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Geteilte Räume – Ausdruck von Relation und Konfliktualität in lebensgeschichtlichen Korpora (Espaces partagés – expression de la relation et de la conflictualité dans les corpus d’histoire orale)

du 22 mai 2025 au 23 mai 2025

Colloque international

Organisation : Patrick Farges, Elisa Goudin-Steinmann, Anne Larrory-Wunder, Ricarda Schneider


Présentation

Le colloque parisien de 2025 doit permettre de poursuivre les réflexions menées régulièrement depuis plus de dix ans au sein du groupe international de recherche sur le corpus dit « israélien » (Betten 1995) et les corpus apparentés dans le domaine des études post-migratoires. Le groupe de recherche se caractérise par son interdisciplinarité et par sa volonté de combiner des méthodes et des outils issus de la linguistique, de la sociologie, de la littérature, de l'histoire et de l'histoire orale à partir de corpus d'entretiens et d'archives orales existants.

Lors du colloque parisien de 2025, il s'agira d'interroger les similitudes et les différences des corpus mis en évidence par le travail sur les entretiens biographiques, les récits de vie, les autobiographies écrites et/ou les ego-documents, qui sont autant de façons de se raconter, d'ordonner ses souvenirs et de se considérer comme partie prenante de l'histoire. Les corpus étudiés contiennent des traces des ruptures et bouleversements historiques qui ont marqué l'histoire de l'espace germanophone au 20e siècle et qui ont provoqué différentes formes de migration.

Le colloque se donne pour objectif d'explorer les relations entre 1) les expériences de mobilité, 2) l'inscription spatiale des interactions sociales et 3) les territoires en tant qu'espaces investis socialement et politiquement. 

Il s'agit en particulier de s'interroger sur le (non) partage des espaces dans différents contextes politiques marqués par le conflit, la dictature, la colonialité et l'accès inégal aux ressources. Par ailleurs, les aspects culturels et linguistiques jouent également un rôle, par exemple dans la question de la préservation de la culture et de la langue ou de l'adaptation dans le pays de l’exil.

Partager l’espace peut s’entendre au sens de la mise en commun ou au sens de la division et de la répartition. A ces différences de sens, qui sont dues à des modèles de formation de mots allemands tels que la substantivation des verbes et l'ajout de particules verbales (teilen, geteilt, aufteilen, etc.), s'ajoutent, selon le contexte, des connotations plutôt positives ou plutôt négatives.

Les espaces partagés, en particulier les régions frontalières, sont souvent le théâtre de conflits. Dans les récits du corpus israélien, il s'agit souvent, dans le contexte d'expériences antisémites, de nouveaux partages de l'espace en raison de l'impossibilité d'accéder à certains espaces publics. Mais l'espace peut aussi être un espace commun que l'on partage, même si l'on en fait un usage différent. Les espaces partagés peuvent conduire à une décentralisation du pouvoir politique (repli sur soi, existence de « niches » en RDA par exemple). 

L'intérêt pour les espaces et les concepts spatiaux repose sur la reconnaissance du fait que les espaces sont davantage que des lieux physiques : ce sont des constructions sociales marquées par les actions humaines, les représentations et les rapports de force. Les espaces portent des significations symboliques qui résultent d'événements historiques, de pratiques culturelles et de processus sociaux. Cet aspect joue également un rôle décisif dans la recherche sur l'exil : comment les migrants sont-ils marqués par de nouveaux espaces, comment façonnent-ils leur nouvel environnement et comment cela modifie-t-il la société d'accueil ? Les chercheur.euses sur l'exil s'intéressent à la charge symbolique des espaces et à leur rôle dans la mémoire collective. La signification des « espaces partagés » dépend fortement de l'accent mis sur les avantages potentiels du partage, comme l'enrichissement culturel et la coopération, ou sur les aspects négatifs, comme les conflits et les inégalités sociales. Il est important de considérer les deux aspects afin de développer une compréhension globale des effets des divisions spatiales et de mettre en lumière les dynamiques multidimensionnelles de ces processus.

Les corpus oraux, auxquels les contributions ne doivent pas nécessairement se limiter, offrent un aperçu précieux des expériences subjectives, des perceptions et des interprétations qui ne se trouvent souvent pas dans les documents écrits. Ces sources permettent d'explorer la manière dont les espaces partagés sont perçus au quotidien et la signification qui leur est attribuée. Les récits oraux peuvent révéler ou laisser transparaître des liens émotionnels, par exemple à travers la voix. Les sources littéraires peuvent offrir d'autres perspectives. Dans une perspective linguistique, l'accent sera mis sur les moyens linguistiques utilisés pour construire discursivement la référence au partage des espaces ou aux espaces « partagés », dans les deux sens du terme, et sur la signification que ces différents moyens revêtent. Dans les entretiens autobiographiques, cela se traduit notamment par des constellations discursives : comment interagissent les références à l'espace, au temps et aux personnes, quelles sont les modalités de marquage spatial, d’expression des émotions ? etc.

Les souvenirs de faits localisés dans le temps et dans l'espace constituent souvent l'arrière-plan des récits, et sont à ce titre racontés ou rapportés dans l'interview. Le rôle de la conduite de l'entretien est ici intéressant, dans la mesure où la compréhension des espaces partagés en arrière-plan peut être considérée comme simple ou, au contraire, comme problématique. On peut se demander si des espaces partagés (au sens d'espaces communs) peuvent être créés lors de l'entretien ou s'il ne s'agit pas plutôt du processus d'ajustement d'espaces pré-constitués. 

Nous analyserons donc un large éventail de questions, parmi lesquelles, mais non exclusivement :

  •     Les divisions politiques et territoriales : les frontières, les conflits frontaliers, le colonialisme, la formation et la désintégration des États.
  •     Les divisions économiques et infrastructurelles (l'Allemagne après l'unification, par exemple).
  •     Espaces idéologiques et symboliques.
  •     Perspectives transnationales dans la migration et l'exil.
  •     Espaces partagés et référence aux personnes.
  •     Partage d'expériences et de souvenirs d'espaces dans le récit.
  •     Études sur certains espaces « partagés », p. ex. la Palestine, l'Afrique du Sud, l'Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

Type :
Colloque / Journée d'étude
Lieu(x) :
Maison de la Recherche - 4 rue des Irlandais - 75005 PARIS
Université Sorbonne Nouvelle

mise à jour le 13 décembre 2024


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