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23èmes Rencontres Jeunes Chercheurs (RJC 2020)

du 8 juin 2020 au 11 juin 2020

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Créées en 1998, les Rencontres Jeunes Chercheurs de l'École Doctorale « Langage et langues» (ED 268, Université Sorbonne Nouvelle) offrent la possibilité aux jeunes chercheurs inscrits en Doctorat ou en Master Recherche de présenter leurs travaux sous forme de communication orale ou de poster.
Le thème de cette année, « Multidimensionnalité, transdisciplinarité : à la croisée des approches en Sciences du langage », nous invite à interroger les frontières (théoriques, ontologiques, méthodologiques, épistémologiques, ...) entre les différentes approches des Sciences du langage.

Ces différentes approches soulèvent de nombreuses interrogations, tant du point de vue de la théorie que de son application. Par exemple :
  • Comment et pourquoi déterminer le domaine du langage dont relève un fait de langue réel ?
  • Quand et pourquoi une approche linguistique nécessite-t-elle d’être complétée par l’apport d’une autre discipline ? Quels problèmes théoriques et méthodologiques en découlent ?
  • Comment emprunter un outil, une méthode, un concept et l’adapter à son propre champ disciplinaire ?
  • Comment aborder les problèmes théoriques et méthodologiques liés à la variété des dimensions et des représentations, de la parole, des langues et du langage ?
  • La multidimensionnalité peut-elle constituer un risque épistémologique pour les Sciences du langage en tant que discipline scientifique à part entière ?
  • Comment établir un dialogue interdisciplinaire qui puisse enrichir nos recherches ?
Ces problématiques, d’un point de vue interne, s'ancrent aux confluents des différents aspects du langage et de son étude. D’un point de vue externe, nous nous intéresserons aux (inter)connexions possibles tant au sein des Sciences du langage qu’entre celles-ci et d’autres disciplines.
  1. En didactique des langues et des cultures, multidimensionnalité et transdisciplinarité convergent vers le même point de fuite. Considérée comme une discipline frontière (Spaëth, 2010), voire
    poreuse (Puren, 2007), la DLC enracine ses problématiques théoriques et méthodologiques dans la variété et la multidimensionnalité de ses terrains et de ses contextes. Ainsi, des notions et concepts tels que « embodiment » (psychologie cognitive) et « empathie » (neurosciences) se sont vus enrichis par de récentes approches pédagogiques et épistémologiques parmi lesquelles nous pouvons citer la perspective actionnelle et la pédagogie des multilittéracies.
  2. En acquisition, le développement du langage chez l'enfant est multidimensionnel (Karmiloff, Karmiloff-Smith, 2001) : d'abord le système phonologique se met en place, puis le lexique et la syntaxe. Le langage de l'enfant est aussi multimodal (Morgenstern, 2014), langage verbal et non verbal étant interdépendants. La communication de l'enfant se réalise en effet d'abord par les gestes, les expressions faciales et le regard, puis par la parole, quand celle-ci est acquise et maîtrisée.
  3. Les représentations acoustiques de certains phénomènes, comme la liaison, nécessitent d’intégrer des facteurs trandisciplinaires comme ceux linguistiques (phonologique, syntaxique, lexicale, etc.) et/ou para-linguistiques (Delattre, 1966, Fougeron et al., 2001 ; Laks, 2005). Tout comme en phonétique clinique où les troubles de la parole requièrent une analyse multidimensionnelle pour rendre compte des altérations présentes (Audibert et Fougeron, 2012).
  4. Point de rencontre entre tant de domaines, la traductologie est caractérisée par sa multidisciplinarité, position qui la place constamment sous la menace paradoxale « de dispersion et d’absorption » (Boisseau, 2009). Sa multidimensionnalité tient probablement de la tension entre la réflexivité de son versant théorique et l’application pratique de son objet d’étude (Peeters, 2006).
  5. L’histoire des théories linguistiques (Paveau et Sarfati, 2003 ; Perrot, 1953) met en exergue la transdisciplinarité de l’étude du langage. Rattachée à la philosophie et à la logique, la grammaire générale devient avec Leibnitz une discipline fondée sur l’observation de faits. La grammaire comparée des XVIII e et XIX e siècles s’adonne à cette tâche via la linguistique historique et l’introduction de notions inspirées de la biologie. Rompant avec le passé, Saussure et sa linguistique générale aborde au début du XX e siècle son objet scientifique en termes de système et de structure. Son travail aboutit à un éclatement des Sciences du langage en de multiples disciplines.
  6. En diachronie et en linguistique comparative, les cas des Sprachbünde ou des créoles signalent la nécessité d’allier la linguistique à d’autres domaines de recherche pour l’étude de certains traits structuraux. L’évolution des langues parlées par des hommes ne peut être étrangère à leur histoire, leur géographie, ou encore leur sociologie. Chaudenson parle de « recette de la sorcière » pour comprendre l’émergence des créoles par des facteurs extralinguistiques (Chaudenson, 2002 : 61-62).
  7. En description linguistique synchronique, l’évolution de l’informatique a permis d’introduire la statistique et l’étude sur de grands corpus qui ont produit de nouvelles réflexions dans la grammaire générative (Thuilier, 2012). Tout comme les théories sur les contacts de langues développées par Weinreich (1953), Thomason & Kaufman (1988) et Winford (2003) apportent un regard multidisciplinaire à cette description. Par ailleurs, de nombreux faits de langues se situent à la frontière entre différentes dimensions du langage, d’où, par exemple, les domaines de description mixtes comme la morphophonologie et la morphosyntaxe.
  8. La sociolinguistique et la linguistique anthropologique, qui sont par essence interdisciplinaires où les faits de langues s’analysent à la lumière d’autres sciences humaines ou de diverses approches linguistiques (Murphy, 2012), interrogent de fait le rôle que peuvent jouer les Sciences du langage dans un dialogue avec d’autres sciences humaines et sociales. On pourra également s'interroger sur les méthodes d’analyses statistiques de données multidisciplinaires en sociolinguistique, comme l’utilisation d’analyses multidimensionnelles (Coquin-Viennot et Esperet, 1977) ou encore la combinaisons de méthodes pour analyser des données mixtes ou complexes (Husson, 2010).
Tous ces questionnements seront au cœur des communications et des discussions de cette 23e édition des Rencontres Jeunes Chercheurs. Les thématiques abordées ci-dessus ne sont que des illustrations de possibles communications. Nous invitons les candidats à envoyer des propositions sur tous les domaines et sous-domaines des Sciences du langage.

Maelle Amand, Lola Aubertin, Corrado Bellifemine, Danilo Bomilcar, Angélina Bourbon, Amélie Cellier, Marine Courtin, Bérangère Denizeau, Amélie Elmerich, Émile Faure, Irina Ghidali, Madiha Kassawat, Salomé Molina, Arnaud Moysan, Clara Ponchard, Neige Rochant, Sarah Teveny, Shi Yu.


Type :
Colloque / Journée d'étude
Contact :
Lieu(x) :
Maison de la Recherche - 4 rue des Irlandais - 75005 PARIS

mise à jour le 8 juin 2020


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