L’objet du séminaire est de situer les réalités passées et actuelles contenues dans la notion contemporaine de « Soft Power » et de voir comment les politiques linguistiques et leurs prolongements culturels peuvent en constituer un des éléments constitutifs.
L’histoire des dispositifs institutionnels et des pratiques de diffusion des langues en Europe et dans le monde montre en effet que celles-ci dépendent des équilibres économiques, technologiques, politiques, militaires et sociaux établis à un moment donné.
À cet égard, le Soft Power défini comme organisation consciente d’un rayonnement culturel doit être mis en relation avec les différentes formes d’organisation du pouvoir et des sociétés, notamment dans leur dimension étatique et au plan des relations internationales.
Un accent particulier sera mis sur la notion d’« Empire » et ce qui, au cours de l’histoire comme aujourd’hui, peut différencier et parfois lier l’Empire et la Nation, notamment en ce qui concerne les langues et la culture. On examinera également le jeu des facteurs culturels spécifiques, notamment celui du degré de spécialisation qui peut être assigné à des langues diverses dans un espace donné en fonction des types de messages à transmettre : religieux, juridiques, scientifiques, diplomatiques, militaires, politiques, techniques, scolaires, littéraires, privés. Au-delà de ces rappels historiques qu’on illustrera, on s’efforcera d’approcher la situation actuelle tant du point de vue théorique que technologique (internet) et institutionnel.

Au long du séminaire, on s’attardera sur certaines études de cas :
• Dans l’Antiquité, quel a pu être le rapport entre le Grec et le Latin du point de vue de la prééminence culturelle ?
• En quoi la création de l’Académie française (1634-1635) s’est-elle inscrite dans un projet explicite de conquête culturelle ?
• Comment apprécier la trajectoire, à la suite de celle de l’Alliance française (1883), des instituts de diffusion des langues et des cultures que sont le British Council, le Goethe Institut, les Instituts Cervantès ou Confucius ?   
• Quel rôle joue le Prix Nobel de littérature (1901) en matière de langues et des cultures ?
• Paris, capitale de l’édition francophone : les cas d’Ahmadou Kourouma et Dany Laferrière

Bibliographie

ANDERSON Benedict, L'Imaginaire national : Réflexions sur l'origine et l'essor du nationalisme, [Londres, 1983], Paris : La Découverte, 1996 ; nouv. éd., 2002, 213 p.
CALVET L.-J., Langues : quel avenir ? Les effets linguistiques de la mondialisation, Paris : CNRS éditions, 2017, 272 p.
DAHKLIA J., Lingua franca. Histoire d’une langue métisse en méditerranée, Arles : Actes sud, 2008, 591 p.
FRAISSE E., Littérature et mondialisation, Paris : Champion, 2012, 208 p.
FRAISSE E., Edition, littérature, lecteurs en France. De l’imprimerie à internet, Paris : L’Harmattan, 2017, 241 p.
LAURENS H., L’empire et ses ennemis, la question impériale dans l’histoire, Paris : Seuil, 2009, 256 p.
MARTEL F., Mainstream, Enquête sur la guerre globale de la culture et des médias, Paris : Flammarion, 2010 ; éd. revue, Paris : Flammarion, coll. « Champs actuel », 2011, 581 p.
Mc CLORY, J.  The Soft Power 30. A Global Ranking of Soft Power, PORTLAND / US Center for Diplomacy, https://softpower30.com/wp-content/uploads/2017/07/The-Soft-Power-30-Report-2017-Web-1.pdf, 152 p.
MATTELART A., Diversité culturelle et mondialisation, Paris : La Découverte, 2005 ; nouv. éd. 2007, 122 p.
SAPIRO G. (dir.), Les contradictions de la globalisation éditoriale, Paris : Nouveau monde éditions, 2009, 412 p.
 

 

Les mercredis

20 et 27 novembre
4 et 11 décembre 2019

de 14h à 17h

Salle de formation du pavillon

Maison de la Recherche 4, rue des Irlandais 75005 Paris