Ploc

Allons vite nous mettre à labri
 

Et moi ?
 

Moi quand voilà la pluie

Mon coeur cesse de pleurer

Il y a déjà trop d’eau dehors

Faut économiser
 

Plic, Plac, Ploc

Cest la fin de la pluie

Flip, Flap, Flop

Rangeons les parapluies


Pastiche paradoxal, de soleil et non de pluie
Kamila Cherif

Les tôles rouges des toits
Essuient les premières lueurs
Du jour,

Du soleil éclaté les fenêtres resplendissent
En mille clartés sur l’aube
De la ville,

Et ces chaleurs mêlées me rappellent,
Sans tristesse,
L’évanescence fade du soleil sur ta peau.

( P-eau qui coule, de mes yeux éblouis,
Je ne vois plus que le jour
Dans mon coeur transi. )


Sous la pluie

Astrid Génermont

 

Jeudi 7 mars, le ciel pleure de désespoir.

Aurait-il mal lui aussi ?

La pluie ne m'atteint pas.

Je suis un parapluie, je pare la pluie.

 

Quand on tombe dans l'eau,

La pluie ne fait plus peur.

Et mes yeux mouillés

Ne craignent plus la pluie.

 

La pluie tombe.

Ça ne me fait plus rien maintenant.

Pourquoi le ciel est-il si triste ?

Peut-être qu'il lui manque à lui aussi...

 

La pluie continue de tomber

Et j'ai froid de son absence,

D'un froid vide et glacial.

Des flaques se sont formées sur le sol.

Est-ce le ciel ou mes pleurs ?

 

Pourquoi le ciel est-il rempli de chagrin ?

Il peut bien me le dire à moi,

Lui qui pleut, moi qui pleure...

 

Je m'arrête sur le bord de la route.

On ne voit personne et on n'entend rien,

Juste la pluie qui coule.

Le monde est mort.

 


Horizon pluvieux

Christelle Akoh

 

Debout sur la falaise,

Je contemple l'horizon

Il est gris et amer

Comme les larmes de mon cœur.

 

Le soleil touche de ses rayons puissants

L'horizon

Mais il ne parvient

À transpercer la frêle coquille

Que je suis.

 

Le ciel pleure

Les nuages le consolent

Et moi je l'envie

En attendant que les gouttes salées

Sèchent sur mes joues.


Humeur météo
Benjamin DUBURCQ

Après la pluie, lundi, J'ai marché dans la rue. C'était l'après-midi
Et là je me suis dit :
"Je n'aime pas la pluie" Oui, très intéressant...
Tu vois le temps qui fuit Sur les rues, sur les gens...
Ça coule et puis ça suit Le caniveau puant.
Ça coule et puis ça luit Le faciès des passants.
Je sais pas... ça me rend... Nerveux et pas content ! Et ce goudron qui pue... Rien de plus pétrifiant !
C'est donc après la pluie, À travers un nuage :
Un rayon ; l'éclairage... J'apprécie là la vie.




mise à jour le 27 juillet 2017


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