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Elisabetta Simonetta

le 11 janvier 2012

Elisabetta Simonetta, 25 ans, étudiante en Master 2 Recherche Etudes italiennes

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   Je pourrais définir l'année universitaire 2008-2009 comme celle du «tournant».

   À l'époque, je vivais encore en Italie et j'étais inscrite en 2e année au département d'Italien de l'Université de Florence. Je me rappelle que j'avais choisi le parcours de littérature moderne et contemporaine et c'est justement lors d'un cours sur les Notturni in poesia au Novecento que j'ai rencontré pour la 1e fois Pierre.

   Il venait juste d'arriver en Italie, c'était un étudiant Erasmus provenant du Département d'études italiennes de l'Université de la Sorbonne Nouvelle, et il avait impressionné un amphi entier en posant une question très pointue et pertinente à notre Professeur, à la fin de son cours.

   Dans l'ambiance universitaire italienne, il est vraiment rare qu'un étudiant pose des questions avec autant d'aisance et d'assurance. Je me rappelle qu'il s'était même levé de sa place au fond de la salle - il s'agissait d'un cours magistral qui se tenait dans un grand amphi - et qu'il s'était rapproché de la table du Professeur pour se faire voir et entendre de tout le monde. Une semaine après, pendant ce même cours et dans cette même salle, il a exposé, dans un italien correct, un travail personnel, brillant et passionnant, sur les rapports entre Modiano et Tabucchi. J'étais admirative. Où un étudiant si jeune avait-il appris à argumenter si solidement et de façon si convaincante ses propres réflexions ?

   Pierre et moi devînmes bientôt bons amis, une amitié qui dure encore ; c'est lui qui m'a parlé pour la première fois du système universitaire français, de l'UFR d'Italien de Paris 3 et de son équipe pédagogique. Par ses descriptions de son université, ce jeune Français donnait vraiment envie de la découvrir. J'étais très satisfaite par mes études et par ma vie à Florence, dont l'Université est sans aucun doute l'une des meilleures en Italie, pourtant je commençais à me dire que j'aimerais vraiment pouvoir moi aussi partir étudier à l'étranger, apprendre une langue qui me fascinait énormément et me confronter à un nouveau monde universitaire...

   C'est ainsi qu'au mois de septembre suivant je montais pour la première fois au 5e étage du centre Bièvre, où se trouvent les locaux administratifs et la bibliothèque du département d'italien de l'Université Paris 3, pour procéder à mes inscriptions pédagogiques, en qualité d'étudiante Erasmus.

   Je dois avouer que, au début, cela n'a pas été facile de m'adapter et d'adopter une nouvelle méthodologie universitaire, non seulement en ce qui concerne la rédaction et l'exposition, mais aussi l'approche des sujets traités et la façon de les assimiler. Cependant, je ne me suis jamais sentie égarée, je n'ai jamais eu l'impression d'être un numéro anonyme parmi tant d'autres. Chaque fois que j'ai eu besoin d'un renseignement et/ou d'un conseil, il a suffi d'une main levée ou d'un petit mail pour avoir une réponse pertinente et efficace de la part d'un enseignant. Toute l'équipe pédagogique du département d'Italien et son personnel qualifié sont caractérisés par une grande humanité et une disponibilité exemplaire envers les étudiants, qui n'ont d'égales que la préparation et le dévouement des enseignants à leur métier.

   Le 1er semestre s'est donc très bien passé, et bien que le 2e ait été un peu mouvementé à cause des grèves organisées, comme partout en France, contre la réforme des universités, en particulier la loi LRU, le département a fait en sorte que les étudiants ne soient pas pénalisés et a géré au mieux cette situation délicate. Les enseignants ont donné aux étudiants la possibilité de valider leur semestre, et donc leur année, en fournissant des bibliographies de référence et des notes intégratives et en nous permettant soit de soutenir des examens oraux, soit de rendre nos travaux par écrit. Bien avant la fin de ce deuxième semestre pourtant un peu particulier, je savais déjà que je ne voulais pas rentrer en Italie, ni reprendre mes études à Florence, mais plutôt rester à Paris et continuer ma formation au Département d'italien de Paris 3.

   Si l'on me demandait pourquoi j'ai voulu rester, en bouleversant ainsi toute ma vie et mes projets précédents, alors que j'étais inscrite dans une Faculté italienne renommée et que j'avais déjà fait mon expérience à l'étranger, je répondrais que les « pour » l'emportaient sur les « contre », d'un point de vue qualitatif étroitement lié à mes envies, à mes besoins, à ce que j'attendais de mon université et de la formation dispensée.

   Je suis fortement persuadée que les études universitaires doivent être synonymes de passion et d'épanouissement, et c'est bien pour cette raison qu'il est très important de pouvoir travailler dans une ambiance qui permet l'échange et le dialogue, non seulement entre étudiants, mais aussi et surtout avec les enseignants. J'ai retrouvé cette atmosphère motivante et détendue au département d'Italien, qui permet d'un côté de bien travailler et d'assimiler les contenus des sujets traités, et de l'autre de pouvoir s'exprimer et réinterpréter librement concepts et théories toujours susceptibles d'analyse et de débat, ce qui en fait le lieu idéal pour découvrir et cultiver un intérêt pour la recherche.

   Depuis le début de mes études à Florence, j'ai toujours envisagé l'éventualité de me consacrer un jour à la recherche universitaire ; c'était un rêve et je ne pouvais pas concevoir le moyen de le réaliser dans les faits. Tout a commencé à prendre forme une fois admise et inscrite, par validation d'acquis, en Master I Recherche, l'une des possibilités de poursuite d'études après la licence qu'offre le département. Dès les premiers mois, j'ai réfléchi à une période historico-littéraire qui m'intéressait en particulier et j'ai aussi repéré de façon assez générale un sujet qui me passionnait. C'est à ce moment-là, après cette réflexion large et susceptible d'évoluer, qu'on contacte l'enseignant le plus qualifié en fonction de la période et du sujet choisis, pour encadrer ce tout premier travail de recherche.

   Mon choix concernait, et concerne encore, l'écriture féminine de la Renaissance. C'était pour moi le sujet le plus passionnant et le plus riche en possibles développements. Mais, alors, comment procède-t-on ?  Un cours du 1er semestre du Master 1 est consacré à la méthode pour mettre en forme et rédiger un mémoire. En outre, ce semestre-là, trois journées d'études ont eu lieu pendant lesquelles on nous a expliqué la marche à suivre pour interroger le catalogue des plus grandes bibliothèques parisiennes. Nous avions donc été suffisamment «briefés» sur les premières étapes du travail de recherche à mener. Personnellement, j'ai trouvé cette phase initiale très agréable, notamment la partie documentaire, consacrée à la constitution d'une 1e bibliographie de référence.

   J'ai beaucoup aimé repérer des textes, aussi bien à Paris qu'à Florence, contacter des spécialistes qui avaient traité ou abordé mon sujet de recherche. Je me laissais guider par mes lectures, conseiller par des chercheurs connus ou des étudiants plus âgés qui avaient déjà rédigé un mémoire ; j'étais motivée et stimulée par toutes les informations et les suggestions que je recevais tous les jours, provenant des sources les plus différentes. J'aimais ce nouvel univers d'intertextualité, fait d'échos et de voix nouvelles, il me fascinait et m'intimidait à la fois... il y a de quoi se perdre dans cette Babel en évolution perpétuelle ! Et si je ne me suis pas « noyée » dans une si vaste mer, c'est surtout grâce à l'expérience de mon directeur de mémoire, qui non seulement a toujours fait preuve à mon égard de générosité intellectuelle, en m'apportant des conseils précieux et des remarques pertinentes, mais m'a aussi réellement guidée tout au long de mon travail, en dirigeant et corrigeant au fur et à mesure les pages que j'écrivais, dans la forme comme dans le contenu.

   Quelle satisfaction au final de voir son propre mémoire imprimé et relié, rédigé correctement dans une autre langue que l'italien, comme la preuve tangible d'un long travail personnel, enrichissant et formateur !

   C'est donc avec plus de sérénité et de confiance en soi qu'on accepte le défi du Master 2, une année pendant laquelle il faut faire ses premiers pas de façon plus autonome, puisqu'on sait déjà plus ou moins où l'on veut aller et comment, riche de l'expérience du Master 1. À ce moment, il est très important de participer aux nombreux séminaires organisés par le département, et d'assister aux colloques et aux journées d'études. Il faut comprendre qu'apprendre, faire des études n'est pas une activité passive à laquelle on se livre en solitaire à la maison ou à la bibliothèque, mais aussi et surtout un échange actif, un dialogue ouvert, une participation et un investissement personnel. Le département d'Italien, avec toutes ses initiatives culturelles, ses conférences tenues par des spécialistes renommés et son excellente équipe pédagogique, permet à qui le souhaite de se plonger véritablement dans un milieu académique fertile et très stimulant, et d'en faire réellement partie !

  J'estime que je suis chanceuse de pouvoir poursuivre mes études et mes recherches dans une ambiance si favorable et si accueillante. Personnellement, j'ai continué à suivre le chemin tracé par mon M1, car beaucoup de choses restent encore à dire sur le sujet si vaste, presque intarissable, qu'est le phénomène de l'écriture des femmes au XVIe siècle en Italie. Je pense qu'une vie de recherche ne suffirait pas à épuiser le sujet, et c'est justement cela qui me motive davantage ! L'idée serait donc pour moi de prolonger mes études dans le cadre d'un doctorat de recherche, toujours à Paris et toujours à la Sorbonne Nouvelle. Cela dit, je n'oublie pas non plus qu'il est possible et même souhaitable de tenter les concours d'enseignement - le département offre en effet aussi une excellente préparation au CAPES et à l'Agrégation d'italien -, car je suis tout à fait consciente de l'importance d'avoir l'Agrégation lorsqu'on envisage d'embrasser la carrière universitaire.

   Il faut préciser que les possibilités de poursuite d'études que je viens d'évoquer, et qui concernent mon itinéraire personnel, ne représentent qu'une partie des formules offertes par le cadre polyédrique de formation du département d'Italien de la Sorbonne Nouvelle. Il n'y a pas que le Master Recherche, il existe aussi un Master Enseignement et prochainement un Master professionnel Traduction et Industries culturelles, sans compter la possibilité de partir en Italie dans le cadre d'un échange européen, le département ayant des partenariats avec de nombreuses universités italiennes.

   Je voudrais conclure ce qui pourrait sembler être une sorte d'apologie des études italiennes à Paris 3, mais qui est en fait la simple vérité telle que je l'ai vécue et continue de la vivre dans cette université, en invitant tous les jeunes passionnés de la langue, de la littérature et de la culture italienne à venir les découvrir et les savourer dans toute leur richesse et authenticité à la Sorbonne Nouvelle. C'est un conseil donné en toute bonne foi par une Italienne qui, au 5e étage du Centre Bièvre, a retrouvé tout ce qu'elle aime de son pays.

Type :
Portrait

mise à jour le 29 juin 2015


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