L’exposition présente le fruit d’un travail interdisciplinaire réalisé lors de l’année scolaire 2020-2021 par des élèves d’italien de Première du Lycée Jacques Cartier de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). A l’occasion du septième centenaire de la mort de Dante Alighieri (1265-1321), célébré avec éclat en 2021 en Italie et dans le monde entier, une sollicitation était venue de l’Université Rennes 2, l’un des quatre partenaires du projet DHAF. Ce projet (« Dante d’Hier à Aujourd’hui en France »), a été en 2020 sélectionné et financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). La Sorbonne Nouvelle est l’établissement ‘pilote’ (concepteur et responsable scientifique, Philippe Guérin). Trois autres universités sont associées, avec pour mission d’explorer toutes les facettes de la réception française de l’œuvre de Dante – dont bien entendu la transmission dans le cadre de l’école.

Cette expérience pédagogique originale a été menée par Vittoria Radde, alors stagiaire sous la responsabilité de Sophie D’Isola, professeur en charge de l’enseignement de la langue italienne au lycée Jacques Cartier, et de Benjamin Bohomme, professeur d’Arts plastiques dans ce même établissement.

Les élèves sont partis des vers de la Divine Comédie, et plus particulièrement de l’Enfer, pour récrire une série de situations à leurs yeux représentatives, en évoquant les lieux et leur signification et, le cas échéant, en recombinant ces situations entre elles.

Ils le font avec leurs mots, parfois maladroits, souvent inspirés, mais toujours touchants d’authenticité. Ils inventent leur langue. On perçoit tout le plaisir éprouvé dès cette première phase du travail, d’appropriation d’un texte à la fois très ardu et extraordinairement excitant. C’est le grand mérite de leurs enseignants que d’avoir encadré leurs élèves sans les brider.

Cet enthousiasme leur a permis d’illustrer conjointement et avec un réel talent les situations choisies. Illustrer, c’est-à-dire fournir en images leur propre lecture des vers, les interpréter – en réinterprétant à l’occasion des images célèbres venues d’autres contextes.

Le noir et blanc fortement contrasté de la linographie a d’étonnantes vertus expressives. L’Enfer dantesque, c’est pour l’éternité. Un sentiment d’angoisse, voire de terreur s’en dégage. Tout juste le souvenir de Béatrice fait-il entrevoir un peu de lumière, tout en rendant plus cruelle la séparation, le risque qu’elle ne devienne définitive. La technique utilisée rend palpable cette douloureuse atemporalité.

Un compte rendu de cette expérience originale et stimulante pour les élèves y ayant participé a été présenté conjointement par Mesdames D’Isola et Radde le 14 avril 2023 à la Sorbonne Nouvelle, à la journée « Dante a scuola. Rencontres autour de l’enseignement de Dante », à la fois journée d’étude et de formation continue MAFPEN (Mission académique de formation des personnels de l’Education nationale), organisée par les responsables DHAF de la Sorbonne Nouvelle et les IA-IPR (Inspecteurs pédagogiques régionaux) d’Ile-de-France.

Cette exposition a été réalisée grâce à des fonds spéciaux de l’ANR.