Organisatrice : Brigitte Le Gouez et Anne Boulé

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Présentation : Si le cinéma a, depuis ses origines mêmes, accordé une place de choix à la figure du travailleur et au travail lui-même – du tout premier court-métrage tourné à la sortie des usines Lumière aux mythes visionnaires que sont Metropolis ou Les Temps modernes –  il est aussi, souvent, tel un sismographe, révélateur des ébranlements qui affectent le tissu social et en menacent la cohésion.

Alors que l’émergence du « precariato » avait, dès le début des années 2000, attiré l’attention des journalistes, des sociologues, des romanciers et des spécialistes de littérature, avant qu’y soient consacrés divers colloques universitaires, toutes les pistes n’ont pas été explorées dans le domaine de la représentation filmique. Ce médium est ici privilégié pour capter les reflets d’un délitement en cours - celui du statut du travailleur - et analyser comment la précarité devient une condition structurelle du travail salarié, dans une société caractérisée par « la montée des incertitudes » (R. Castel, 2009). Nombreux sont les réalisateurs italiens qui ont abordé le sujet : Valsecchi, Francesca Comencini, Di Gregorio, Virzì, Amelio, Sibilia… pour ne citer que ceux dont les œuvres ont été les plus marquantes.

En prise directe avec ce phénomène de société, responsable d’un véritable brain drain qui accentue la crise démographique d’un pays vieillissant, les productions analysées ici couvrent deux décennies. Héritier de ce qu’on a appelé « la comédie à l’italienne », le cinéma italien sait souvent faire rire à partir de situations qui, plus naturellement, porteraient au désespoir : la question du genre sera aussi évoquée. 

Au croisement des perspectives culturelles, sociologiques, anthropologiques et civilisationnelles, des chercheurs universitaires internationaux, pour lesquels le cinéma est un terrain de recherche mais parfois aussi une pratique, sont invités ici à croiser leurs regards.