Atelier de poésie - 2015
L'arbum vesta
Ava
C'est au début un petit arbre,
Issue de l'amour d'une fée
Et de l'espérance qu'apportent les nouveaux nés.
Le petit arbre grandit et veut, sous le soleil,
Extraire ses racines de la terre.
Avec la force de sa bonté, il y arrive,
Et les racines,
Posées sur le sol, servent de foyer,
Aux animaux les plus démunis.
Son tronc, fort et d'un banal marron,
Sert, lui de chaleureuse maison
Aux jolies fauvettes et aux nombreuses chouettes.
Le Brancine (Brancinus)
Augustin M.
Là où la plupart des arbres s’étirent vers le ciel, le brancine se referme vers le sol. Les branches ne quittent le tronc que pour retourner aux racines. Il s’émancipe mal de lui-même, à tel point qu’il y retourne. Partir dans le seul but de revenir.
S’élever pour s’achever.
S’unir à soi-même pour continuer de naître.
Le Brancine s’élève pour mieux chuter vers son début qui est aussi sa fin. Sa faim de lui-même, il s’auto-dévore et s’auto-crée. Il ne se donne qu’à lui-même, surtout naissance. Cet arbre est un artiste incompris, il n’a aucun sens (même pas celui de la gravité). Il n’a aucune direction, son existence est son but et son trajet. Il est son propre fruit et sa propre graine, son sauveur et son bourreau. Il n’a besoin de personne et fatalement personne n’a besoin de lui.
Qu’il doit être dur d’être aussi parfait qu’inutile.
Au bout de ce tronc, l'arbre du feuillage se déploie ;
Les feuilles, aux couleurs de l'arc-en-ciel, livrent de l'espoir et de la joie,
Provoquant la jalousie du soleil.
Le feuillage héberge des fruits rouges, énormes et ronds,
Gorgés d'amour et de soleil,
Nourrissant les hideux insectes qui deviendront des beaux papillons.
Des branches du feuillage tombent des lianes fleuries,
Qui inutiles au premier coup d'œil,
Servent, sous le vent, de nid pour les oisillons incapables de voler.
Cet arbre, nourri par l'envie d'aider,
Ne meurt jamais et veut faire perdurer,
Tout simplement la notion de fraternité.
Arbre d'enfance
Sarah Intili
La forme d'un vieillard extrêmement recourbé, le tronc noué par de multiples tourbillons de nerfs, son écorce ressemble à une peau tannée piquetée d'insectes écrasés et gravée de mémorandums sans âge.
Prostré en direction du soleil, sur le flan asséché d'une montagne, orgueilleux, ses branches tendues aiment à former une ligne d'horizon - bras de sa conscience et cri avide de ce séculaire solitaire.
Souvent fendu par la hache d'un paysan, son bois craquète comme une page épaisse que l'on déchire avec dépit: là est son rire. Muet la plupart du temps, il sait gronder lorsque le vent lui fait l'affront d'une déplaisante secousse.
Alors, sa colère est si prodigieuse que ses bourgeons naissent et éclatent aussitôt; les fleurs prématurément écloses alourdissent les ramifications encore frêles, et notre pauvre grincheux crie de douleur, invoque la pluie pour panser ses rhumatismes.
Suant de sève, il pleure des feuilles qui brunissent avant d'avoir atteint le sol.
Le Fregosia Floresum ou l'éternel recommencement
Salomé Soares
Grande. Immense. Gigantesque. Allant presque jusqu'au ciel chatouiller les nuages. Pousse dans un climat particulier. Longévité presque infinie si on le laisse tranquille. Toujours en fleur, quelles que soient les saisons. Parsemé de petites, minuscules et délicates floraisons de couleur. Bleu pâle au moment des premiers bourgeons, puis rougeoyantes sous la pleine chaleur de l'été. Les feuilles tombent , mais les bourgeons continuent d'éclore, les pétales se colorant d'un éclatant rose indien. C'est sous les premières neiges que le Frégosia scintille, rempli de milliers de taches jaunes."
Ses racines rose bonbon s'enfoncent profondément dans la terre-mère.
Son tronc bleu saphir brille de mille feux,miroir révélateur de l'âme.
Son feuillage lilas renferme le fruit défendu qui explose en mille saveurs amères.
Arc en ciel de couleurs il ne cesse d'exercer son dangereux charme,
il arrête le temps en emprisonnant à tout jamais ses proies,
qui hypnotisées par le doux chant du vent dans son feuillage,
agonisent lentement et douloureusement dans le froid.
Ses fruits endorment intensément même le plus sage,
enterrant pour toujours ses rêves inachevés.
Un bien cruel psychéphage transformant les hôtes les plus vifs en âmes figées.
Branches folles, volées.
Des feuilles brunes de l'arbre.
Le temps du regret.
Ses Lucioles s'envolent,
Illuminent mes chemins.
Enflammant le sol.
"Arbre imaginaire : illuminatus"
Ladji Samba Keita
La nuit est son empire. Son incandescence feutrée répond aux hululements des hiboux. Arbre en losange qui s'illumine dans la nuit morne, froide et tranquille. Qu'il est triste quand le soleil majestueux sort de sa coquille ! Quand le midi est à son zénith, il perd de son impétuosité, de sa candeur nocturne ! Illuminatus n'est pas un empire dans un empire.
Ecrasé sous le poids du soleil triomphant, ses branches fébriles sont inlassablement gravies par les mômes, son Himalaya nocturne se mue en un mont blanc estival. De la nuit on ne voit que lui, plus que lui, ses lumières dorées trônent sur le pavois impérial, l'empire de la nuit.
Il jette un œil à travers la vie la nuit, luit quand les derniers rayons de soleil daignent s'éclipser. Illuminatus règne en maitre sur la société des arbres, nous devinons au travers de sa silhouette aveuglante de majesté la forêt dense des arbres qui, le jour, dictent leurs lois en servant de refuge aux hommes fuyant ce soleil indomptable.
Il fait face le jour, moqué, ignoré, rejeté, pour triompher la nuit sans forfanterie quand le soleil rentre dans son cocon, quand les étoiles trônent au ciel, quand la solitude reprend ses droits sur les hommes, seuls face à la vie qui s'en va, Illuminatus donne à voir; à s'émerveiller dans la noirceur contagieuse de la nuit.
Nymphadora
Ofra Lévy
L'arbre n'est plus mais n'a pas disparu
Il est devenu cette femme inconnue
Verte de peau, les oreilles pointues
Apparition, déesse enchanteresse.
Résonne, le rire cristallin
De cette belle naïade
Qui frivole, gambade
Avec la grâce d'un félin
Sous les astres brillants
Sa danse est enivrante
Oiseaux, papillons, libellules
La suivent tels des funambules
***
Au sein de la clairière,
Se tient un unique arbre
Qui disparaît parfois,
Quand personne n'est là.
D’après le travail de l’artiste Tammam Azzam découvert grâce à l’exposition « Où la création résiste-t-elle ? » (Sorbonne Nouvelle)
Floriane Larut
« ع جـــو »
Mon arbre porte le fruit qui n’attire que les regards de ceux qui ont faim
Cette tendre pomme suggérée à bout de fil
Je n’ai pas faim, j’ai faim pour eux.
Mon arbre n’a d’allure que la pensée
Trace que le temps lui donnera
Par le vent
Par leurs voix
Il m’a été soufflé
Tapissant le sol
Déchiré, étriqué, menacé
Mon arbre n’est qu’une ombre libre
Et les enfants tendent les bras
Pour atteindre dans un élan.
espoir au bout des doigts
A bout de souffle
Pour l’enfance perdue
Mon arbre n’est que le reflet d’une réalité combattante.
Ressortus arbus
Marie Romsee
L'arbre ressort est une espèce nouvellement
découverte dans l'aile sud du globe. Elle te
propulse dans un monde à rebonds. Tu vas de rebondissement
en rebondissement. Il suffit
de toucher l'une des extrémités de tes branches
pour sentir cette vague ondulatoire qui te traverse.
Tes ressorts s'agitent. Le vent s'engouffrant
dans tes spirales, crée une symphonie.
Tes branches de ressorts se meuvent dans
une aspiration presque mécanique, par à
coups. S'il arrive à quelqu'un de s'affaisser sur cet
arbre, l'instant qui suit, le ressort l'envoie
comme une fusée spatiale dans l'univers.
Enfin tu peux placer cet arbre de ressorts dans une
petite boîte, qu'il te suffit d'ouvrir pour recréer
l'espace campagnard le temps d'une aventure
citadine. L'arbre ressort devient portable.
Le secret
Pierre Duda
A y regarder de plus près
On comprend aisément qu'il nous trompe
Que cette forme connue de tous
Oscille entre réalité et mirage
Branches , écorces , feuillage tous nous toisent
Aspect qui se transforme sous nos yeux dubitatifs et curieux
Petit à petit rompant son enveloppe, prêt à avouer son singulier secret
L'armure se rompt et l'arbre s'étiole
Plus rien ne pourrait empêcher son imminente transformation
Celle là même que personne n'aurait su deviner
Que près des hommes, et dans un vêtement naturel et distinct des leurs
Vivait depuis toujours un ami, un homme, un père ...
Ecaillus arboriculum
Mélissa Bertrand
D’origine tropicale, l’ecaillus arboriculum vit dans un climat chaud et prend ses racines dans une terre volcanique qui fait la particularité de son écorce rocailleuse. Son tronc craquelé est un large boa terreux qui se fissure en écailles de feu. Cette caractéristique animale lui permet de se fondre à son milieu et de résister aux crachats volcaniques. D’un marron sombre et rougeoyant, l’ecaillus arboriculum se dresse humblement dans le paysage chaotique qui ouvre les entrailles de la terre. Ses feuilles rigides et luisantes semblent comme découpées par une flamme. Leur forme surprenante s’allie à cette couleur de papier jauni et brûlé qui les caractérise.
Latexophilius
Pierre Duda
Laid à la vue et au toucher
Tu te faufiles dans les failles du béton
Abomination au regard des hommes
Tu t'alimentes de leur création
Dévorer le plastique, voilà qui est peu commode!
Parasite subversif, tu venges ta nature
En fin gourmet tu dégustes l'indigeste
Et de ces déchets tu enfantes une armée de ton lierre.
Au plus haut vingt centimètres
Une mâchoire de la taille d'un pouce,
Ailé de quelques feuilles
Tu es tenace et tout bonnement agaçant
Mais enfin?! Pourquoi tant d'impertinence?
Ce combat est d'un ridicule accablant
Le vert a eu sa chance!
Et il serait bientôt temps d'admettre, que celui-ci n'a plus lieu d'être.
Johana Mechaly
Nom latin : Ilaniluminus
Nom vulgaire : L'arbre source
Son tronc, haut de plusieurs dizaines de mètres, lui permet de surplomber tous les environs;
Au centre de l'épaisse forêt … étouffé à la fois par les autres arbres et la chaleur du soleil … il est difficile a repérer en journée;
Vu du ciel, il est comme un gros champignon entouré d'autres plus petits …
Seules ces feuilles, en direction du ciel… le différencient de l'abondance des espèces au sol.
Tous forment un réseau dont il semble être le générateur.
Arbre le plus proche du soleil … il absorbe son énergie et ses ondes la journée
Lorsque s'approche la nuit … des racines se déploient … se lient à celles des autres arbres … s'y connectent, redistribuant toute la force emmagasinée.
Sous la lueur de la lune, il devient lumière;
L'énergie mouvante passe au travers des racines.
Arbre lampadaire… Arbre fluorescent… Arbre originel.
Il se nourrit pour nourrir sa forêt-monde.
L'écorce transparente, laisse transparaître, un liquide blanc coulé à la place de la sève.
Nouvel astre… Âme symbolique… Cœur alimentant son système… Ilaniluminus est la forêt.
mise à jour le 30 juin 2017