Objectifs
La dénomination des moments linguistiques n’est pas neutre. Pour une époque donnée, l’imposition de tel ou tel nom engage un rapport au temps et à l’histoire différent. Ainsi, il n’est pas strictement équivalent de désigner la coupe linguistique comprise entre 1600 et 1700 par les termes de « français du XVIIe siècle », « français préclassique et classique », ou encore « français de la première modernité » ; de désigner la tranche comprise entre 1500 et 1600 comme « français du XVIe siècle », « moyen français » ou – parmi d’autres possibilités – comme « français renaissant ». Chaque choix terminologique mobilise une périodisation originale, une dialectique propre entre le mouvement continu et discontinu de l’histoire, un rapport au passé (révolu ? pérenne ?) différent, une articulation et une dynamique singulières entre le présent, le passé et le futur. Ce sont ces « régimes d’historicité » et leurs enjeux tout à la fois épistémologiques et pratiques que l’on se propose de mettre au jour, à travers l’exemple du français en diachronie, en se fondant notamment – mais sans exclusive – sur les travaux de l’historien F. Hartog (2003 : Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps). Dans le cadre de ce séminaire, les rapports entre la périodisation de la « langue littéraire » d’une part et celle de la « langue commune » de l’autre constitueront le fil conducteur de la réflexion.