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le 5 mars 2015
LabEx EFL (Empical Foundations of Linguistics), Axe 1, opération « Diffusion des Systèmes Phonologiques et Complexité » (DiSyPC)
Dir. Didier Demolin (Paris 3, UMR 7018) & Jean Léo Léonard, Paris 4 STIH (EA 4509), & LPP (UMR 7018)."
Programme :
13h30-14h : César Itier (Inalco) « l’archipel vertical en milieu andin : approche critique ».
14h-14h45 : Fabio Pettirino (chercheur indépendant) : « Enfoque multidisciplinario a los retos del archipiélago vertical en la Cañada de Cuicatlán (estado de Oaxaca, México) ».
14h45-15h30 : Karla Janiré Avilés González (LabEx EFL, axe 7, EM2) : « El enclave náhuatl en el archipiélago vertical de la Sierra Mazateca (Oaxaca, México) ».
15h30-15h45 : Pause
15h45-16h30 : Jean Léo Léonard (Paris 4) « l'enclave mixtèque de San Juan Coatzóspam dans le Canyon de Cuicatlán : complexité structurale et interactions diasystémiques intramixtécanes ».
16h30-17h15 : Bien Dobui (Paris 4) « Complexity versus simplexity in modeling Amuzgo Phonology ».
17h15-18h00 : Jean-Cyrille Ly van Tu (Paris 4) : « Complexité structurale en mazatec et phonologie de laboratoire ».
Thématique de la journée :
La présente demi-journée d’études réunira autour d’un thème commun, qui est « l’archipel vertical » tel que le concevait John Victor Murra (1956, 1985), pour les milieux andins ou, plus récemment, Johanna Nichols pour le Caucase (Nichols 2004), des spécialistes de langues en situation de contact dans des bassins écohumains complexes : la Cañada de Cuicatlán dans le bassin du Papaloapam au Mexique sud-oriental (mazatec, mixtec ou tu’un savi, náhuatl), le piémont littoral pacifique de la Costa mixteca (amuzgo) ou bien le quechua dans les Andes.
Les angles d’approche concerneront
a) L’intrication des situations de contact multilingue entre langues de phyla différents (complexité des aggrégats communaux (O’Sullivan, 2004), ex. Canyon de Cuicatlán).
b) Les conditions de l’interaction ou de l’évitement, et des tropismes internes et externes aux zones écohumaines considérées (náhuatl de la Sierra Mazateca, tu’un saviou ñu davi – mixtec de la Cañada, cf. Léonard, 2010a, Dürr, 1987, Josserand 1983, Bradley & Josserand 1982).
La complexité structurale de langues caractérisées par des traits typologiques intriqués, comme la qualité de voix (mazatec, amuzgo) – cf. Silverman, 1997 ; Golston & Kehrein 1998, Pike & Pike 1947, Pike 1948, Gudschinsky 1958a, Kirk 1966 ; Cuevas Suárez 1985, Longacre 1957, Longacre & Million 1961 ; Rensch, Calvin 1966.
d) La pertinence du « modèle classique » de John Victor Murra (op. cit. supra) pour son milieu d’application (las Andes) et dans une perspective comparative (par ex. avec la Cañada de Cuicatlán). On s’interrogera sur l’incidence des «grands projets» d’aménagement du territoire qui ont pu avoir une incidence sur les équilibres que décrit le modèle classique: création de la réserve de la biosphère dans le Canyon de Cuicatlán, notamment, ou barrages hydroélectriques dans la Cuenca du Papaloapam.
L’objectif de cette demi-journée sera de contribuer à développer des modèles de description de la complexité structurale, sur le plan linguistique ou dialectologique, et de complexité sociale ou sociohistorique de ces zones de peuplement étagées sur plusieurs paliers écologiques en relations d’échanges techniques (domestication des plantes, cf. Haudricourt & Hédin, 1987, Haudricourt & Dibie 1987), commerciaux, matrimoniaux, en fonction de la trame des interactions, des alliances interfamiliales ou intercommunautaires rural/urbain (cf. Boege 1988) et des intérêts politiques et territoriaux.
Loin d’essentialiser la notion d’archipel vertical de John Victor Murra, qui n’est jamais qu’une métaphore fondée sur un oxymore, on montrera combien ce concept ad hoc est heuristique pour décrire la complexité des interactions entre agrégats linguistiques et agrégats communaux (O’Sullivan, op. cit., Léonard & al. 2014), dans une perspective qui tient compte du changement et de l’incidence de l’histoire sur la diffusion des structures linguistiques (cf. Léonard 2010b, 2013, Léonard & al. 2011, 2013). On observera les flux et les boucles de peuplement et d’échanges entre ces communautés qui ne cessent de négocier la territorialité et les ressources associées aux biotopes, aux nœuds d’échanges et aux paliers de production et de communication sur trois cercles concentriques : foyer, domaine et sphère. On s’interrogera également sur les aires de réfraction autant que sur les aires de résonancede ces systèmes linguistiques et socioéconomiques ou politiques complexes, constamment renégociés et ré-agencés, en recherchant aussi bien les lignes de force (dans la longue durée, cf. Blanton & al. 1981 ; Gudschinsky 1958b) que les lignes de fuite, hier et aujourd’hui, qui font de ces totalités interactives des systèmes ouverts, plutôt que des monades, comme le montre bien d’ailleurs la dynamique d’intercompréhension au sein des complexes dialectaux des langues otomangues, pourtant fortement différenciés (cf. Casad 1974, Kirk 1970).
La problématique a émergé durant cinq années d’enquêtes de terrain pour l’Atlas Linguistique Mazatec (ALMaz, 2009-14), associées à un travail social engagé auprès des communautés linguistiques (cf. Léonard, Gragnic & Avilés González, 2013), où l’incidence forte de la complexité des interactions géohistoriques entre systèmes agraires et communautés dialectales dans les hautes et basses terres mazatèques a fait clairement apparaître cette dynamique de complexité et diffusion des systèmes linguistiques.
Orientations bibliographiques et ressources
Ressources :
(bases de données de l’opération DiSyPC liées au thème de la journée d’études)
Ingénierie cartographique et logicielle de Vittorio dell’Aquila (CELE, Milan/Vaasa), saisie par Antonella Gaillard-Corvaglia (ALMaz) et Daniele Dalmasso (PALM & ALChic ; révision ALMaz)
2011 ALMaz : Atlas linguistique Mazatec, base de données cartographique du mazatec (780 cognats, 12 dialectes) à partir des données de Paul Livingston Kirk (1966).
2012 ALChic : Atlas Linguistique Chinantec, base de données cartographique du chinantec (194 cognats, 23 locolectes), à partir des données de Calvin Ross Rensch (1968).
2011 PALM : Pequeño Atlas Lingüistico Mixteco, base de données cartographique du mixtec (188 cognats, 150 locolectes), à partir des données de Kathryn Josserand (1983).
mise à jour le 24 février 2015