ED 267 >> Formation Doctorale

ED267 2022/2023 Chaire Roger Odin

Responsable : Jean-Pierre Bertin-Maghit

Séminaire en bimodal

Le mardi de 16h à 18h
Salle Pierre-Jean Mariette
INHA - 2 rue Vivienne 75002 Paris

attention séance du 7 mars entièrement en visioconférence
 

Vous devez inscrire au préalable à partir de janvier 2022 auprès de l'enseignant responsable: jp.bertin-maghit@wanadoo.fr  pour recevoir le lien .

Séminaires du professeur  Angel Quintana Morraja 17- 24 et 31 janvier 2023

Àngel Quintana est professeur d'histoire et de théorie du cinéma à l'université de Gérone (Espagne). Il a publié de nombreux ouvrages sur le cinéma, notamment en espagnol, El cine italiano 1941-1960 (Paidós, 1997), Fábulas de lo visible (Acantilado, 2003), Después del cine (Acantilado, 2011), ainsi qu’en français Federico Fellini (Cahiers du cinéma, 2007), Virtuel ? (Cahiers du cinéma, 2008), Lorca et le cinéma (Nouvelles Editions Place, 2019), Dylan et le cinéma (Nouvelles Editions Place, 2021). Il a été professeur invité à l'Université de Lausanne, à la Sorbonne Paris IV, à l'Universidad de los Andes (Bogotá), à Flacso Buenos Aires et à l'École nationale de cinéma de Téhéran. Il est le chercheur principal d'un groupe consolidé sur les relations entre le cinéma des premiers temps et le cinéma contemporain. Son dernier projet porte sur les mondes virtuels dans le cinéma ancien. Il a également été critique de cinéma dans différents médias, dont le magazine Caiman Cuadernos de cine (anciennement Cahiers du cinéma-Espagne).
 

Cinéma et réalité. Modèles de représentation réaliste à l’ère numérique

 En 2003 a été publié en Espagne mon livre Fábulas de lo visible, el cine como creador de realidades (Acantilado), lauréat du prix de l'Asociación de historiadores del cine pour la meilleure étude sur le cinéma publiée en Espagne en 2003. Dans le livre je partais des formes de réalisme du XIXe siècle pour entrevoir comment la tradition réaliste avait marqué l'histoire du cinéma. De la relation entre le cinéma classique et la littérature du XIXe siècle aux modèles réalistes de Jean-Marie Straub/Danièlle Huillet et Abbas Kiarostami, l’étude propose une réflexion théorique sur la notion de réalisme. Nombre de ces idées ont évolué avec l'introduction de la technologie numérique, dans laquelle la crise de l'empreinte cinématographique et l'irruption de l'image analogique ont donné lieu à de nouveaux horizons et perspectives de confrontation avec la réalité. En 2007, j’avais publié le livre Virtuel ? À l`ère du numérique, le cinéma est le plus réaliste des arts (Cahiers du cinéma) et puis en 2011, Después del cine. Imagen y realidad en la era digital (Acantilado). Le désir de ces conférences est d’ouvrir un nouveau chemin de recherche qui puisse servir de mise au point de certaines idées. Alors que la technologie cherche des moyens illusionnistes de créer du photoréalisme par la capture de performance ou de mouvement, le cinéma cherche de nouvelles façons d'exprimer la réalité qui nécessitent parfois des artifices, comme les alliances entre le documentaire et l'animation, ou un certain cinéma qui met en crise les dispositifs pour chercher un retour à la simplicité de la mise en scène. Quel est le futur du réalisme face au virtuel ?

Séminaire 1 : Mardi 17 janvier 2023

Les théories du réalisme face à l'émergence de la virtualité

 La conférence prend comme point de départ trois des principales théories réalistes au cinéma : André Bazin, Siegfried Kracauer et Stanley Cavell. En partant de certaines idées telles que l'ontologie de l'image cinématographique de Bazin ou la rédemption de la réalité physique de Kracauer, nous discuterons de la manière dont la transformation de l'image en données et en pixels crée une nouvelle façon de penser la relation entre l'image et le monde. Le réalisme de l'image numérique repose sur l'idée d'une hybridation de l'image, la situant dans une sphère intermédiaire entre le concept aristotélicien de représentation et celui de reproduction du réel par la trace physique. Comment définir cette image hybride ? Comment, à l'heure de l'émergence de nouvelles formes de réalité virtuelle et augmentée, réévaluer la fonction de l'image réaliste ?

Séminaire 2 : Mardi 24 janvier 2023

 L'apesanteur de l'image numérique : corps et paysages virtuels

           Depuis quelques années, on constate que la question de la représentation du corps est devenue l'un des enjeux de l'image numérique. Si, comme l'a certifié Lev Manovich, une part essentielle de la postproduction à grande échelle tend vers un retour à l'animation, on peut constater un échec dans la création de corps et de masques à partir d'images de synthèse. La motion capture représente un retour à la capture de l'empreinte physique. Tous ces facteurs nous amènent à réfléchir à la manière dont le corps hybride est présenté comme un corps en apesanteur qui déambule dans des paysages virtuels qui ont perdu leurs racines dans le mode physique. Quels sont les fondements de ce modèle d'illusionnisme technologique ? Du concept de nouvelle chair proposé par David Cronenberg aux corps dématérialisés de certains blockbusters actuels, nous tenterons de réfléchir à la dématérialisation de l'image et aux paradoxes générés par le rêve dit photoréaliste.

Séminaire 3 : Mardi 31 janvier 2023

Les défis de l'image numérique face à la vérité et à la post-vérité.

Depuis son introduction massive, la technologie numérique a  mis en crise la lourdeur du dispositif cinématographique classique et a permis de tourner avec des caméras légères. Elle a permis de se rapprocher de l'intime et d'accroître la possibilité de saisir l'hypothétique vérité du monde. Parallèlement aux rêves virtuels, l'image numérique a exploré de nouvelles formes de réalisme qui se sont révélées dans le documentaire, le développement du film d'essai, le retour à un certain réalisme social et un modèle de réalisme critique qui montre de nouvelles formes de distanciation par rapport à l'illusionnisme de l'image. L'image numérique a permis une prolifération d'images de toutes sortes. Elle a généré une délocalisation du cinéma de ses espaces ordinaires vers de nombreuses sphères de l'audio-visuel. Alors que la notion d'image en tant que document ou archive gagne du terrain, la vérité des images est menacée par la post-vérité.

 

 

 

 


Séminaires du professeur  Martin Lefebvre  7, 14 et 21 février 2023

Martin Lefebvre est directeur de l’École de cinéma Mel Hoppenheim de l’Université Concordia. Il est également professeur titulaire et titulaire de la Chaire de recherche en études cinématographiques de l’Université Concordia. Rédacteur en chef de la revue Recherches sémiotiques/Semiotic Inquiry, il a animé pendant plusieurs années le groupe de recherche ARTHEMIS (Advanced Research Team on the History and Epistemology of Moving Image Studies). En 1990 il a co-fondé le diplôme de 1er cycle en « Film Studies » à l’Université d’Alberta et en 2008 il a fondé le doctorat en « Moving Image Studies » à l’Université Concordia. Il est l’auteur d’un ouvrage sur la scène du meurtre sous la douche dans Psychose (Hitchcock, 1960) et d’un autre sur le cinéma de François Truffaut. Il a dirigé de plusieurs ouvrages collectifs et a publié de nombreux articles sur la théorie du cinéma, sur la sémiotique, sur la pensée de Charles S. Peirce, sur la photo et le cinéma.

 Sémiotique, image photographique, effets spéciaux cinématographiques

Nos trois conférences visent à contribuer à l’étude des images dans une perspective qui s’inspire des travaux du philosophe américain Charles S. Peirce. Cette perspective est à la fois logique et pragmatique. C’est-à-dire qu’elle s’interroge tant sur les conditions de la représentation que sur l’usage des signes. Après un survol des principaux axes de la pensée « sémio-pragmatique » de Peirce nous examinerons deux types de corpus, soit d’abord un corpus photographique marqué par des usages sémiotiques distincts, puis un corpus cinématographique regroupé autour de la notion d’ « effet spécial ». 

Séminaire 1 : mardi 7 février 2023

Peirce et l’image

La philosophie pragmatique et la sémiotique de Charles S. Peirce demeurent un continent largement inexploré par les chercheurs qui étudient l’image fixe ou animée. Par exemple, des concepts comme ceux d’icône, d’indice et de symbole sont utilisés de manière souvent réductrice sans égard pour le système de pensée à la fois logique, phénoménologique et pragmatique qui préside à leur élaboration.

  Dans un premier temps, cette conférence sera l’occasion de faire un bref survol de la pensée sémiotique de Peirce dans son contexte logique et pragmatique. Nous passerons en revue le signe et ses corrélats (objet et interprétant) ; le modèle inférentiel de la sémiose ; les notions d’usage et de visée (purpose) ; de même que la classification des signes.

Dans un deuxième temps nous prendrons en considération le cas de l’image photographique. C’est un truisme aujourd’hui de dire de la photo qu’elle est iconique et indiciaire puisqu’elle offre souvent une ressemblance de ce qu’elle représente et, surtout, qu’elle en constitue une trace existentielle. Toutefois, une étude sémiotique de la pratique photographique suppose qu’on pousse beaucoup plus avant cette observation qui s’arrête à une description du mode mécanique de production des images photographiques. Notre argument est qu’analyser sémiotiquement la photographie suppose que l’on prenne en considération l’usage qu’en font les photographes et les spectateurs, entendu que cet usage est assujetti à une visée. Usages et visées varient grandement pour chaque cas d’espèce et on ne saurait les « codifier » au sens strict, tout au plus devons-nous prendre en compte l’aptitude de chaque photo à servir certaines visées.

Séminaire 2 : mardi 14 février 2023

Les effets spéciaux au cinéma : définition et considérations sémiotiques

(conférences 2 et 3)

Les effets spéciaux ont formé jusqu’à tout récemment un domaine assez peu étudié par les chercheurs en cinéma. La « révolution » numérique aura eu pour effet de changer la donne et on voit aujourd’hui bon nombre d’ouvrages consacrés à leur étude.

Dans la première de ces deux conférences nous interrogerons d’abord certaines des raisons qui avaient fait des effets spéciaux un mauvais objet pour la critique et la théorie du cinéma et ce, jusqu’à tout récemment. Ensuite nous nous efforcerons de définir ce qu’il faut entendre par « effets spéciaux » à travers différentes déclinaisons de l’idée, ou métaphore, de l’écart. Autrement dit, nous souhaitons examiner la manière dont les effets spéciaux au cinéma — leur nature et leur utilisation, l’expérience que nous en avons, et même ce que nous en pensons — est déterminée par diverses formes de différence ou bien par une série de discontinuités que la notion ou l’« image » d’un écart, d’une séparation ou d’un espace « entre-deux » permet d’appréhender le mieux. L’écart est une image qui vient à l’esprit quand on considère certains des tout premiers effets spéciaux (tels ceux déployés par Georges Méliès). Ce faisant, nous en viendrons à expliquer pourquoi nous préférons retenir l’expression « effets spéciaux » plutôt que d’y substituer celle d’ « effets visuels », plus récente, et dont l’usage a été défendu de manière très convaincante par Stephen Prince (2012), pour ne citer que lui.

Séminaire 3 : mardi 21 février 2023

Effets spéciaux et jeu d’écart sémiotique

Faisant suite à la conférence précédente, notre 3ème intervention joint l’enquête sur les effets spéciaux à la sémiotique peircéenne. Les images produites aux moyens d’effets spéciaux ont un statut sémiotique assez évident : elles visent la plupart du temps à tenir lieu de quelque chose qui n’a pas été montré en vertu d’une certaine contrainte qui en rend la monstration photographique impossible, illégale ou dangereuse ou, plus simplement, difficile. Or, c’est là un terreau particulièrement fertile pour s’interroger sur la représentation au cinéma. Notre étude fera donc appel aux effets spéciaux pour revenir sur les concepts d’icône et d’indice d’abord présentés lors de notre première conférence. À partir de certains exemples, nous verrons notamment comment certaines stratégies visuelles utilisent des signes iconiques qui passent aussi (mais faussement) pour des indices, assurant une nouvelle forme d’écart dans notre compréhension des effets spéciaux. La sémiotique peircéenne saura se révéler un outil puissant pour l’analyse des images.


Séminaires du professeure Isabelle Raynaud 7, 14 et 21 mars 2023

Scénariste, réalisatrice et consultante en scénarisation, Isabelle Raynaud détient un PhD sur l’histoire, la théorie et la pratique de l’écriture scénaristique des débuts du cinéma à aujourd’hui (Universités de Paris 3 et Paris 7). Elle est professeure titulaire en cinéma à l’Université de Montréal, Québec, Canada. Isabelle Raynaud est également Fellow Scholar/Filmmaker à l’Open Documentary Lab du MIT. Elle écrit et réalise des films de fiction et des documentaires qui ont remporté de nombreux prix ( « Meilleur documentaire », Prix Jutra (Iris) pour Le Minot d’or ; « Meilleur montage », « Meilleure musique », et Prix Gémeaux « meilleur documentaire scientifique » pour Le cerveau mystique ONF, Un homme à l’île de Sark, Histoires de zizis (Radio-Canada), « Meilleur scénario » pour Emporte-moi (fiction, et Prix Œcuménique, Berlin).  Son plus récent film : De la musique pour le cerveau/Tuning the Brain with Music (78 min et 52 min), produit par la compagnie oscarisée Bunbury Films à Montréal a été présenté au Cinéma du Musée des Beaux-Arts de Montréal (2ème au box-office) à San Diego, New-York, Toronto, Boston, Houston, Paris  et a été diffusé sur les ondes de Radio-Canada en mars 2021. 

En 2016 Isabelle Raynaud réalise un film en Réalité Virtuelle : Poetry in Motion : Reverse in Havard Yards with sound artist HalseyBurgund, (360 stéréo, son ambisonique 4 min)  qui a été sélectionné au MIT, 2016 ;  au MIFA et FIFA, 2017 et au Electronic Literature Organization Festival, 2018. 

Elle a récemment publié deux livres Lire et écrire un scénario. Fiction, documentaire et nouveaux médias, Dunod/Armand Colin, Collection cinéma/arts visuels, édition (2012) revue et augmentée, Paris, 2019 

Reading and Writing a Screenplay. Fiction, Documentary and New Media, Routledge, Londres, 2019. 

Elle est chercheure principale (équipe, CRSH Savoir) de Raconter-cartographier : la scénarisation transmédiale (2019-2023).

 La scénarisation sous toutes ses formes

Nos trois séances porteront sur  la scénarisation sous toutes ses formes, des premiers scénarios cinématographiques aux documents scénaristiques d’aujourd’hui (dessins, maquettes, post-it, cartographies). Nous réfléchirons à la mise en scène et la création cinématographique narratives et non narratives, des débuts du cinéma aux nouvelles technologies et plateformes actuelles -films; installations, projets web; en réalité virtuelle, mixte ou augmentée (VR et AR), documentaires immersifs, interactifs et participatifs, de co-création, nouvelles plateformes et nombreux dispositifs de création et de diffusion.

Séminaire 1 : Mardi 7 mars 2023
entièrement en visioconférence
meet.google.com/uht-fqbs-phy

Scénarisation et technologies : qu’est-ce que raconter ?

Du scénario cinématographique à une scénarisation audiovisuelle «élargie» : compétence spectatorielle (R. Odin), parcours expérientiel du spectateur à scénariser et à anticiper (UX design, cartographies, schémas, dessins, «images de pensées» etc.). Nous présenterons notre définition de la « scénarisation élargie » (Raynauld 2019). En quoi la technologie audio-visuelle choisie par le scénariste/concepteur/artiste change-t-elle son processus de conceptualisation et de scénarisation ? Nous examinerons les notions de récit, d’univers créé et représenté, de fiction -où commence la fiction, qu’est-ce que le réel lorsqu’il est médiatisé?- du lien créé ou souhaité avec le spectateur, d'expérience spectatorielle, de réception, de conceptualisation, de mise en scène et de pratiques d’écriture selon le dispositif de diffusion et de réception. Plus spécifiquement, notre réflexion portera sur les liens à tisser ou non entre les inventions technologiques et leur impact sur les manières de raconter.

Séminaire 2 : Mardi 14 mars 2023

Opacité et transparence d’une technologie 

Conçevoir, écrire et anticiper une œuvre audiovisuelle selon les promesses, limites et possibles de cette dite « nouvelle technologie » : du cinématographe à la réalité virtuelle, augmentée et… à inventer. Nous nous intéresserons au rôle et à l’engagement « scénarisé » (ou non) du spectateur et/ou du lecteur, de conceptualisation de l’expérience spectatorielle, de navigation immersive, interactive et participative, de point de vue narratif, critique, expérienciel,  tels qu’ils se déploient ou non dans les scénarios et documents scénaristiques. Cette séance visera à décrire et faire découvrir des textes et des pratiques et de nous interroger sur ces formes textuelles et leur rapport au média qu’elles ciblent.

Séminaire 3 : mardi 21 mars 2023

Qu’est-ce que la recherche-création ?

Approches, méthodologies, réflexions, projets issus d’une démarche en recherche-création audiovisuelle, en cinéma et en arts médiatiques. Nous proposerons une réflexion sur les méthodologies et les enjeux des recherches et des pratiques en cinéma et en arts médiatiques en décrivant et explorant différentes approches et démarches en recherche-création en adoptant un point de vue pratique et théorique sur le cinéma tout en réfléchissant aux possibilités et aux contraintes de la création audiovisuelle, aux choix, aux méthodes et aux enjeux de la création, à leurs effets sur les contenus et les formes du cinéma et des arts médiatiques selon les usages et explorations par les artistes des moyens esthétiques, techniques, formels et logistiques de création d’images et de sons en mouvement entrant en dialogue avec une démarche de recherche spécifique.

 

 


mise à jour le 27 février 2023


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