Oganisation

Fernando Curopos et Egidia Souto

Présentation

La littérature en langue portugaise, qui naît avec le lyrisme médiéval, est déjà imprégnée d’un certain érotisme dans les cantigas de amigo, prenant des contours pornographiques ou obscènes dans les cantigas de escárnio e de maldizer. Bien que considérées immorales, ces poèmes font partie du canon littéraire, légitimés par le monde universitaire et le discours critique. Si ce même discours académique reconnaît l’épisode de « l’île des Amours » (Os Lusíadas) comme un texte érotique majeur, car rédigé par un écrivain incontournable, beaucoup d’autres, écrits à cette époque et au cours des siècles suivants, ont été écartés, oubliés ou même effacés par divers mécanismes de censure ou d’autocensure.

Peu après l’abolition de la Real Mesa Censória, venue remplacer la censure du Saint Office, le pays voit de nouveau surgir une production de littérature licencieuse, inspirée des modèles français tout d’abord, une production clandestine ou semi-clandestine essentiellement qui va en s’intensifiant à la fin du XIX e siècle. Rien d’étonnant alors à ce que les auteurs de la génération d’Orpheu n’aient pas été insensibles à la question, et une grande partie de leurs œuvres est imprégnée d’une sexualité outrancière et parfois queer, une modernité sexuelle pour ainsi dire.

Toutefois, durant les années sombres du salazarisme, la censure reprendra de plus belle. Et ce n’est que très progressivement que la Révolution des Œillets donnera aux artistes l’occasion de remettre le sujet sur le devant de la scène
Cette journée d’étude a pour but de mettre au jour cette production licencieuse, sans distinction d’époque ou de genre, et vise à faire connaître l’imaginaire érotique qui l’imprègne, dans une perspective multidisciplinaire, couvrant la littérature, les arts visuels, le patrimoine culturel et la gastronomie.