Ces journées se proposent d’explorer l’anachronisme, comme non-coïncidence entre un objet et les outils mis en œuvre pour l’étudier, dans les domaines du genre et de la sexualité – particulièrement emblématiques : la sexualité comme discours et élément de l’identité remonte selon Foucault au milieu du 19e s.; le genre, comme catégorie d’analyse, remonte à quelques décennies et les Études de genre semblent cantonnées au contexte contemporain, alors que, par définition, les études comparatistes rapprochent les temps, les lieux et les média. Si l’historiographie traditionnelle rejette l’application à un contexte historique donné de notions qui lui étaient inconnues, Nicole Loraux écrit un « Éloge de l’anachronisme en histoire » (1993) comme « pratique contrôlée » et invite « à aller vers le passé pour poser des questions du présent pour revenir vers le présent, lesté de ce qu’on a compris du passé ». Comment l’anachronisme infléchit-il ou (dé-)construit-il les identités sexuelles ou de genre ? Quels décalages (queer) introduit-il ? Quelles conjonctions entre textes et théories l’exploration de l’anachronisme peut-elle faire apparaître ? Quelles connexions le décentrement anachronique – comme chronologie queer – permet-il d’établir avec d’autres champs, comme les études postcoloniales ? Comment les glissements temporels informent-ils nos manières de lire et nos expériences vécues ? Coparrainé par le CERC et le ICLA Research Committee for Comparative Gender Studies, l’événement, qui réunira des chercheur.e.s venu.e.s de France, d’Italie, du Canada et des Etats-Unis, fait suite à un séminaire du congrès 2024 de l’ACLA (Montréal) et constitue un jalon dans l’exploration des usages possibles de l’anachronisme dans l’étude du genre et de la sexualité et les connexions entre anachronisme et genre en général.