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Au-delà du 11 janvier

Au-delà du 11 janvier - Jean-Marc De Jaeger


Depuis le 11-Janvier, le temps a fait son oeuvre. Sur les murs des villes, les messages d’hommage et d’espoir sont abîmés par les jours et les pluies. Aux abords des lieux où le sang a coulé, les fleurs ont perdu de leur éclat, fanées. Et dans les mairies et autres institutions, on finit de remballer les banderoles « Je suis Charlie ». Partout, l’amnésie semble s’être emparée du souvenir des drames. Il faut reconnaître qu’après l’apothéose de la Marche républicaine, les Français ont regagné leurs pénates. Nos hommes politiques continuent de se chamailler, les débats sur la religion déchaînent toujours le verbe et, pour ne rien arranger, l’humeur râleuse des Français reste inchangée. Il y en a qui contestent, qui revendiquent et qui protestent. Tantôt en coupant le jus lors d’un déplacement du Premier ministre, tantôt en menaçant de ne pas voter pour une loi fondatrice qu’il défend. Oui, tout se passe comme avant. Le théâtre de la société est imperturbable.
  • « C’est reparti ! »
On aurait tort de blâmer qui que ce soit. Peut-on se reprocher d’aller de l’avant après le deuil, de reprendre le contrôle de notre existence après l’émotion ? La vie suit son cours, inévitablement. Et on peut se féliciter de ne pas être tombé dans la même psychose que les Américains avec « leur » 11-Septembre. L’important, après ces événements, est que chacun se sente transformé et revigoré. Il semble à présent naturel que, sans être devenus des bisounours, les Français se montrent plus tolérants et solidaires ; s’intéressent un peu plus à l’actualité et aux enjeux de la société ; vainquent, plus que jamais, les préjugés et la peur de la différence. C’est reparti », oui, mais pas comme avant. Pour pérenniser « l’esprit du 11-Janvier », le mieux est d’agir à son échelle au quotidien. Tout comme les petits fleuves font les grandes rivières, les petites actions font les sociétés prospères. Le malheur a éveillé en nous des forces insoupçonnées. Tache nous est donnée de les mettre en oeuvre. Et pour cela, ne reposons pas toutes nos attentes sur le pouvoir politique — qui, ceci dit, gagnerait à mettre un terme à leurs querelles partisanes — : malgré leur action, le chômage, l’insécurité, la précarité, la maladie et les fraudeurs du fisc continueront d’exister. L’initiative doit émaner de la société elle-même et pour elle-même. Le drame nous a unis : à nous de le rester au-delà du 11-Janvier.


mise à jour le 28 avril 2015


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