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Comment rendre compte de la variation en syntaxe ? Méthodes empiriques et quantitatives

Volume horaire total 12h

Responsables

Objectifs

L’étude de la syntaxe a été longtemps dominée par une approche opposant « la grammaticalité » à « l’agrammaticalité », l’objectif étant alors de modéliser la « compétence » des locuteurs afin de rendre compte des phrases bien formées en excluant celles mal formées. Pour atteindre cet objectif, la syntaxe (formelle), en particulier le modèle génératif chomskyen, a eu essentiellement recours à l’introspection, celle du linguiste travaillant sur une langue ou « les locuteurs natifs » interrogés par ce dernier quant à leurs jugements de grammaticalité sur des énoncés de leur langue.

Cette méthodologie, qui peut à la rigueur convenir pour la description des phénomènes manifestant un contraste catégorique clair entre les données grammaticales et agrammaticales (ex. en français le déterminant défini précède toujours le nom qu’il détermine), s’avère problématique dès que des constructions plus complexes pour lesquelles les jugements de grammaticalité peuvent être incertains ou variables d’un locuteur à l’autre, d’une situation à l’autre, etc. Un autre problème est posé par des phénomènes qui impliquent une variation ou la possibilité pour les locuteurs de choisir entre deux ou plusieurs possibilités, dont voici quelques exemples :

- la non-réalisation (ou la réalisation facultative) de that dans certaines subordonnées complétives ou relatives en anglais,

- le phénomène connu sous l’appellation « alternance dative » en anglais (give something to somebody vs give somebody something),

- l’ordre « libre » des constituants (donner un livre de conte aux enfants vs donner aux enfants un livre de conte ; une excellente initiative vs une initiative excellente),

- le choix entre une forme tonique ou clitique (affixal) d’un pronom dans certaines langues (ex. kurde, persan…).

Pour chacun de ces phénomènes, les deux possibilités sont équivalentes du point de vue de leur grammaticalité. Toutefois, lorsque l’on se penche sur la production (performance) des locuteurs, l’on constate qu’il existe des préférences en fonction de paramètres précis. Ainsi, comme il a été montré dans plusieurs études des paramètres tels que la longueur, la complexité syntaxique, le statut informationnel (topic vs focus), le statut référentiel (défini vs indéfini) interviennent dans toutes les langues pour déterminer le choix d’un ordonnancement par rapport à un autre. Ces préférences, qui font également partie de la compétence linguistique des locuteurs, peuvent faire l’objet de modélisation avec les méthodes empiriques (corpus, expériences…).

L’objectif de ce séminaire est de familiariser les doctorants avec les nouvelles méthodes de modélisation syntaxique, en particulier les méthodes dites « empiriques », faisant appel à l’exploration des grands corpus et aux expériences. Seront pris comme exemple des phénomènes relevant de la variation de l’ordre des mots (en anglais, français, persan, japonais).


Calendrier

2ème semestre
Mardi : 21/28 février,
15h-17h
salle 123 à Censier, 13, rue Santeuil 75005 Paris

07/14/21/28 mars 2017
15h-17h
salle 12 à l'Institut du monde Anglophone , 5, rue de l'Ecole de Médecine 75006 Paris




Bibliographie

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Informations complémentaires

 

mise à jour le 15 février 2017


Renseignements :

ED 622 - Sciences du langage
Université Sorbonne Nouvelle

MAISON DE LA RECHERCHE

4, rue des irlandais

75005 PARIS

Tél. : 01.55.43.08.82
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