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Rencontre avec Aude Leblond, lauréate du Prix "Louis Forest" 2011

le 5 décembre 2011

Aude Leblond lauréate du Prix «Louis Forest» 2011 en Lettres et Sciences Humaines de la Chancellerie des universités de Paris pour sa thèse « Vestiges du livre-monde : poétique du roman-fleuve, de Jean-Christophe à Maumort »

(c)Sorbonne Nouvelle/E.Prieto Gabriel
Aude Leblond, pouvez-vous vous présenter ?

J'ai fait mon M2 et ma thèse à la Sorbonne Nouvelle, sous la direction d'Alain Schaffner, au sein de l'équipe Ecritures de la modernité. J'ai enseigné 4 ans en tant qu'AMN puis ATER au département de Lettres, puis un an à l'université du Havre, et je suis actuellement professeur de Lettres au lycée, à Bobigny.

Quel était le sujet de votre thèse ?

Ma thèse était consacrée au genre méconnu du roman-fleuve dans l'entre-deux-guerres. Elle visait à mettre en évidence les tensions qui se font jour dans l'imaginaire que construit le roman-fleuve, chez Martin du Gard, Romain Rolland, Jules Romains ou encore Duhamel. Marquée par la longueur, le réalisme et la lisibilité, l'esthétique du roman-fleuve semble une survivance anachronique du naturalisme. Le contexte historique du roman-fleuve rend improbables de tels choix esthétiques. Sur les ruines de la Belle Epoque, le roman-fleuve entreprend la vaine reconstruction d'un monde qui a sombré dans la catastrophe de la première guerre mondiale. C'est cette gageure qui en fait le lieu d'une expérimentation fascinante sur les pouvoirs de la fiction.

Que représente ce prix  ?


Un immense honneur et une immense chance, vu le nombre de thèses excellentes qui sont soutenues chaque année en Île-de-France !
Mais c'est aussi à mes yeux une gratification bienvenue, qui contraste avec la difficulté des conditions de recrutement à l'université après la thèse, et la nécessité de faire face à quelques années de précarité et d'incertitude quant à l'avenir.
Enfin, le prix me rappelle tout ce que je dois à l'équipe de recherche dans laquelle j'ai toujours été accueillie et soutenue, et qui m'a donné l'occasion d'échanges fructueux avec des chercheurs confirmés ou d'autres doctorants.
 
Et maintenant, quels sont vos projets ?

Mon projet le plus immédiat est de remanier la thèse pour la publier aux éditions Honoré Champion. Mais je travaille aussi à des projets collectifs. Côté recherche, je m'intéresse, avec un groupe de jeunes chercheurs essentiellement issus de l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, à la pratique du chapitre dans le roman français et européen aux 19e et 20e siècles ; au sein d'un autre groupe, à Paris 8, je réfléchis aux interactions contemporaines entre littérature et économie.
Mais j'essaie également de monter un site de partage pédagogique, pour lequel la pratique de l'enseignement dans le secondaire nourrit constamment la réflexion. Je m'intéresse à toutes les formes de dématérialisation et de partage de contenus pédagogiques, tant pour les enseignants que pour les étudiants.

Par ailleurs, mon expérience d'enseignante au lycée à Bobigny est extrêmement enrichissante, dans la mesure où j'ai affaire à un public dont l'intérêt n'est jamais gagné d'avance! Certains élèves affirment avoir lu le premier livre de leur vie à l'occasion d'un contrôle de lecture. Mais cela ne fait que me convaincre davantage de la nécessité de relier la recherche à l'enseignement. Comment faire pour que notre travail de spécialistes puisse aussi améliorer la situation de ces jeunes gens? C'est la question que l'on se pose tous les jours face à eux !

Type :
Portrait

mise à jour le 24 juillet 2012


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