ED 267 >> Formation Doctorale

ED267 2021/2022 Chaire Roger Odin

Responsable : Jean-Pierre Bertin-Maghit

Le mardi de 18h à 20h
salle Pierre-Jean Mariette
INHA - 2 rue Vivienne 75002 Paris

Vous devez inscrire au préalable à partir de janvier 2022 auprès de l'enseignant responsable: jean-pierre.bertin-maghit@sorbonne-nouvelle.fr  

Séminaires du professeur Elie Yazbek 18, 25 janvier 2022 et 1er février

Elie Yazbek est actuellement directeur de l'École doctorale Science de l'homme et de la société (EDSHS) à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, après avoir dirigé l'Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques (IESAV) entre 2011 et 2020, où il enseigne.Il est également secrétaire général de la Fondation Liban-Cinéma, dont la mission est le soutien à la production et à la diffusion du cinéma libanais.

Elie Yazbek a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont Science fiction and religion (dir), Le super-héros à l'écran (dir), Regards sur le cinéma libanais (1990-2010) et Idéologie et montage dans le cinéma américain contemporain…, ainsi que plusieurs articles dans des revues internationales. Il a publié également des pièces de théâtre, Orage d’été et Les autres enfants de Dieu. Il a réalisé plusieurs documentaires et court-métrages.

Le cinéma libanais : entre l’Histoire, la mémoire et l’identité

 L’histoire du cinéma libanais, parallèlement à celle des arts visuels, a été une histoire mouvementée, tourmentée, parfois aléatoire, soumise souvent à des impératifs extérieurs qui ont eu un impact certain sur la production en terme de quantité et de qualité. L’environnement socio-politique libanais et régional, la guerre au Liban, le conflit israélo-palestinien, et plus récemment la guerre syrienne, ont été des facteurs qui ont façonné une partie de la production artistique et cinématographique, qui a toujours été à un niveau plus « artisanal » qu’industriel.

Séminaire 1 : Mardi 18 janvier 2022

Le cinéma libanais face à
l’histoire

Durant cette séance, nous présenterons une brève histoire du cinéma libanais, son implication envers les autres arts visuels, et son rapport avec l’histoire : très peu de films ont abordé frontalement l’histoire, vu l’aspect très conflictuel de la représentation de l’histoire du Liban. La configuration confessionnelle et politique dans le pays a rendu la lecture de l’histoire extrêmement problématique, il n’y a pas une version de l’histoire dans les livres scolaires ; l’histoire est racontée différemment selon les communautés.

Séminaire 2 : Mardi 25 janvier 2022

 La question identitaire

Après avoir évoqué la question d’une absence d’histoire commune, cette deuxième séance développera la question de l’identité et le lien avec la production cinématographique. Peut-on parler d’une identité ou des identités ? La construction identitaire est-elle possible par le cinéma ? Comment le cinéma libanais, qui est souvent une œuvre individuelle et financée par le privé (et par les co-productions internationales), gère-t-il cette question du lien avec l’identité ?

Séminaire 3 : Mardi 1er février 2022

 Mémoire et cinéma

Cette troisième séance traitera du sujet de la mémoire et du cinéma. « Le cinéma est le média privilégié pour constituer la possibilité de toute mémoire » dit Godard. Le cinéma est–il capable de perpétuer la mémoire ? Quel rôle a l’image face aux questions de la mémoire et de l’oubli dans un pays à l’histoire morcelée et aux identités indéfinies du Liban ?  Le cinéma peut-il encore être un agent historique (dans le sens que donne Marc Ferro a cette expression) dans un pays ou la notion de cinéma national n’existe pas ? De bouleversement de coordonnées de la représentation cinématographique.



Séminaires du professeur Benoit Turquety  8, 15 et 22 février 2022

Benoît Turquety est Professeur associé à la Section d’histoire et esthétique du cinéma de l’Université de Lausanne, où, après un projet sur Bolex, il dirige le projet de recherche « Nagra : histoire du cinéma et archéologie des médias sonores en Suisse », également financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (2021-2025). Diplômé de l’École nationale supérieure Louis-Lumière, sa thèse, soutenue à l’Université Paris 8, a été publiée sous le titre Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, « objectivistes » en cinéma (L’Âge d’Homme, 2009) et récemment traduite en anglais. Son ouvrage Inventer le cinéma. Épistémologie : problèmes, machines, a obtenu le prix international Maurizio Grande, et a également été traduit en anglais (Amsterdam University Press). Ses publications récentes incluent Medium, Format, Configuration : The Displacements of Film (Meson Press, 2019) et Des avant-dernières machines. Cinéma, techniques, histoire, co-dirigé avec Selim Krichane (L’Âge d’Homme, 2020).


 
Au-delà de la caméra : enjeux des techniques médiatiques

Si les approches technologiques ont, ces dernières années, connu un regain d’intérêt en études cinématographiques, elles n’en restent pas moins généralement centrées sur les objets techniques, et sur la caméra en particulier. Ces analyses sont importantes, mais elles impliquent certains biais : elles peuvent tendre à surestimer l’importance de la rupture liée à l’émergence des techniques numériques, à privilégier la problématique de l’invention sur celle de l’usage, et rendent difficile de penser la place du corps ou celle de l’environnement dans les transformations contemporaines. Il s’agira donc ici de tenter de décentrer l’approche pour envisager une technicité plus englobante, permettant de mieux cerner l’ensemble des enjeux liés aux techniques dans l’histoire des médias.

 
Séminaire 1 : Mardi 8 février 2022

Corps techniques : des pédales dans l’histoire des médias

Lors de cette première séance, nous nous intéresserons aux modes d’entraînement des machines médiatiques, et notamment aux pédales, auxquelles jusqu’ici on a porté peu d’attention. Or les appareils à pédales ont été importants pour l’histoire du cinéma et des instruments de musique, mais aussi pour tout un ensemble de machines liées à la modernité, de la bicyclette à la machine à coudre. On verra alors, en passant par la description des « techniques du corps » de Marcel Mauss, comment la discipline exigée par les machines engendre un « corps technique », adapté aux tâches à réaliser ; et on verra, à partir des exemples analysés, combien ce corps technique est culturel et genré.

 
Séminaire 2 : Mardi 15 février 2022

Opération et ensemble technique : exposer le film

Cette deuxième séance s’éloignera des machines, pour montrer l’importance, en histoire des techniques, du concept d’opération. L’opération ne renvoie pas à une machine en particulier, mais à un ensemble technique, pour reprendre le terme de Gilbert Simondon, constitué d’un assortiment d’outils et d’un milieu, d’un environnement, orienté par l’intentionnalité d’un·e opérateur·trice. Nous expliciterons les enjeux de cette approche en proposant quelques éléments pour une histoire d’une opération cruciale dans la production cinématographique, qu’elle soit professionnelle, amateure, ou expérimentale : l’obtention d’une « bonne » exposition de la pellicule.

 
Séminaire 3 : Mardi 22 février 2022

 Réseaux techniques et théorie des formats

La troisième séance proposera un changement d’échelle. Nous envisagerons, après Simondon encore, la manière dont les techniques se déploient en réseaux. Cela nous permettra d’interroger leur inscription dans la géographie et l’environnement. Nous décrirons un peu les infrastructures dont dépendent les flux médiatiques, mais nous nous appuierons surtout sur la notion de format, qui s’est développée récemment suite notamment aux travaux de Jonathan Sterne. En analysant des situations historiques concrètes situées en périphérie des grands centres occidentaux (le Mozambique au moment de l’indépendance, le Nigéria contemporain), nous verrons la manière dont les formats, du 35 mm à la VHS ou aux modes de compression numérique, n’ont cessé de structurer la géopolitique des médias.


Séminaires du professeure Sarah Cooper 1er, 8 et 15 mars 2022

Sarah Cooper est professeure d’études cinématographiques à King’s College London. Ses travaux portent sur la théorie et la philosophie cinématographiques, ainsi que le documentaire et le cinéma d’art. Elle est l’auteure notamment de Film and the Imagined Image (Edinburgh University Press, 2019), The Soul of Film Theory (Palgrave Macmillan, 2013), Chris Marker (Manchester University Press, 2008), Selfless Cinema ? Ethics and French Documentary (Legenda, 2006), et Relating to Queer Theory (Peter Lang, 2000). Elle a aussi réuni « The Occluded Relation : Levinas and Cinema », Special Issue, Film-Philosophy, 11:2, 2007 et « New Takes on Film and Imagination », Special Issue, Paragraph, 43:3, 2020.

 Trois chapitres d’une histoire florale du cinéma

 
Les fleurs sont partout dans l’histoire du cinéma. Cette série de conférences regardera toutefois au-delà de la surface des fleurs à l’écran. Nous considérerons les fleurs dans des films narratifs, expérimentaux et de publicité, du début du cinéma jusqu’à nos jours, pour aborder des questions de la relation entre la nature et la culture, ainsi que le rapport au non-humain. En cours de route, nous discuterons de la beauté des fleurs, de leur association avec les femmes dans l’esthétique occidentale, et des questions de genre, de sexualité et de race. Nous évaluerons l’héritage floral du colonialisme mais également la façon dont certains cinéastes utilisent les fleurs pour établir de meilleures relations parmi les gens et entre les humains et l’environnement, liant la technologie et l’écologie. Fleurie mais pas toujours gaie, cette histoire s’avère aussi complexe que fascinante.

Séminaire 1 : Mardi 1er mars 2022

La Nature des techno-fleurs

Cette première communication revisitera le rapport entre la technologie et la nature en considérant l’importance des fleurs dans l’histoire du cinéma. Afin de démontrer la formation des « techno-fleurs », nous nous concentrerons sur deux exemples principaux : La Naissance d’une fleur (F. Percy Smith, 1910) et Little Joe (Jessica Hausner, 2019). La rencontre entre les fleurs et la technologie entraîne l’émergence de techno-fleurs dans le travail de Smith et Hausner, mais de différentes façons. Plutôt que de lire leur techno-flore respective comme des exemples prévisibles de la façon dont la technique domine la nature, nous verrons comment les deux films déconstruisent cette hiérarchie. En s’appuyant sur des écrits sur la technologie (Heidegger, Stiegler) et la performativité queer de la nature (Barad), ainsi que des études sur l’esthétique (Scarry) et la philosophie du végétal (Marder), cette conférence soutiendra que ces deux films, parmi d’autres, attestent de séductions florales qui se connectent à nouveau avec le monde naturel tout en déstabilisant des rapports nature-culture et humain-nonhumain.

Séminaire 2 : Mardi 8 mars 2022

L’Héritage cinématographique des fleurs coloniales

Cette deuxième conférence traitera d’un aspect plus problématique dans l’histoire des fleurs et son association avec les fleurs du cinéma. Les liens entre la circulation des plantes, la science moderne, le commerce et l’empire sont bien connus. Prenant la Grande-Bretagne comme exemple, lorsque les jardins botaniques royaux de Kew ont été établis dans le sud-ouest de Londres en 1759, il y avait un désir que Kew devienne éventuellement le centre de l’échange botanique entre les colonies. Parallèlement à la croissance et la consolidation de l’empire, les écrits esthétiques occidentaux de l’époque (Burke, Kant) ont créé une relation entre les fleurs, la beauté, les femmes et « fairness » (synonyme de beauté dans ces textes qui l’associe à la peau claire), tandis que Linné a augmenté sa classification taxonomique du monde naturel pour y inclure les humains regroupés selon la race. S’appuyant sur toute une série de penseurs critiques (Genet, Glissant, entre autres), cette communication explorera le rôle que les fleurs ont joué dans la domination culturelle blanche. Nous examinerons des films réalisés dans Kew Gardens au XXe siècle et des films publicitaires pour l’industrie de la beauté, mais nous verrons aussi comment certains films expérimentaux remettent en question l’héritage troublant du colonialisme pour forger une esthétique florale différente.

Séminaire 3 : Mardi 15 mars 2022

Vers une écologie florale du cinéma

Cette troisième conférence reprendra les questions technologiques et coloniales abordées lors des sessions précédentes afin d’examiner les pratiques qui cherchent à construire des relations éthiques et écologiques entre les fleurs, les gens et le cinéma. En tenant compte de l’histoire des images botaniques dans le cinéma expérimental et d’avant-garde, nous nous référerons en particulier aux pratiques de « phytographie » et d’éco-traitement dans le cinéma expérimental qui utilisent la chimie interne des plantes pour la création d’images. Cette communication prendra à titre d’exemple un film de Philip Hoffman, vautour (2019), réalisé sur ses terres agricoles en Ontario, au Canada. Nous nous intéresserons au rapport entre le cinéma et la terre créé par l’éco-traitement de la pellicule. Le dialogue et la communauté au cœur de ces travaux expérimentaux font de la localité et le paysage quelque chose dont chacun peut puiser et contribuer dans l’espoir de démanteler les relations coloniales oppressives. Dans cette dernière séance il s’agira aussi de retourner à la philosophie végétale pour considérer les implications de cette réflexion en trois chapitres sur les fleurs dans le cadre d’études cinématographiques.

 


mise à jour le 22 juillet 2021


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