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Arthur, la mer et la guerre – Colloque

du 21 mai 2014 au 24 mai 2014



Le colloque permettra de confronter les travaux d’archéologues, d’historiens, de philologues, d’historiens de l’art, de spécialistes de littérature anglaise et française, médiévale autant que contemporaine, ainsi que de spécialistes du cinéma ou de la bande dessinée. This conference will federate the works of archaeologists, historians, philologists, art historians, students of French and English literature, both medieval and modern, as well as specialists of film studies and comics.

Programme [PDF - 1 Mo]

La mer et la guerre à « l’Âge d’Arthur » (300-700)

Dans un premier temps, historiens et archéologues seront sollicités pour faire le point sur la guerre sur mer, l’organisation des défenses côtières et l’articulation stratégique terre-mer dans l’Antiquité tardive et le très haut Moyen Âge, à la fois dans l’île de Bretagne et dans les régions côtières avoisinantes. Quel type de marine et de défenses côtières auraient pu être celles d’un chef de guerre ou d’un roi breton dans la période s’étendant de l’usurpation de Carausius jusqu’à la fin des migrations anglo-saxonnes ?
C’est en effet au cœur de cette période qu’Arthur pourrait avoir vécu. Même si les textes les plus anciens (Historia Brittonum, Annales Cambriae) ne font jamais mention d’une activité maritime du héros, son activité est placée par ces auteurs dans le cadre d’un conflit entre des populations insulaires, les Bretons, et des populations d’envahisseurs venus de la mer, les Saxons. Le cas de Riothamus, le roi breton combattant sur le continent mentionné à la fois par Sidoine Apollinaire et par Jordanès, et que Geoffrey Ashe a (sans doute à tort) identifié à Arthur, pourra ainsi être réexaminé. On pourra aussi se pencher sur les figures de Magnus Maximus et de Constantin III, retenues par certaines versions de la légende arthurienne, chez Geoffroy de Monmouth ou en milieu gallois.
Parmi les thèmes abordés, on pourra aussi retenir l’organisation du Litus Saxonicum, les ports de la région (dont bien entendu Boulogne) avant l’émergence de Quentovic au VIIe siècle, les ravages des pirates francs et saxons sur les côtes bretonnes et gauloises avant et après le retrait des légions romaines de Bretagne, l’engagement de mercenaires ou fédérés saxons, et de manière générale les migrations à but guerrier autour de l’île de Bretagne.

La mer et la guerre dans la littérature arthurienne médiévale (1000-1500)
Dans les premiers textes en langue brittonique (dès les environs de l’an 1000), Arthur ne semble que modérément lié à la mer : il la traverse néanmoins pour se rendre en armes dans l’Autre Monde, il est lié à l’île d’Avalon, et il pourrait être intéressant de proposer à des celtisants d’explorer ces questions.
Mais à partir de l’œuvre de Geoffroy de Monmouth (1136), un épisode majeur de la geste arthurienne consiste en sa campagne contre le roi romain Lucius, campagne qui nécessite des allers-retours de part et d’autre de la Manche, surtout après la rébellion de son neveu Mordred. La campagne contre Lucius et la trahison de Mordred sont une constante du récit de la fin d’Arthur depuis Geoffroy jusqu’à Malory en passant par le cycle de la Vulgate. Ainsi, dans la Mort le roi Artu, c’est à Douvres, au retour de la campagne continentale, que meurt Gauvain. Comment se déroulent ces campagnes que l’on pourrait a priori dire « amphibies », puisqu’elles combinent forces terrestres et navales ? Le roi Arthur a-t-il une marine ? Comment s’en sert-il ? La dimension maritime de ces campagnes est-elle seulement abordée par les textes ? Se bat-on sur mer, ou fait-on le siège de places portuaires ?
Les îles et les territoires ultra-marins sont très présents dans la matière de Bretagne. Comment les chevaliers traversent-ils la mer ? Est-ce en armes et pour faire la guerre ? Comment ces traversées sont-elles représentées dans les miniatures des manuscrits arthuriens du Moyen Âge ?
Dans une perspective plus historique, on pourra aussi se pencher sur les rapports entre légende arthurienne et stratégie militaire et navale. Au temps des croisades et des passages outre-Mer, comment la matière arthurienne est-elle utilisée par les gouvernants ? On sait ainsi que Richard Cœur de Lion céda au roi Tancrède de Sicile l’épée Excalibur en échange de navires pour sa croisade : cet épisode et d’autres semblables pourront être étudiés.
On s’interrogera aussi sur l’existence d’une temporalité dans le traitement maritime de la guerre arthurienne et sur son devenir dans les réécritures des XIVe-XVIe siècles, en français comme dans d’autres langues : certains textes tardifs comme Isaïe le Triste ou Perceforest présentent en effet des épisodes de guerre sur mer, voire de bataille navale. La guerre sur ou via la mer est-elle plus présente dans ces récits contemporains des traversées guerrières d’Édouard III ou d’Henri V ?

La mer et la guerre dans la production arthurienne contemporaine (XIXe-XXIe siècle)
Le roman historique anglophone de la fin du XXe siècle s’était approprié le travail des historiens et surtout des archéologues médiévistes (Leslie Alcock, John Morris) pour recréer l’image d’un Arthur « guerrier des Âges obscurs », se voulant en général fidèle à la réalité « historique » elle-même construite par ces savants des années 1950-1980. Dans cette production littéraire, la mer et la guerre sur mer occupent parfois une place importante, et nous nous pencherons sur ce sujet ; mais qu’en est-il d’œuvres plus récentes ?
Il serait aussi intéressant d’aborder la place de la mer dans la littérature contemporaine présentant une inspiration arthurienne directe ou indirecte (heroic fantasy, littérature pour enfants, etc.), mais aussi dans le cinéma, dans l’opéra, et dans de nombreux autres modes d’expression artistique, en particulier ceux qui tiennent à la culture populaire (bande dessinée, illustration), ayant puisé à la matière arthurienne. Le phénomène du re-enactment pourra aussi être abordé.

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War and the Sea during the ‘Age of Arthur’ (300-700)
In the first part of the conference, historians and archaeologists will be asked to talk about war at sea, the organization of coastal defences, and land/sea strategy in Late Antiquity and the earliest Middle Ages, both in Britain and the surrounding regions. What kind of navy and coastal defences would a British Dark Age king have used in the centuries between the reign of the usurper Carausius and the end of the Anglo-Saxon migration?
It is indeed during this period that Arthur may have lived. Even if the oldest texts (Historia Brittonum, Annales Cambriae) never mention any maritime activity for their hero, their authors situate his wars within the framework of a conflict between insular populations – the Britons – and invaders from overseas – the Saxons. The case of Riothamus, a British king, mentioned both by Sidonius Apollinaris and Jordanes, who fought on the European Continent, and whom Geoffrey Ashe identified (probably wrongly) as a archetype of Arthur, could be re-examined. Other characters later incorporated into Latin and Welsh legend, like Magnus Maximus and Constantine III, may be studied during the Conference.
Among possible subjects, we will consider the organization of the Litus Saxonicum, the question of harbours in that region (among which Boulogne) before the emergence of Quentovic in the 7th century, the ravages of Frankish and Saxon pirates on the coasts of Gaul and Britain, both before and after the retreat of Roman legions from the provinces of Britain, the hiring of Saxon federates and mercenaries, and generally all subjects linked to warlike migration around the island of Great Britain.

War and the Sea in Medieval Arthurian Literature (1000-1500)
In the earliest texts in a Brythonic language (roughly from the year 1000), Arthur is only moderately associated with the sea; but he crosses it in to enter the Other World and is linked with the Island of Avalon. Specialists of Celtic literature are especially welcome to explore these episodes.
From the time of Geoffroy of Monmouth (1136) onwards, a major episode of the Arthurian storyline has been his campaign against the Roman King Lucius: a campaign which means that Arthur and his troops must cross the Channel several times, especially after the rebellion of his nephew Mordred. The campaign against Lucius and Mordred’s betrayal make up a significant part of the story, from Geoffrey to Malory through the Vulgate Cycle. For example, in La Mort le roi Artu, Gawain dies in Dover upon his return from this continental campaign. How are these ‘amphibious’ campaigns, marked by a combination of land and naval forces, organized? Does Arthur have a navy? How does he use it? Is the maritime dimension of these campaigns actually put forward by the texts? Do people fight at sea, are coastal cities besieged?
Islands and overseas territories loom large in the Arthurian legend. How do knights cross the sea? Do they do it armed and ready to wage war? And how are these crossings represented in medieval illuminated manuscripts?
More historical questions arise when we consider the relationships between the Arthurian legend and military/naval strategy. At the time of the Crusades and other military sea-crossings, how is the Matter of Britain used by rulers? Richard the Lionheart purportedy offered the sword Excalibur to King Tancred of Sicily in exchange for ships to continue with his crusade: this episode and others of the same vein are also to be considered.
Finally, we will investigate how maritime campaigns are described in the Arthurian corpus. Later works in French and in other languages, from the 14th to the 16th century, are often concerned with war at sea, and may even contain descriptions of battles, for example in Isaïe le Triste and Perceforest. Are war at sea and war overseas more frequently described in these later works, written at the time of the great warlike crossings of Edward III and Henry V?

War and the sea in modern Arthurian production (19th to 21st century)
Historical novels in English in the late 20th century appropriated the work of English-speaking historians and archaeologists (Leslie Alcock, John Morris) in order to re-create the figure of Arthur as a ‘Dark Ages warrior’: these novelists wanted to stick to ‘historical reality’ as it had been understood by those scholars between the 1950s and the 1980s. Within this literary production, war at sea is sometimes an important topic, and will be considered in the conference; but is it still the case in more recent works?
We also wish to explore the importance of the sea as a place for war in contemporary literature with a direct or indirect Arthurian influence (Heroic Fantasy, children’s literature), as well as in films, opera, and many other artistic media, particularly in popular culture (comic books, illustration), which found inspiration in the Arthurian Matière. The modern phenomenon of re-enactment will also be considered.

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Organisateurs du colloque

Alban GAUTIER (Histoire médiévale, ULCO)

Marc ROLLAND (Littérature anglaise, ULCO)

Michelle SZKILNIK (Littérature française, Paris III)

Renseignements auprès d’Alban Gautier (alban.gautier[at]univ-littoral.fr).



 

Type :
Colloque / Journée d'étude
Lieu(x) :
Boulogne-sur-Mer [Northern France], Université du Littoral Côte d'Opale (ULCO).
Partenaires :
Alban GAUTIER (Medieval History, ULCO)
Marc ROLLAND (English Language Literature, ULCO)
Michelle SZKILNIK (French Literature, Paris III)

mise à jour le 3 avril 2014


Cet appel à communications se veut large et sans exclusive : n’hésitez pas à le diffuser le plus largement, y compris à l’étranger. Le français et l’anglais seront les langues de travail du colloque.

This call for papers is widely open to all people who may be interested in this project. Do not hesitate to show it to your contacts, in France and abroad. The conference will be held in two languages, French and English.
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