Accueil >> Vie de campus >> Vie étudiante >> Portraits

Vie de l'établissement

Alice Volkwein, lauréate du Prix de la Chancellerie 2013

le 9 décembre 2013

volkwein.jpg
  • Pouvez vous vous présenter?

Après deux années en classes préparatoires à Paris, j’ai fait ma licence en études germaniques et philosophie à l’Ecole normale supérieure de Lyon et à l’université Lyon 2.

C’est au moment de ma maîtrise que j’ai rejoint Paris 3 afin de mener mon travail de recherche, qui portait sur les Allemands en Argentine dans les années 1920, sous la direction de Mme Anne Saint Sauveur.

Par la suite, j’ai continué mes recherches (Master 2 et thèse) sous la direction de Mme Saint Sauveur à Paris 3 tout en complétant ma formation à la recherche en Allemagne, à Dresde (Teschnische Universität) d’abord, puis à Berlin (Centre Marc Bloch) et à Munich (Institut für Zeitgeschichte) où j’ai eu la chance de pouvoir monter une cotutelle avec le professeur Horst Möller.

  • Parlez nous de votre thèse

Dans ma thèse, j’ai étudié le « (dis)cours mémoriel de la fuite et expulsion dans l’Allemagne unifiée » entre 1989-2005. En effet, la mémoire de la fuite et expulsion de plus de douze millions d’Allemands entre 1945 et 1950 connaît, depuis l’unification allemande, une nouvelle actualité : documentaires dans les médias depuis 2001, expositions nationales en 2005-2006 et surtout des débats qui semblent ne pas vouloir finir. Si ces débats sont souvent interprétés comme le signe du passage de cette mémoire du domaine communicatif au domaine culturel (Assmann), c’est-à-dire comme le signe de « négociations » attendues dès lors qu’il s’agit de la pérennisation et de l’institutionnalisation d’une mémoire de groupe au sein de la mémoire collective nationale, mon étude avait précisément pour objectif d’interroger le fonctionnement de ce passage. Il s’agissait de mettre à jour le (dis)cours, soit l’histoire, les formes discursives, les acteurs et les enjeux, politiques et identitaires, de cette recomposition mémorielle entre 1989 et 2005.

Après une présentation du complexe historique et mémoriel de la fuite et expulsion avant 1989, l’étude discursive qualitative explore, en deux volets, les récits de mémoire privés dans les familles d’expulsés et le débat public dans la presse suprarégionale allemande entre 1989 et 2005. Elle met en évidence le rôle des médias et l’importance du critère générationnel dans les sphères privée comme publique, mais aussi la complexité des interactions mémorielles entre ces deux sphères avant d’élaborer un schéma de l’évolution du lieu de mémoire « fuite et expulsion » dans les quinze premières années suivant l’unification allemande. 

Interrogeant les images schématiques d’une mémoire « tabouisée » puis « libérée », mais aussi d’une mémoire qui, en tant que mémoire de victimes allemandes de la guerre, serait forcément concurrente de la mémoire de la Shoah et dont le succès serait le symbole d’une évolution dangereuse de l’identité allemande, cette étude montre une mémoire « blessée » au (dis)cours sinueux sur le marché, fluctuant et très convoité, des mémoires allemande et européenne.

Ce travail de thèse a été mené sous la double direction de Mme Anne Saint Sauveur et de M. Horst Möller dans le cadre d’une cotutelle entre l’université Paris 3 et la Ludwig-Maximilian-Universität de Munich entre 2007 et 2012.

À Paris 3, cette thèse s’est faite dans le cadre du CEREG et de l’école doctorale EDEAGE à laquelle j’ai par ailleurs pu participer en tant que représentante des doctorants entre 2009 et 2012.

  • Que représente ce prix ? Quels sont vos projets ?

Tout simplement, ce prix de thèse de la Chancellerie des universités de Paris me fait immensément plaisir. Parce qu’il donne un surplus de sens à ce parcours parfois ardu d’une thèse en sciences humaines. Parce que je le reçois comme la preuve que cette recherche de thèse, l’histoire, sur une période très récente, de 1990 à 2005, d’une mémoire collective allemande fortement controversée, que ce sujet qui n’en est pas un en France et qui commence tout juste à être découvert par l’université française, et bien que ce sujet intéresse. Et je m’en réjouis car au delà des débats germano-allemands et germano-polonais, c’est la question des contours d’une mémoire européenne que ce travail soulevait.

Parce qu’il me motive, bien sûr, pour continuer, faire publier ce travail et puis poursuivre dans la recherche. Avec l’aide de ce prix, mon premier projet est  donc de mener à bien la publication de ce travail afin de faire connaître ce discours mémoriel en France.

Par ailleurs, au-delà de mon travail de thèse, j’espère pouvoir continuer un travail de recherche autour de deux thématiques : d’une part, une étude de l’émergence et des limites d’une mémoire européenne, ou du moins de sa représentation dans l’espace allemand et franco-allemand ; et, d’autre part, une étude des discours, mémoires et représentations des Gastarbeiter au sein de la communauté nationale allemande depuis les années 1960 jusqu’à nos jours.

  • Une anecdote sur mes années d’étude à la Sorbonne Nouvelle?

C’est avant tout dans le cadre de ma thèse que j’ai fréquenté assidûment la Sorbonne Nouvelle en tant que doctorante et qu’allocataire. Je n’ai pas d’anecdote précise mais un souvenir dans l’ensemble très positif, et notamment du département d’allemand qui était alors situé à Asnières. Ce sont donc avant tout les germanistes de Paris 3 que je tiens à remercier ici, pour le cadre idéal qui y était offert par une équipe motivée, compétente et dynamique. Merci !

Paris 3 aura été pour moi une université où il aura fait bon faire une thèse, où l’on se sent accueilli et accompagné, depuis le dépôt du sujet jusqu’au dépôt du manuscrit.

  • Avez vous un conseil a donner aux étudiants ?

Rien que de très banal mais certains mots prennent tout leur sens une fois qu’on a pu en mesurer soi-même la portée : prendre du plaisir à ce que l’on fait, et si possible savoir pourquoi on le fait, c’est le plus utile pour surmonter les périodes de doutes et de difficultés.

Et savoir, d’ailleurs, que les errances du chercheur font partie de ce parcours de thèse qui, heureusement, est aussi fait de beaucoup de rencontres et de découvertes, intellectuelles, scientifiques, et humaines.


Type :
Portrait
Contact :
dsic communication

mise à jour le 8 mars 2015


Â