Comment garder vivante la « science de la collection » dans un monde de révolution de l’information ? Si tous les livres du monde pouvaient être accessibles via l’écran, quel serait le sens des bibliothèques ? Les collections spécialisées sont des exemples d’un corpus bibliographique réfléchi qui répond à la vision du monde du bibliophile et à l’idée de trésor national, comme dans le cas des collections dites Brasilianas. C’est pourquoi le terme Brasiliana se charge de sens démultipliés en raison des traits qu’un collectionneur imprime à sa collection mais aussi des différentes formes d’appropriation et d’institutionnalisation du fonds. C’est dans le contexte d’un collectionnisme amplifié par le numérique, et qui conserve un visage marqué par une découpe nationale, qu’il faut s’interroger : comment de telles collections peuvent-elles répondre à la demande de chercheurs qui interconnectent des espaces transcendant les espaces nationaux, qui ciblent des thématiques qui n’ont pas pour seuls sujets la construction de l’identité et de la mémoire d’une nation ? Si la globalisation est antérieure au Brésil et est encore une forme de résistance à la volonté d’affirmation d’une souveraineté, comment situer les collections Brasiliana conçues lors du Modernisme de 1922 ? Quelle place pour la lecture et pour la recherche ? Les notions d’identité, de patrimoine ou de trésor national peuvent-elles encore promouvoir de nouvelles politiques d’acquisitions et des usages nouveaux des bibliothèques ?